Le temps presse pour que le monde atteigne ses objectifs en matière de sécurité de l'eau

Vue d'une chute d'eau au clubhouse après le troisième tour du Dow Great Lakes Bay Invitational au Midland Country Club le 21 juillet 2023 à Midland, Michigan. (AFP).
Vue d'une chute d'eau au clubhouse après le troisième tour du Dow Great Lakes Bay Invitational au Midland Country Club le 21 juillet 2023 à Midland, Michigan. (AFP).
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Publié le Vendredi 05 janvier 2024

Le temps presse pour que le monde atteigne ses objectifs en matière de sécurité de l'eau

Le temps presse pour que le monde atteigne ses objectifs en matière de sécurité de l'eau
  • L'accès à l'eau potable reste une réalité lointaine pour des millions de personnes, les disparités étant aggravées par des facteurs tels que la pauvreté, le sexe et les inégalités régionales
  • Il est tout aussi impératif d'éduquer le public et de favoriser une prise de conscience de l'importance de l'eau

Il reste au monde six ans avant l'échéance de 2030 fixée par les Nations unies pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD)s. Malheureusement, la communauté mondiale se trouve aujourd'hui confrontée à une réalité troublante – un déficit en termes de réalisation d'objectifs cruciaux, en particulier dans le domaine des objectifs liés à l'eau. Il est impératif que les pays s'unissent, accélèrent leurs efforts et prennent des mesures substantielles afin de garantir la sécurité de l'eau à l'échelle mondiale.

Il est important de souligner que les conséquences d'un échec dans ce domaine essentiel vont bien au-delà du domaine environnemental et s'étendent aux dimensions économiques, sociales et géopolitiques. On ne saurait trop insister sur l'urgence de relever les défis liés à l'eau. Une réévaluation de nos stratégies et de notre engagement en faveur d'une action transformatrice est nécessaire.

Au cœur des ODD se trouve l'objectif 6: l'eau propre et l'assainissement, qui témoigne de la reconnaissance du rôle central de l'eau dans le développement durable par la communauté internationale. Pourtant, à l'approche de l'échéance de 2030, les progrès dans la réalisation des objectifs liés à l'eau ont été inégaux et, dans de nombreux cas, insuffisants.

L'accès à l'eau potable reste une réalité lointaine pour des millions de personnes, les disparités étant aggravées par des facteurs tels que la pauvreté, le sexe et les inégalités régionales.

Avant tout, la communauté mondiale doit reconnaître que la quête de la sécurité de l'eau ne se limite pas à l'installation de canalisations et à la mise au point de nouvelles techniques d'épuration. Elle nécessite également une compréhension globale des défis à multiples facettes liés à la pénurie d'eau, à la pollution et à l'insuffisance de l'assainissement. La sécurité de l'eau, en termes pratiques, dépasse la simple disponibilité de l'eau; elle englobe l'accès équitable, la gestion efficace et la préservation des écosystèmes aquatiques.

Par conséquent, combler le fossé en matière d'accès à l'eau potable exige des interventions ciblées dans les régions où les communautés luttent quotidiennement pour leur survie en raison de l'inadéquation des sources d'eau.

Parmi les régions et les pays confrontés à une insécurité hydrique importante figurent l'Afrique subsaharienne (des pays comme la Somalie et le Soudan et certaines parties de la région du Sahel), le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (des pays comme le Yémen et la Jordanie et certaines parties de l'Afrique du Nord), l'Asie du Sud (notamment l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh) et certains pays d'Asie centrale, comme l'Ouzbékistan, le Turkménistan et certaines parties du Kazakhstan.

Il est impératif de mettre davantage l'accent sur les investissements dans les infrastructures et les technologies innovantes. Les initiatives d'engagement communautaire qui permettent aux populations locales de s'approprier leurs ressources en eau sont également essentielles.

Deuxièmement, il convient de noter que les stratégies de gestion de l'eau doivent évoluer pour répondre aux exigences d'un climat changeant et de populations en plein essor. Cela implique non seulement d'optimiser les sources d'eau existantes, mais aussi d'explorer des alternatives durables telles que la collecte des eaux de pluie, le recyclage des eaux usées et les technologies de dessalement.

En fait, une gestion intelligente de l'eau, renforcée par des technologies basées sur les données et un suivi en temps réel, peut améliorer l'efficacité, minimiser les pertes et contribuer à l'utilisation durable de cette ressource limitée.

«Il est impératif de mettre davantage l'accent sur les investissements dans les infrastructures et les technologies innovantes.»

 - Majid Rafizadeh

La troisième question importante est le rôle de la diplomatie dans la résolution de cette crise importante, car la recherche de la sécurité de l'eau s'étend au-delà des frontières nationales. Les problèmes transfrontaliers liés à l'eau sont de plus en plus fréquents et posent des défis qui nécessitent des solutions collaboratives et diplomatiques.

Par conséquent, les ressources en eau partagées exigent des cadres de coopération, la promotion de la confiance et des accords équitables entre les pays voisins. Les organisations internationales peuvent jouer un rôle crucial en facilitant le dialogue et en négociant des accords, en soulignant l'interconnexion de la sécurité de l'eau avec la stabilité géopolitique au sens large.

Quatrièmement, pour atteindre les objectifs liés à l'eau, il faut également s'attaquer à des problèmes interdépendants tels que la pollution, un agresseur silencieux qui menace la qualité de nos sources d'eau. Les rejets industriels, le ruissellement agricole et les systèmes inadéquats de gestion des déchets ont conduit à la contamination des rivières, des lacs et des aquifères, mettant en péril les écosystèmes et la santé humaine.

Une manière efficace de s'attaquer à ce problème serait de mettre en place des réglementations strictes, des mécanismes d'application solides et un changement de paradigme vers des pratiques durables dans l'agriculture et l'industrie. Le principe du «pollueur-payeur» devrait être respecté, ce qui inciterait les industries à adopter des technologies et des pratiques respectueuses de l'environnement.

L'assainissement est une autre question interdépendante, qui reste un talon d'Achille dans la quête mondiale d'eau propre. Un mauvais assainissement peut entraîner un cycle de maladies d'origine hydrique, de pauvreté et d'entrave au progrès socio-économique.

Les solutions globales en matière d'assainissement passent par l'éducation, les campagnes de sensibilisation et les initiatives visant à modifier les comportements afin de dissiper les tabous culturels entourant les pratiques d'assainissement. Il est essentiel d'adopter des approches tenant compte des spécificités de chaque sexe, compte tenu de l'impact disproportionné d'un assainissement inadéquat sur les femmes et les filles.

Alors que la communauté internationale réajuste ses stratégies pour accélérer les progrès vers les objectifs liés à l'eau, les engagements financiers apparaissent comme un élément clé. Le changement transformationnel nécessaire afin de garantir de l'eau propre pour tous requiert des investissements substantiels dans les infrastructures, la technologie et le renforcement des capacités. Les gouvernements, les institutions internationales et le secteur privé doivent collaborer pour mobiliser des ressources et créer des mécanismes de financement innovants qui garantissent un investissement durable dans les projets de sécurité de l'eau.

Il est tout aussi impératif d'éduquer le public et de favoriser une prise de conscience de l'importance de l'eau. Les campagnes de sensibilisation du public peuvent développer une culture de l'utilisation responsable de l'eau, en encourageant les individus à adopter des pratiques d'économie d'eau dans leur vie quotidienne.

Enfin, les programmes éducatifs, en particulier dans les écoles, peuvent faire comprendre la valeur intrinsèque de l'eau et les implications plus larges de sa rareté.

En conclusion, l'impératif d'accélérer les efforts visant à assurer la sécurité de l'eau au niveau mondial n'est pas seulement une préoccupation environnementale, mais une nécessité morale et pragmatique. Les conséquences de l'inaction sont profondes: crises sanitaires, revers économiques et bouleversements sociaux. Les objectifs de développement durable des Nations unies soulignent notre engagement collectif en faveur d'un monde meilleur et plus équitable.

À l'approche de l'échéance, la communauté internationale doit se montrer à la hauteur de la situation, en redynamisant son attachement aux principes de durabilité, de coopération et de résilience. En naviguant dans ces eaux troubles, nous avons la possibilité d'ouvrir la voie à un avenir plus sûr, plus prospère et plus durable pour nous tous.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard.

X: @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com