WAJIMA: "Il y a quelqu'un ? Répondez-nous, s'il vous plaît !", crie un soldat tandis que son détachement fouille jeudi les ruines de la maison d'une personne portée disparue depuis le puissant séisme qui a fait au moins 84 morts le jour du Nouvel An dans le centre du Japon.
Les secouristes à la recherche de survivants sont aidés par la chienne Elza, décrite par son maître comme "la meilleure des meilleures dans l'ouest du Japon".
Se déplaçant avec agilité entre les tuiles arrachées des toits et les morceaux de poutres en bois jonchant le sol, elle se fraye un chemin à travers les décombres d'une maison en bois à Wajima. Cette ville est l'une des plus durement touchées par le tremblement de terre de magnitude 7,5 qui a secoué la région.
Avec les sauveteurs épaulés par des militaires, la grande chienne noire aux oreilles pointues recherche une femme âgée vraisemblablement ensevelie sous les décombres de sa maison.
"S'il te plaît, Elza, trouve-la", lance une voix jaillissant de la foule d'habitants et de secouristes qui observent ses efforts.
Elza a été amenée dans cette ville côtière par un dresseur de chiens de sauvetage, Yasuhiro Morita, de son centre situé à 500 km de là, dans le département de Tottori.
"Elle réagit aux cadavres lorsqu'elle fouille les décombres. Elle est entraînée à toujours aboyer lorsqu'elle trouve un corps", explique M. Morita à l'AFP.
"Mais aujourd'hui, elle s'est dirigée vers les passants, ce qui signifie probablement qu'il n'y avait pas de corps à l'intérieur", ajoute-t-il.
Cette habitation ravagée n'est qu'une des nombreuses scènes de dévastation à Wajima et dans d'autres parties de la péninsule de Noto, qui s'avance dans la mer du Japon dans le département d'Ishikawa.
Une octogénaire sauvée
Le ministre japonais de la Défense Minoru Kihara a de son côté annoncé jeudi qu'une octogénaire avait été sauvée la veille dans les décombres de sa maison grâce à une autre chienne spécialement entraînée pour ce genre de mission et portant le nom de Jennifer.
Ces animaux ont rejoint les milliers de soldats et de pompiers dépêchés de tout le Japon pour les opérations de recherche.
De fortes répliques ont secoué la région après la terrifiante secousse principale de lundi, qui a déclenché des glissements de terrain massifs, un incendie majeur et un tsunami avec des vagues de plus d'un mètre de haut.
Le dernier bilan officiel en date, jeudi en fin d'après-midi, est de 84 morts, au moins 330 blessés et 179 personnes portées disparues.
Hiroyuki Hamatani, un habitant de Wajima âgé de 53 ans, se reposait avec ses proches le 1er janvier quand le tremblement de terre s'est produit.
"Des objets sont tombés, des murs se sont écroulés et la porte d'entrée s'est également effondrée. La maison elle-même est debout mais elle est loin d'être habitable maintenant", dit-il à l'AFP.
"Je n'ai pas de place dans mon esprit pour penser à l'avenir. Tout est éparpillé dans ma maison. D'autres répliques pourraient la faire s'effondrer, alors je ne peux pas rentrer tout de suite", ajoute-il.
À l'entrée de Wajima, une ville d'environ 23.000 habitants connue pour ses laques artisanales, les tunnels sont partiellement obstrués par des blocs rocheux et les surfaces montagneuses éraflées par des glissements de terrain.
Des maisons affaissées bordent la route, parsemée de débris et de neige de chaque côté.
«Tout a brûlé»
Mais un spectacle encore plus choquant attend ceux qui parviennent à rentrer dans la cité : un imposant bâtiment de six étages git sur le côté, le sol jonché de poteaux électriques à terre.
Le tremblement de terre a déclenché un incendie qui a ravagé 200 infrastructures dans un quartier marchand.
Par endroits, le sol est entièrement recouvert de débris et des voitures calcinées jouxtent des maisons arrachées à leurs fondations.
A Wajima, Shinichi Hirano, 47 ans, observe des habitations dévastées par les flammes.
"C'est ici que se trouvait la maison de ma grand-mère mais tout a brûlé", raconte-t-il à l'AFP.
"Elle est morte il y a longtemps, donc sa maison est inoccupée depuis longtemps, mais ce quartier est plein de bons souvenirs", ajoute-t-il, évoquant une pâtisserie voisine et un salon de coiffure qu'il fréquentait quand il était enfant.
"Mais tout ça a disparu. Je ne vois plus que des ruines brûlées", glisse-t-il tristement.
"Cela me fait mal" de voir ces lieux familiers décimés. "Je suis sans voix ".