PARIS: "Factieux", "décivilisation", Emmanuel Macron a continué à puiser dans les formules choc en 2023. Retour sur ces petites phrases qui ont suscité la polémique.
«Qui aurait pu prédire la crise climatique?»
"Qui aurait pu prédire (...) la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays?", lance le chef de l'Etat lors de ses voeux télévisés pour 2023, provoquant la colère de militants écologistes et de scientifiques.
Des experts rappellent alors que le premier rapport du GIEC date de 1990, sans compter les travaux antérieurs de nombreux chercheurs comme le vulcanologue Haroun Tazieff. "Allô Jupiter, ici la Terre : il fait 22°C à 22 heures, un 1er janvier", commente, laconique, le climatologue Christophe Cassou.
Deux semaines plus tard, Emmanuel Macron s'explique sur sa formulation, assurant avoir été "mal compris" et avoir voulu délivrer "un message d'alerte écologique".
«Les factieux et les factions»
"On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", déclare-t-il le 22 mars aux JT de TF1 et France 2 en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, des termes qu’il employait déjà pendant la crise des "gilets jaunes".
"Mépris", "arrogance", "déni": plusieurs responsables politiques de gauche s'insurgent y voyant une comparaison entre des manifestants pacifiques et les émeutiers du Capitole américain et du Brésil.
Mi-avril, quelques jours après la promulgation de la loi, le président fait son retour sur le terrain après des mois de crise. Il est accueilli au son des casseroles en Alsace. "C'est pas des casseroles qui feront avancer la France", dit-il devant des journalistes. "Les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine chez moi", renchérit-il le lendemain dans l'Hérault.
«Processus de décivilisation»
Emmanuel Macron déplore, le 24 mai, en Conseil des ministres, "un processus de décivilisation" de la société française face à la recrudescence des agressions contre des élus et des agents publics.
A-t-il emprunté le terme polémique à l'idéologie d'extrême droite ? Oui, accuse la gauche qui crie à l'instrumentalisation. Non, rétorque l'exécutif, qui dément tout coup politique.
"Il faut s'atteler à reciviliser", réitère, le 23 août, le président après les émeutes du début de l'été. Tout en soulignant que "90%" des auteurs des émeutiers sont nés en France, il invoque "un problème d'intégration et de refondation de la Nation".
Fin juin, au coeur des violences, une autre phrase du chef de l'Etat avait fait controverse: "On a le sentiment que certains (émeutiers, ndlr) vivent dans la rue les jeux vidéos qui les ont intoxiqués".
«Faire le tour du Vieux-Port pour trouver du travail»
"Je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu’il y a 10 offres d’emploi", assure Emmanuel Macron à la mère d'un demandeur d'emploi, le 26 juin, à Marseille.
Une phrase qui rappelle, cinq ans auparavant, son fameux: "Il n’y a qu’à traverser la rue" pour trouver du travail, lancé à un jeune horticulteur au chômage.
Après l'échange de Marseille, la gauche monte de nouveau au créneau dénonçant le "mépris du peuple" du chef de l'Etat.
Depardieu «rend fière la France»
Il "rend fière la France", déclare le président le 20 décembre sur le plateau de C à vous sur France 5, se disant un "grand admirateur" de l’acteur, visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l'un des deux cas.
Et de dénoncer une "chasse à l'homme" suite à la diffusion du numéro de "Complément d’enquête" sur Gérard Depardieu.
Le chef de l'Etat suscite la colère des associations féministes et déclenche une guerre interne dans le cinéma français.
Invoquant "la présomption d'innocence", il désavoue sa ministre de la Culture. Rima Abdul Malak avait estimé que les propos de l'acteur rapportés dans "Complément d'enquête" faisaient "honte à la France". Elle avait annoncé qu'une "procédure disciplinaire" serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur à son encontre.
"Il y a parfois des emballements sur des propos tenus", la Légion d'honneur "n'est pas là pour faire la morale", tacle le président.