LOS ANGELES : Après avoir dominé le box-office l'été dernier et fait l'objet d'innombrables détournements croisant leurs deux univers, les films «Barbie» et «Oppenheimer» partent favoris dimanche pour les Golden Globes en pleine quête de renouveau, après des accusations de racisme et de corruption.
Sortis le même week-end, ils ont enfanté le phénomène viral «Barbenheimer», qui a poussé de nombreux spectateurs à enchaîner les deux films en salle. Résultat, le duo revendique 2,4 milliards de dollars de recettes au box-office et 17 nominations aux Golden Globes.
«Ils sont tellement différents l'un de l'autre, et pourtant ils ont tous deux connu le succès», observe auprès de l'AFP le producteur de la cérémonie, Glenn Weiss.
Le film mène la danse avec neuf nominations et est notamment pressenti pour rafler le prix de la meilleure comédie et du meilleur scénario. Avec les plus grosses recettes en salles de l'année, il part également favori pour une nouvelle récompense créée pour honorer le succès au box-office.
Ce long-métrage, qui pourrait consacrer Christopher Nolan comme meilleur réalisateur, décortique la vie du scientifique, incarné par Cillian Murphy, chargé de mener les recherches américaines sur la bombe thermonucléaire à travers sa rivalité avec un puissant politicien sous les traits de Robert Downey Jr.
Les deux comédiens sont de sérieux candidats pour le prix du meilleur acteur et celui du meilleur second rôle.
- Scandales -
Le battage médiatique autour du phénomène «Barbenheimer» tombe à pic pour les Golden Globes, récemment rachetés et réformés par des investisseurs privés.
Longtemps considérée comme un tremplin vers les Oscars, l'ex-soirée préférée d'Hollywood, réputée pour son atmosphère décontractée, a été minée par des scandales de corruption et de racisme ces dernières années.
Pour sortir de cette mauvaise passe, l'association de la presse étrangère d'Hollywood (HFPA), qui avait créé ces récompenses et concentrait les accusations de manquements éthiques et d'amateurisme, a été dissoute.
La nouvelle organisation a largement diversifié le jury, en invitant des critiques issus du monde entier. Assez pour convaincre la chaîne américaine CBS de retransmettre la 81e cérémonie dimanche.
«Les Globes ont pris un nouveau départ», assure M. Weiss.
La présence, ou l'absence, des invités dira si Hollywood est réellement prêt à tourner la page.
Outre des poids lourds du cinéma comme Leonardo DiCaprio («Killers of the Flower Moon»), les nommés comprennent des stars de la musique: Billie Eilish et Dua Lipa concourent pour la meilleure chanson et Taylor Swift est en lice avec son récent film-concert.
L'organisation espère un regain d'intérêt pour son tapis rouge, après la double grève des acteurs et des scénaristes qui a paralysé l'industrie pendant six mois. Privées de promotion pendant le mouvement social, de nombreuses stars pourraient vouloir rattraper le temps perdu et vanter leur film en vue des Oscars.
«Nous voulons que ce soit une grande fête d'ouverture de saison où tout le monde ressentira cette énergie», ambitionne M. Weiss. «Nous avons tous vécu des grèves ensemble. Nous sommes maintenant sortis de cette période.»
- Doublé pour Bradley Cooper ? -
Outre le duo «Barbenheimer», «Maestro» de Bradley Cooper se tient en embuscade.
Avec ce biopic du chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein, l'Américain peut prétendre au doublé meilleur réalisateur et meilleur acteur, ce qui serait une première.
La comédienne amérindienne Lily Gladstone convoite de son côté le prix de la meilleure actrice dans un film dramatique, grâce à son rôle dans «Killers of the Flower Moon». Une fresque historique où Martin Scorsese retrace le massacre d'une tribu par des spoliateurs blancs, qui compte sept nominations.
Côté comédies, c'est Emma Stone qui tient la corde pour cette récompense, avec son rôle de Frankenstein au féminin dans «Pauvres créatures», sacré meilleur film à la Mostra de Venise.
Enfin, dans les catégories télévisées, la série dramatique «Succession», chronique des luttes de pouvoir au sein d'une famille à la tête d'un empire médiatique, et la comédie «The Bear», qui explore l'arrière-cuisine d'un restaurant de Chicago, partent favorites.