Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
Short Url
Publié le Lundi 25 décembre 2023

Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

  • Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours
  • En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux 

JEDDAH: Au cours des deux derniers mois, tous les regards étaient tournés vers Gaza, cette étroite bande de terre à l'extrémité sud de l'ancienne Palestine, alors que des obus et des missiles ont dévasté la région, entraînant le déplacement de millions de personnes et causant des milliers de blessés et de pertes humaines.

En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux qui, équipés de caméras, ont documenté les réalités difficiles auxquelles leur communauté est confrontée.

Les journalistes et reporters de la région arabe et au-delà ont depuis longtemps considéré la Palestine comme un sujet essentiel à couvrir. L'évolution de la technologie militaire n'a fait qu'accentuer la brutalité de l'assaut que les Palestiniens ont enduré face à l'armée israélienne. Le bombardement le plus récent sur la bande de Gaza, autrefois moins visible pour les médias occidentaux, a désormais atteint le monde grâce aux efforts de journalistes et de photographesopérant depuis l'intérieur de la zone assiégée.

fd
 On voit un patient allongé sur une civière avant de monter à bord d'un vol d'évacuation à destination d'Abou Dhabi (Photo, Fournie).

Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours, apportant leur aide au ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis. Pendant leur mission, ils ont documenté leurs voyages et contribué à l'évacuation de personnes depuis l'aéroport d'Al-Arichen Égypte.

Ghadi Joudah, Abdelrahman Chalhoub, Cherouk Maher et Mohammed Soulami ont voyagé aux côtés de convois d'aide et d’équipes médicales, offrant leur assistance tout en partageantdes comptes rendus et des témoignages de leurs expériences.

Pour les journalistes, la possibilité de couvrir la Palestine, surtout en période de conflit actif, est à la fois rare et périlleuse. Le récent bombardement massif a transformé cette région enl'un des endroits les plus dangereux pour les journalistes, nombreux ayant été empêchés d'y accéder.

Les organisations d'aide internationales ont plaidé en faveur de l'ouverture des frontières pour faciliter l'acheminement de l'aide essentielle à Gaza. Malgré les défis, y compris les interdictions sporadiques d'Israël et le risque d’immobilisation des camions aux postes frontaliers tels que Rafah, les efforts visant à envoyer une aide humanitaire se poursuivent. Des pays tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont engagés à soutenir la population de Gaza, en envoyant des ambulances, des aides médicales, et en facilitant l’accès aux soins médicaux pour les enfants palestiniens blessés ou malades, ainsi que les patients atteints de cancer.

ds
L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Le 9 novembre, la journaliste basée à Riyad, Ghadi Joudah, et le photographe AbdelrahmanShalhoub, ont pris place à bord du neuvième avion saoudien d'aide décollant de l'aéroport international du Roi Khalid de Riyad. Ils ont voyagé à bord d'un des quatre avions cargos transportant des ambulances destinées à franchir la frontière de Rafah pour rejoindre Gaza.

«En arrivant à l'avion-cargo, l'équipe au sol s’activait, chargeant méticuleusement les ambulances à bord de l’appareil qui attendait. Leurs mouvements étaient presque chorégraphiés, témoignant de leurs années d'expérience. L'atmosphère dans l'avion oscillait délicatement entre l'urgence et la tranquillité. L'équipage, composé d'individus dévoués, travaillait sans relâche de concert pour s'assurer que chaque aspect de la mission humanitaire était exécuté avec précision et efficacité», a partagé Joudah.

«Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque j'ai été appelée pour me rendre à Al-Arish. J'avais des sentiments mitigés, de l'anxiété, mais j'étais heureux de faire le voyage, même si j'entrais en territoire inconnu», a ajouté Chalhoub.

«À mesure que nous approchions de l'espace aérien égyptien, j'étais tétanisé en voyant par le hublot une épaisse fumée noire s'élever à une courte distance, mais pas assez proche pour discerner la bande de Gaza. Pourtant, je savais que je survolais Gaza; je savais que j’étais témoin d'un acte d'horreur totale. Bien que je ne puisse distinguer aucun repère, l'épaisseur de la fumée était évidente.»

ds
L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Une fois arrivés à Al-Arish, un aéroport isolé au beau milieu du désert du Sinaï, Joudah et Chalhoub ont observé le déchargement des ambulances prêtes à se diriger vers Gaza, tout enéchangeant avec le porte-parole de KSrelief, Samer al-Jetaïli, qui a livré un compte rendu de la situation, et avec Moubarak al-Dosari, responsable de l'équipe spécialisée de KSrelief en Égypte, qui a offert une perspective sur les efforts saoudiens visant à soulager les conditions dans le territoire assiégé.

Alors qu'ils étaient à l'aéroport militaire, à seulement quarante-cinq minutes de la frontière de Rafah, un fort sentiment de nostalgie s’empare de la jeune journaliste qui se remémorait un souvenir d'enfance.

Être à Al-Arish a ému Joudah jusqu'aux larmes, lui rappelant sa visite en 1999 avec sa famille alors qu'ils franchissaient la frontière de Rafah pour entrer à Gaza. Elle évoque également d'autres moments où elle se tenait accroupie près de l'un des hublots de l'avion survolant Gaza, une étroite bande de terre qui a dominé l'actualité mondiale ces derniers mois, mais qui demeure toujours présente dans l’esprit de nombreux Palestiniens, Arabes et membres de la communauté internationale.

Elle souligne son désir d'y retourner, affirmant que «c'était une expérience profondément humble de comprendre que l'on contribue, même modestement, à l'ampleur des efforts humanitaires déployés par l'Arabie saoudite.»

fd
Un vol d'Etihad Airways a évacué 120 Palestiniens blessés et leurs familles (Photo, Fournie). 

Pour Chalhoub, avoir participé à la livraison des ambulances si nécessaires revêtait une grande importance.

Il a déclaré: «C'était très significatif pour moi. J'ai pu contribuer à livrer quelque chose qui pourrait sauver une vie. C'est mon humble contribution, et ça m’a procuré une grande satisfaction.»

«J'aurais souhaité pouvoir accomplir davantage; l'idée de pénétrer dans la bande de Gaza me tenait à cœur. La photographie est certes puissante, et j'aurais pu exposer au monde la réalité de Gaza à travers mon objectif. Cependant, si seulement j'avais pu franchir la frontière et partager un moment avec un enfant, lui arracher un sourire, faire quelque chose pour alléger ne serait-ce que quelques instants de sa douleur, cela aurait été d'une valeur inestimable pour lui.»

«Un mois plus tard, le 1er décembre, Maher s'est rendue au nouvel aéroport international d'Abu Dhabi après avoir embarqué à bord du quatrième vol des Émirats arabes unis destiné àévacuer des enfants palestiniens blessés et des patients atteints de cancer, accompagnés deleurs familles, depuis l'aéroport d'Al-Arish en Égypte après leur évacuation de Gaza via la frontière de Rafah.» 

ds
Des patients de la bande de Gaza évacués d'Al-Arish ont atterri à Abou Dhabi (Photo, Fournie).

«C'était le jour où la trêve d'une semaine avait pris fin, et Israël avait repris son intense bombardement sur Gaza, principalement à Khan Younès et Rafah dans le sud, ce matin-là. Seuls quelques évacués ont eu la chance de traverser la frontière ce jour-là, des frappes aériennes touchant la zone», a déclaré Maher.

«J'ai observé des hommes vêtus d’élégants costumes d'affaires prêts pour un voyage profesisonnel, et des familles joyeuses attendant de prendre leur vol pour célébrer Noël avec leurs proches chez eux, ou profiter des festivités dans une nouvelle destination de vacances», a-t-il ajouté.  

«Je me demandais s'ils savaient qu'au terminal VIP, à dix minutes du check-in de la premièreclasse/classe affaires, un avion charter Boeing 777 d'Etihad Airways était en cours de préparation pour évacuer des patients touchés par la guerre vers une région plus sûre et leur offrir la chance d’une nouvelle vie.»

En attendant d’embarquer, une équipe de 30 volontaires, médecins et infirmiers de trois hôpitaux d'Abu Dhabi – l'hôpital Burjeel, l'hôpital royal NMC et la Cité médicale Sheikh Khalifa – était arrivée avec d'importants stocks d'équipements médicaux, sous la supervision et la coordination du département de la santé d'Abu Dhabi. L'équipe, composée de professionnels possédant des compétences diversifiées, dont des anesthésistes, des technologues respiratoires, des assistants administratifs et des infirmiers, s'est assurée du bien-être des patients, garantissant qu'ils étaient dans un état stable avant leur arrivée à Abu Dhabi.

«À bord du vol vers Al-Arish, un étrange sentiment de chaleur, de solidarité et de sécurité a imprégné l’atmosphère en ces temps tourmentés. C’est la première fois, depuis que j'ai commencé à couvrir intensivement la guerre en ligne, que j'ai pu témoigner d'un aspect magnifique de l'humanité», a déclaré Maher.

Les équipes du gouvernement des Émirats arabes unis et du personnel médical bénévole, issues de nationalités et horizons divers, ont travaillé avec passion et détermination, en pleine coordination, pour réconforter les patients et les soulager, veillant à ce que la mission soit menée avec le plus grand niveau de précision. Ils ont souligné qu'une partie importante de leur travail consistait à instaurer un sentiment de sécurité chez les patients, tout en répondantà leurs besoins médicaux.

ds
La Palestinienne Sabra Moussa a été évacuée de la bande de Gaza vers Abu Dhabi (Photo, Fournie).

Pendant le vol, Maher a eu l'occasion de rencontrer Etimad Hassouna, une infirmière pédiatrique palestinienne qui a quitté son domicile pour se lancer dans une carrière médicale. Intriguée d'en savoir plus, Maher a demandé à l'infirmière comment elle trouvait la force de travailler tout en étant témoin de la souffrance endurée par sa patrie.

Selon Maher, «elle (Hassouna) a exprimé sa reconnaissance d'avoir l’opportunité d'aider de quelque manière que ce soit, aussi petite soit-elle, face à une crise de cette ampleur. Depuis le début de cette mission, Hassouna a partagé qu'elle avait réussi à surmonter les premiers sentiments d'impuissance qu'elle avait ressentis au début de la guerre.»

«Alors que certains membres de l'équipe à bord de l'avion avaient déjà une expérience dans des zones de guerre, d'autres spécialement formés pour les urgences médicales, faisaient face pour la première fois à des blessures traumatiques de guerre. Cependant, tous partageaient une expérience commune: traiter des blessures graves qu'ils n'avaient jamais rencontrées, même lors de conflits antérieurs à Gaza.»

«Le calme et le silence étrange du désert contrastaient vivement avec les bombardements intenses qui se déroulaient derrière le passage de Rafah, à cinquante-cinq km et à environ quarante-cinq minutes de l'aéroport d'Al-Arish. Le ciel sombre était illuminé d'étoiles, cette nuit-là, mais la seule lumière visible pour les habitants de Gaza était celle des roquettes et des missiles qui pleuvaient sur leurs maisons», a-t-elle ajouté. 

Rien n'aurait pu préparer Maher à ce qu'elle s'apprêtait à voir: des patients fatigués, épuisés et âgés arrivant dans des ambulances égyptiennes et transportés sur le tarmac en fauteuils roulants.

Les enfants, certains âgés de deux ans à peine, des hommes et des femmes frigorifiés et seuls:c'était une scène déchirante de ceux qui avaient franchi les portes du passage en quête d'une nouvelle vie, laissant derrière eux leurs proches.

Maher a partagé: « En regardant cette scène se dérouler, la seule question qui me taraudaitétait la suivante: qu'avaient donc fait ces individus pour être ainsi contraints de quitter leur foyer dans un tel état – privés des besoins essentiels tels que la nourriture, l'eau, les médicaments, leurs familles, leurs souvenirs et leurs rêves?»

«Les médecins et infirmiers m'ont expliqué que la première mesure à prendre pour certains cas critiques consiste à les hydrater et leur administrer des analgésiques, une première depuis des semaines à la suite de l'effondrement du système de santé à Gaza et à la rareté des équipements médicaux. Les patients arrivés n'avaient eu accès ni à des analgésiques ni à une alimentation ou une eau appropriés depuis le début de la guerre le 7 octobre.»

De retour dans l'avion, Maher se souvient des visages de passagers arborant des traits communs: des yeux cernés de cercles noirs intenses, des silhouettes frêles, chacun portant un petit sac en plastique avec quelques effets personnels, «et un regard qui capturait simultanément un mélange d'émotions – soulagement, culpabilité et espoir».

Maher a échangé avec de nombreux passagers lors de leur retour à Abu Dhabi. Tous avaient perdu des membres de leur famille, avaient été déplacés au moins quatre fois (Israël a fait la guerre à Gaza cinq fois depuis 2007), et tous étaient incertains de pouvoir jamais retourner voir leurs proches.

Ils étaient les quelques chanceux ayant survécu aux bombardements intenses et obtenu l'autorisation de passer par Rafah après avoir surmonté un processus fastidieux.

Beaucoup n'ont pas eu cette chance

Amna Hashem Saeed, une patiente âgée atteinte d'un cancer du pancréas, était assise seule dans l'avion, racontant avec des larmes à Maher ses derniers moments avec sa seule fille. «Jesuis condamnée à mourir ici, maman», répéta Amna, reprenant la phrase de sa fille alors que la ville en arrière-plan s'effondrait. Le mari de Amna a été victime d'un accident vasculaire cérébral et n’a pas pu recevoir les soins nécessaires. Amna elle-même s'était vu refuser sept fois le droit de traverser Rafah pour un traitement en Turquie en raison de la situation sécuritaire, avant que son évacuation vers les Émirats arabes unis ne soit finalement acceptée.

Alors que l'avion volait, Maher se souvient avoir vu des adolescents avec leurs accompagnateurs âgés ou cherchant eux-mêmes un traitement, parcourir les couloirs de l’avion, hébétés, comme s'ils portaient les problèmes du monde sur leurs épaules.

Sur le dernier tronçon du vol, Maher a raconté comment elle a vu plusieurs enfants, trop jeunes pour comprendre la situation, soit se tortillant de douleur, soit jouant joyeusement dans l'avion.

Parmi les enfants se trouvait Mohammed, âgé de 2 ans, qui n'avait personne d'autre que sa grand-mère malade dans l'avion. «Avec ses yeux rêveurs et son sourire innocent, il a grimpé sur mes genoux et a joué sur le petit écran de l'avion avant de s'endormir paisiblement dans mes bras jusqu'à notre arrivée», a déclaré Maher.

«Il était déconcertant d'imaginer que des milliers d'enfants comme lui iraient se coucher sans la certitude de se réveiller le lendemain.» 

En passant et en voyant l'enfant dormir dans mes bras, Joe Coughlan, le commandant médical du vol, a demandé: «Où voudrais-tu être en ce moment?»

Ma réponse était: «Nulle part ailleurs.»


Liban : le Hezbollah accuse Israël de « centaines de violations » de la trêve

Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Short Url
  • Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.
  • « J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, a accusé  samedi Israël de « centaines de violations » de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre et averti de nouveau que sa formation pourrait « perdre patience ».

Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.

« J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

« Nous avons fait preuve de patience à l'égard de ces violations pour donner une chance à l'État libanais, qui est responsable de cet accord, ainsi qu'aux parrains internationaux, mais il ne faut pas tester notre patience », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu stipule que l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours, soit jusqu'au 26 janvier.

Sorti affaibli de la guerre, le Hezbollah doit, lui, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.

Vendredi, M. Guterres, qui s'est rendu auprès des Casques bleus dans le sud, a affirmé que l'« occupation » de cette région par Israël et ses opérations militaires devaient « cesser ».

Il a révélé que les soldats de maintien de la paix avaient découvert « plus de 100 caches d'armes appartenant au Hezbollah ou à d'autres groupes armés depuis le 27 novembre », jour de l'entrée en vigueur de la trêve.

Le chef du Hezbollah, qui avait des réserves sur la nomination de M. Salam, un juriste international respecté, a averti que « personne ne peut nous exclure de la participation politique effective dans le pays ».


Gaza : le cessez-le-feu est prévu pour entrer en vigueur dimanche à 06 h 30 GMT

Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Short Url
  • « Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, le porte-parole qatari .
  • « Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

DOHA : Le cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Gaza entrera en vigueur dimanche à 04 h 30 GMT, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur.

« Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.

« Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé mercredi par le Qatar et les États-Unis, autre pays médiateur, prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En échange, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, qui a précisé que leur libération n'interviendrait pas avant 16 heures dimanche (14 heures GMT).


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Short Url
  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.