WASHINGTON : Les frappes américano-britanniques sur les Houthis ont peu de chances de mettre fin aux menaces posées par les militants yéménites en mer Rouge, estiment des experts.
Plus de 30 sites militaires tenus par les Houthis ont été ciblés par plus de 150 frappes menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni au cours de la nuit de jeudi à vendredi. Et vendredi soir, Washington a annoncé avoir mené une nouvelle frappe au Yémen.
Leur but: détruire les infrastructures de drones, de missiles, et de radar que les militants ont utilisées de manière répétée ces dernières semaines pour cibler des navires marchands, dans l'un des couloirs de navigation les plus essentiels au commerce international.
Les Houthis affirment viser des navires liés à Israël en solidarité avec la population de la bande de Gaza, territoire palestinien assiégé par Israël depuis l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
Une campagne aérienne appuyée des Etats-Unis et du Royaume-Uni sur le Yémen risque cependant d'entraîner une escalade des tensions avec l'Iran, ce que Washington cherche à éviter.
Le général américain Douglas Sims a indiqué vendredi que les militants soutenus par Téhéran avaient déjà tiré un missile antinavire «en riposte» aux frappes américano-britanniques, et que les Etats-Unis s'attendaient à des «tentatives de représailles» de la part des militants, qui ont adopté une «rhétorique assez virulente».
Jon Alterman, directeur du programme Moyen-Orient au cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies à Washington, affirme que les frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni vont faire «diminuer» la menace des Houthis sur la navigation commerciale, mais «sans y mettre un terme».
«Le défi consiste à faire que les Houthis en viennent à se dire que davantage de frappes (de leur part) iraient à l'encontre de leurs intérêts», affirme-t-il.
«Il est loin d'être évident qu'ils en soient arrivés à ce constat», note-t-il cependant.
- «Pas un geste symbolique» -
Si les attaques venaient à se poursuivre, les Etats-Unis pourraient continuer de frapper les Houthis, mais également cibler des sites où se trouvent des formateurs et experts iraniens, avance Jon Alterman.
Si l'opération américano-britannique a touché pour le moment des infrastructures militaires, de nouvelles frappes pourraient viser les hauts responsables militaires Houthis, selon l'expert. Mais les militants yémenites opèrent en cellules, et «se cachent au sein de la population» civile, explique Mark Schwartz, ce qui complique la possibilité d'atteindre ces hautes instances.
Selon Elliott Abrams, chercheur sur le Moyen-Orient au cercle de réflexion Council on Foreign Relations, les frappes américano-britanniques n'étaient «pas un geste symbolique».
«Il est probable que les Houthis frapperont à nouveau, mais à une fréquence et une intensité moins élevées», explique-t-il, ajoutant que «l'Iran leur dira de se calmer».
Le président Joe Biden a déjà prévenu qu'il «répondrait» si les Houthis poursuivaient leur «comportement inacceptable», et le chef du Pentagone Lloyd Austin a déclaré que les militants subiraient de «nouvelles conséquences» s'ils ne mettaient pas fin à leurs «attaques illicites».