Avant la vaccination à grande échelle, les Ehpad face au recueil du consentement

Une infirmière administre une dose du vaccin Pfizer-BioNTech Covid-19 dans un EHPAD à Bobigny. (AFP)
Une infirmière administre une dose du vaccin Pfizer-BioNTech Covid-19 dans un EHPAD à Bobigny. (AFP)
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Publié le Mercredi 30 décembre 2020

Avant la vaccination à grande échelle, les Ehpad face au recueil du consentement

  • «Quand les familles ne seront pas d'accord avec la décision du résident, ça sera compliqué», anticipe cette médecin, qui évoque les cas de «certaines personnes sous tutelle mais qui peuvent quand même donner leur avis»
  • Pour le Dr Deschamps, il est d'autant plus difficile de convaincre les réticents qu'on ne peut pas promettre qu'une fois vaccinés ils retrouveront leur vie d'avant, sans geste barrière

PARIS : Après de premières injections très médiatisées, les maisons de retraite sont «à fond dans la préparation» de la vaccination massive de leurs résidents mais des questions demeurent sur le consentement des personnes âgées et leur confiance dans le vaccin.

«La majorité des Ehpad sont à fond dans leur préparation. Il faut un peu de temps pour recueillir le consentement des résidents et organiser les consultations médicales préalables donc on se prépare surtout pour la semaine du 11 janvier», résume Florence Arnaiz-Maumé, du Synerpa, syndicat des maisons de retraite privées.

Le gouvernement a récemment précisé que, lorsque le résident souffre de troubles cognitifs - comme la maladie d'Alzheimer -, il revient à son tuteur ou curateur, à la personne désignée comme «de confiance», ou à défaut à sa famille, de donner leur consentement, mais pas forcément par écrit. 

Pour les professionnels du secteur - en première ligne puisque les résidents des Ehpad seront vaccinés en priorité -, le «plus grand flou» demeure néanmoins sur la manière d'évaluer si la personne est apte à se prononcer seule, ou pas, déplore la gériatre Emmanuelle Deschamps, directrice médicale du groupe SOS Seniors qui regroupe quelque 70 Ehpad.

«Quand les familles ne seront pas d'accord avec la décision du résident, ça sera compliqué», anticipe cette médecin, qui évoque les cas de «certaines personnes sous tutelle mais qui peuvent quand même donner leur avis».

Pour lever les doutes, le groupe SOS Seniors a adressé aux familles des documents d'information sur le vaccin et leur proposera en janvier de rencontrer des médecins en ligne. Les dates de la campagne de vaccination, «imposées par les autorités sanitaires», ne «seront pas modifiables», et un «refus de participation pourrait entraîner une perte de chance pour le résident», explique le groupe dans un courrier adressé aux proches.

Car l'autre grande inconnue de cette campagne à venir concerne l'adhésion des personnes âgées à la vaccination.

Retrouver la vie d'avant 

Francine Serra, 85 ans, qui vit dans une petite résidence au Pouget (Hérault), s'est à peine posé la question: «J'ai dit oui immédiatement, je serai plus tranquille», souligne la vieille dame, qui croit savoir que la vingtaine d'autres résidents de son établissement sont également «tous d'accord».

Philippe Wender, 83 ans et président de l'association Citoyennâge qui regroupe des résidents de maisons de retraite, se fera également vacciner. Mais il confie avoir «entendu des doutes» dans les conversations, notamment sur le fait que les seniors puissent servir de «cobayes». «Les gens ont un peu peur. Pourtant, ce qui est sûr, c'est que tout le monde en a marre de ce virus», estime-t-il.

Pour le Dr Deschamps, il est d'autant plus difficile de convaincre les réticents qu'on ne peut pas promettre qu'une fois vaccinés ils retrouveront leur vie d'avant, sans geste barrière. «Les gens se disent "mais alors, à quoi ça sert?" La réponse, c'est que le vaccin permet d'éviter les formes graves de la maladie. On reviendra à la vie d'avant mais pas tout de suite, seulement quand tout le monde sera vacciné».

Le président du syndicat de généralistes MG France, Jacques Battistoni, rappelle qu'«il ne faut pas perdre de vue les véritables enjeux: pour ces personnes il y a un risque très élevé de mourir en cas d'infection au Covid, face à un risque très hypothétique sur le vaccin, qui peut avoir quelques effets indésirables immédiats».

Les seniors sont «moins méfiants» que l'ensemble de la population, mais une «concorde nationale» autour de la vaccination est nécessaire, pour éviter que la défiance les gagne à leur tour, estime Mme Arnaiz-Maumé. 

Quant aux salariés des maisons de retraite, ils semblent bien plus sceptiques: selon un sondage interne réalisé fin novembre par la Fehap - qui représente les établissements privés non lucratifs - 76% des soignants ne souhaitent pas se faire vacciner. 

Une tendance que regrette Pascal Champvert, de l'association de directeurs de maisons de retraite Ad-Pa, mais qui ne l'étonne guère: les professionnels du secteur s'estiment mal traités par les gouvernements successifs depuis de nombreuses années, analyse-t-il, or «l'appétence pour le vaccin traduit la confiance dans les pouvoirs publics».

 


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».