PARIS: Deux jours après le changement de locataire à Matignon, Emmanuel Macron et Gabriel Attal poursuivent jeudi leur délicate mission de formation du nouveau gouvernement, le flou régnant sur le casting et la composition, sur fond de multiples spéculations.
Y aura-t-il un Conseil des ministres avant la fin de la semaine ? Il faut, pour cela, une équipe gouvernementale.
Le dévoilement de cette nouvelle équipe jeudi après-midi n'est pas exclu, selon une source dans l'entourage présidentiel.
Selon une autre source proche des tractations, le président et son nouveau Premier ministre pourraient opter pour une annonce en deux temps: une première salve rapide concernant les ministres de plein exercice, une seconde, ultérieure, complétant le casting avec les secrétaires d'État.
Beaucoup de changements à prévoir ? "Si ça doit avoir un peu de gueule, il faut qu'il y ait des entrées et des sorties", explique un conseiller de l'exécutif.
En parallèle de ces délicats arbitrages, Gabriel Attal, qui a dîné avec le président mercredi soir, devrait effectuer jeudi un troisième déplacement "thématique" en trois jours dans son nouveau costume, selon son entourage.
Mercredi, il s'est rendu au commissariat d'Ermont-Eaubonne (Val-d'Oise) où il a rappelé "l'effort absolu" attendu par les Français pour leur sécurité.
Le nouveau Premier ministre était accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Celui-ci "est assuré de rester à Beauvau comme il le souhaitait" après avoir "eu un échange avec le président qui lui a redit sa confiance", assure une source proche du ministre de l'Intérieur.
Après avoir vu son nom circuler pour Matignon, Sébastien Lecornu pourrait conserver le portefeuille des armées. Bruno Le Maire, autre poids lourd du gouvernement, est aussi donné restant à Bercy, de même qu'Éric Dupond-Moretti à la Justice. Sans certitude absolue, toutefois, sur le bien fondé de ces prédictions, car des noms circulent pour tous les portefeuilles ou presque.
Plus jeune Premier ministre de la Ve République, Gabriel Attal tient-il au maintien de ces ministres de poids, qui étaient déjà en place avant même l'arrivée de sa prédécesseure à Matignon, Elisabeth Borne ? Réponse dans les prochaines heures, voire les prochains jours.
L'aile gauche en disgrâce ?
Parmi les noms circulant pour entrer au gouvernement figure celui de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), pour le Quai d'Orsay. Parmi les changements potentiels de portefeuille ministériel, celui d'Aurore Bergé, qui pourrait passer des Solidarités à l'Éducation nationale en remplacement de Gabriel Attal.
L'exécutif doit trouver un difficile équilibre pour la composition d'une équipe gouvernementale que certains voudraient plus resserrée.
Les exigences sont multiples: essayer de respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier de traiter des secteurs soucieux d'avoir un ministre pour les représenter.
Le patron du MoDem, François Bayrou, a ainsi confié au Parisien ses "interrogations" sur "l'expérience nécessaire" pour le choix du successeur d'Élisabeth Borne. Manière de faire "monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement", analyse un cadre macroniste parlementaire.
Les tractations battent donc leur plein en coulisse, et les rumeurs fusent sur ceux qui pourraient quitter le navire à l'occasion du remaniement.
Un cadre du camp présidentiel évoque les départs possibles du porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ou du ministre des Transports Clément Beaune tombé en disgrâce à cause de ses réticences sur la loi immigration.
Plusieurs autres ministres de l'aile gauche de la macronie ont exprimé à des degrés divers leur désaccord face au virage à droite opéré à l'occasion du vote de ce texte. La question de leur maintien au sein du gouvernement sera au cœur des discussions.
Le profil du futur ou de la future ministre de l'Éducation sera aussi examiné de près alors que Gabriel Attal a assuré mardi que la "cause de l'école" demeurerait la "mère de nos batailles" et qu'il l'emmenait avec lui à Matignon.