KIEV: Moscou a déclaré dimanche avoir frappé des cibles "militaires" dans la ville ukrainienne de Kharkiv, les autorités locales assurant au contraire qu'il s'agissait de bâtiments civils, des représailles à l'attaque sans précédent qui a fait 24 morts la veille à Belgorod, en Russie.
Samedi, la Russie avait assuré qu'elle ne laisserait pas "impunie" l'attaque de missiles et de roquettes contre cette ville située à une trentaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.
Moscou affirme que Kiev en est responsable, mais l'Ukraine est pour l'instant restée muette.
Ces bombardements ont tué 24 personnes et blessé 108 autres, selon un nouveau bilan annoncé par le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov.
Il a indiqué plus tard qu'un nouveau bombardement ukrainien avait tué un homme âgé et blessé une femme dans le village de Krasnoïé, presque collé à l'Ukraine.
Si Kiev mène régulièrement des attaques en territoire russe, notamment à l'aide de drones, la frappe de Belgorod est la plus meurtrière pour les civils en Russie depuis le début du conflit en février 2022.
«Délire tordu»
"En réponse à cet acte terroriste, les forces armées russes ont frappé des centres de décision et des installations militaires" à Kharkiv, a déclaré le ministère russe de la Défense dimanche.
Le gouverneur de la région ukrainienne visée, Oleg Sinegoubov, a pourtant assuré que des roquettes avaient touché samedi soir un hôtel, des bâtiments résidentiels, des cliniques ou des hôpitaux, faisant 28 blessés.
Parmi eux, deux adolescents et un Britannique, qui était le conseiller sécurité d'une équipe de journalistes allemands, selon les autorités ukrainiennes.
La Russie a reconnu avoir ciblé un "ancien complexe hôtelier", le Kharkiv Palace, mais a assuré que s'y trouvaient des membres des services de renseignements et des forces armées ukrainiennes "impliqués" dans l'attaque de Belgorod, ainsi que des "mercenaires étrangers".
Des allégations qualifiées de "délire tordu" par le renseignement militaire ukrainien, qui a dit qu'aucun de ses employés n'avait été blessé.
Moscou nie toujours viser des cibles civiles en Ukraine.
49 drones
De son côté, l'armée de l'air ukrainienne a affirmé que six missiles guidés russes avaient visé Kharkiv.
Elle a en outre dit avoir abattu 21 des 49 drones Shahed, de fabrication iranienne, lancés par la Russie vers son territoire dans la nuit et ciblant particulièrement le sud et l'est.
Ces derniers jours ont été marqués par une escalade de violence entre la Russie et l'Ukraine.
Vendredi, l'Ukraine a été endeuillée par une attaque de missiles qui était, selon elle, la plus massive depuis le début du conflit, à l'exclusion de ses tout premiers jours.
Le président Volodymyr Zelensky a affirmé samedi après-midi que 39 personnes étaient mortes sur l'ensemble du pays, mais d'autres décès ont été annoncés depuis.
Le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, Serguiï Lyssak, a ainsi déclaré dimanche qu'un des blessés s'était éteint à l'hôpital, portant le bilan pour sa zone à 7 morts.
A Kiev, le service d'Etat pour les situations d'urgence a affirmé avoir retrouvé 23 corps dans les décombres depuis l'attaque de vendredi.
«Attaque aveugle»
Dimanche, Vladimir Poutine a assuré que son pays ne reculerait "jamais" lors de ses voeux de Nouvel an, diffusés à la télévision russe.
L'année dernière, le président russe avait prononcé un discours au ton très martial, flanqué de militaires en uniforme. Cette fois, il a proclamé que l'année 2024 serait celle de la "famille", avec le Kremlin en arrière-plan.
Même s'il n'a pas mentionné explicitement l'Ukraine, il y a fait plusieurs allusions, rendant un hommage appuyé aux soldats, des "héros", ou expliquant que la Russie avait "défendu fermement" ses intérêts et sa sécurité en 2023.
Volodymyr Zelensky doit à son tour prendre la parole dans la soirée, un discours attendu au terme d'une année marquée par l'échec de la contre-offensive estivale de l'Ukraine et le gel quasi-total de la ligne de front.
Côté russe comme ukrainien, les célébrations se dérouleront dimanche soir sous haute tension, après les frappes des derniers jours.
Le gouverneur de la région russe de Koursk, Roman Starovoït, a invité les résidents à rester chez eux, eu égard à la "situation agitée".
Son homologue de la région de Voronej, Alexandre Goussev, a indiqué avoir annulé les "programmations festives", par "solidarité" avec les habitants de Belgorod.