A la veille de la rupture, l'accord post-Brexit signé par Boris Johson et les chefs de l'UE

Le Premier ministre britannique Boris Johnson après la signature de l'accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l'UE. (AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson après la signature de l'accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l'UE. (AFP)
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Publié le Mercredi 30 décembre 2020

A la veille de la rupture, l'accord post-Brexit signé par Boris Johson et les chefs de l'UE

  • Le compromis de 1 246 pages, annoncé la veille de Noël pour éviter le choc économique d'un «no deal», pourra entrer en vigueur jeudi à 23H00
  • «Ce n'est pas la fin» mais «le début d'une merveilleuse relation entre le Royaume-Uni et nos amis et partenaires de l'Union européenne», a assuré Boris Johnson après avoir paraphé le document, levant les deux pouces en l'air devant les caméras

LONDRES : A la veille de la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen, le Premier ministre britannique Boris Johnson et les dirigeants de l'Union européenne ont signé mercredi l'accord post-Brexit conclu pour encadrer la rupture historique.

Le compromis de 1 246 pages, annoncé la veille de Noël pour éviter le choc économique d'un «no deal», pourra entrer en vigueur jeudi à 23H00, heures de Londres et GMT (minuit à Bruxelles), quand le Royaume-Uni mettra un terme à 47 ans d'intégration européenne.

«Ce n'est pas la fin» mais «le début d'une merveilleuse relation entre le Royaume-Uni et nos amis et partenaires de l'Union européenne», a assuré Boris Johnson après avoir paraphé le document, levant les deux pouces en l'air devant les caméras.

Le texte avait été signé dans la matinée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et son homologue du Conseil européen (institution représentant les Etats membres) Charles Michel, tout sourire, avant de traverser la Manche à bord d'un avion de la Royal Air Force.

«Cela a été un long chemin. Il est temps désormais de laisser le Brexit derrière nous. Notre avenir se construit en Europe», a commenté la cheffe de l'exécutif européen sur Twitter. Charles Michel a salué «un accord juste et équilibré» et s'est félicité de «l'unité sans précédent» démontrée par les Vingt-Sept dans les négociations.

L'application de l'accord de libre-échange, fruit de difficiles négociations, reste toutefois provisoire, en attendant le vote des eurodéputés - dont l'approbation est nécessaire à la ratification - qui n'interviendra qu'au premier trimestre 2021.

Côté britannique, tout doit être bouclé mercredi. Dégageant le terrain, les députés l'ont approuvé massivement par 521 voix et 73 contre. C'est désormais au tour des Lords, à la chambre haute du Parlement, de l'examiner d'ici à la fin de la journée puis à la reine Elizabeth II de promulguer la loi sur son entrée en vigueur.

Saluant l'ouverture d'un «nouveau chapitre», Boris Johnson a assuré devant les députés que le Royaume-Uni resterait «le meilleur ami et allié» de l'Union européenne, après en avoir été un «membre peu convaincu».

Le dirigeant conservateur a aussi espéré que cet accord »mette fin à une partie de la rancune et des récriminations» et permette aux Britanniques de «passer à autre chose» après les quatre ans et demi de déchirements ayant suivi le référendum de juin 2016 qui a voté le Brexit avec 51,9% des voix.

Son adoption ne faisait guère de doute vu la majorité du gouvernement de Boris Johnson et le ralliement aussi bien des «Brexiters» les plus durs et du chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, lequel a jugé que ce «maigre» accord, qui exclut les services et multiplie les procédures douanières, est «mieux que pas d'accord du tout».

Parmi les opposants au texte, le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, favorable au Brexit mais opposé aux contrôles douaniers entre la province britannique et le reste du Royaume-Uni, ainsi que les europhiles du parti libéral démocrate et de la formation indépendantiste écossaise SNP. L'Ecosse avait voté à 62% pour le maintien dans l'UE.

Unité menacée

Le Royaume-Uni, officiellement sorti de l'UE le 31 janvier dernier, cessera jeudi soir d'appliquer les règles européennes. Il quittera le marché unique, l'union douanière et le programme d'échanges d'étudiants Erasmus.

Avec cet accord conclu après des mois de négociations acharnées, l'UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs mais prévoit pour éviter tout dumping des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d'aides d’État, d'environnement, de droit du travail et de fiscalité.

Londres et Bruxelles évitent ainsi le choc d'un «no deal» avec des barrières commerciales qui auraient coûté cher à leurs économies déjà affaiblies par la pandémie de Covid-19, surtout côté britannique dont la moitié des échanges se font avec les pays de l'UE.

Boris Johnson n'avait pas besoin d'une nouvelle crise, à l'heure où les hôpitaux britanniques se trouvent au bord de la rupture face à l'accélération des contaminations, malgré le reconfinement d'une grande partie de la population.

La fin de la période de transition marque cependant un bouleversement majeur: les contrôles douaniers aux frontières viendront alourdir les échanges et la libre-circulation s'arrête pour les Britanniques et les citoyens de l'UE sur leurs territoires respectifs.

Le gouvernement britannique voit par ailleurs l'unité du Royaume entamée. En Écosse, es sondages montrent une majorité de la population favorable à l'indépendance, pourtant rejetée par un référendum en 2015.

 


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.