BEYROUTH: Au moins 37 militaires du régime syrien ont été tués mercredi dans une attaque jihadiste contre le bus qui les ramenait chez eux pour une permission, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), imputant l'assaut au groupe Etat islamique (EI).
De son côté, l'agence de presse officielle Sana a de son côté indiqué que «25 citoyens» avaient été tués et 13 autres blessés dans une «attaque terroriste» contre un bus dans la province de Deir Ezzor (est), pointant du doigt la présence de «cellules» de l'EI dans ce secteur.
Malgré sa mise en déroute en mars 2019 avec la chute de son «califat», l'EI continue de lancer des attaques meurtrières en Syrie, notamment dans le vaste désert de la Badiya qui s'étend de la province centrale de Homs jusqu'à celle de Deir Ezzor, à la frontière avec l'Irak, où les jihadistes sévissent également.
L'attaque de mercredi est «une des plus meurtrières depuis la chute du califat», a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Elle a visé des militaires de la quatrième division près de la localité de Choula, a-t-il ajouté.
Les jihadistes ont tendu «une embuscade» aux militaires, faisant exploser des bombes en bord de route avant d'ouvrir le feu, a précisé le directeur de l'Observatoire.
Au moins 37 militaires (dont huit officiers) ont été tués et une dizaine blessés, certains se trouvant «dans un état critique», selon un bilan actualisé fourni par M. Abdel Rahmane, qui faisait auparavant état de 30 morts.
Deux autres bus transportant des militaires, qui faisaient partie du même convoi, ont réussi à s'échapper, selon l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources à travers la Syrie en guerre.
L'EI n'avait pas revendiqué dans l'immédiat cette attaque sur ses chaînes Telegram.
Combats dans le désert
Après avoir autoproclamé en 2014 un «califat» à cheval sur la Syrie et l'Irak, l'EI a enchaîné les défaites dans les deux pays avant de s'écrouler en mars 2019 en Syrie.
Renouant avec la clandestinité, les jihadistes se sont engagés dans une guerre d'usure contre l'armée syrienne et ses alliées (notamment les milices iraniennes ou pro-Téhéran) mais aussi contre les forces kurdes, dans le Nord-Est, longtemps soutenues par Washington dans leur lutte contre l'EI.
En avril, 27 combattants des forces du régime et de ses alliés avaient péri dans une attaque de l'EI aux abords de la ville désertique d'Al-Soukhna (centre), contrôlée par l'armée syrienne.
Ces derniers mois, la Badiya a été le théâtre de combats réguliers entre les jihadistes et les forces du régime, appuyées par des frappes aériennes de l'allié russe.
Depuis mars 2019, ces affrontements ont coûté la vie à plus de 1 300 soldats syriens et miliciens pro-iraniens, ainsi qu'à plus de 600 jihadistes de l'EI, d'après un bilan de l'OSDH.
Dans ce pays en guerre depuis près d'une décennie, les combats ont toutefois largement baissé en intensité en 2020.
Un cessez-le-feu a été adopté en mars dans le Nord-Ouest, où se trouve l'ultime grand bastion jihadiste et rebelle d'Idleb. L'émergence du nouveau coronavirus, qui mobilise les efforts des différentes autorités locales à travers une Syrie morcelée, a également participé à cette baisse.
Le conflit syrien, déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, s'est complexifié au fil des ans avec l'implication d'une multitude de belligérants, la montée en puissance des jihadistes et l'intervention de puissances étrangères.
Le régime de Bachar al-Assad, fort du soutien de la Russie et de l'Iran, a réussi ces dernières années à reprendre plus de 70% du territoire. La guerre a fait plus de 387 000 morts et des millions de déplacés.