Dans le sud du Liban, quelques irréductibles travaillent sous les bombes

Un homme devant un magasin de légumes dans le village de Kfar Kila, près de la frontière avec Israël, le 21 décembre 2023. (AFP).
Un homme devant un magasin de légumes dans le village de Kfar Kila, près de la frontière avec Israël, le 21 décembre 2023. (AFP).
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Publié le Vendredi 22 décembre 2023

Dans le sud du Liban, quelques irréductibles travaillent sous les bombes

  • "Nous travaillons sous les bombes. Il y a quelques jours, un obus est tombé à 200 mètres d'ici, et des éclats ont touché la devanture du restaurant et le mur"
  • Les bruits des bombardements sont clairement audibles dans son village de Kfar Kila, entouré d'oliviers

KFAR KILA: Dans son petit restaurant de falafels du sud du Liban, Hussein Mourtada prépare des sandwichs pour les rares clients, alors qu'un drone de reconnaissance israélien survole son village frontalier quasiment désert.

"Nous travaillons sous les bombes. Il y a quelques jours, un obus est tombé à 200 mètres d'ici, et des éclats ont touché la devanture du restaurant et le mur", raconte l'homme âgé de 60 ans, à la barbe grise, en montrant les impacts des obus.

"Je me suis caché derrière le frigo dans le restaurant", ajoute-t-il, en faisant frire les boulettes à base de pois chiche dans l'huile bouillante.

Les bruits des bombardements sont clairement audibles dans son village de Kfar Kila, entouré d'oliviers. La plupart des rues sont désertes et des maisons ont été totalement détruites par les frappes israéliennes dans des quartiers faisant face à la Galilée toute proche.

Si une grande partie des habitants a fui, Hussein Mourtada est déterminé à garder son restaurant ouvert pour les rares voitures qui passent, dont les ambulances.

Dans son quartier, seule une épicerie reste également ouverte.

"Je sers à manger à tous ceux qui ont faim, même ceux qui n'ont pas les moyens de payer", affirme l'homme en coupant les tomates et les cornichons pour servir un client.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza le 7 octobre, le Hezbollah pro-iranien lance des attaques depuis le sud du Liban vers Israël pour soutenir son allié palestinien.

En réponse, l'armée israélienne mène quotidiennement des frappes sur les villages frontaliers.

Les violences, pour le moment limitées aux zones frontalières, ont fait plus de 140 morts au Liban, parmi lesquels une centaine de combattants du Hezbollah et au moins 19 civils incluant trois journalistes.

Au moins onze personnes ont été tuées côté israélien, dont sept militaires.

Elles ont en outre entraîné le déplacement forcé de plus de 72.000 personnes au Liban, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans un rapport publié mardi, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a indiqué que le conflit avait entraîné "des pertes matérielles considérables" touchant notamment les habitations, les commerces, les infrastructures et les services dans les villages frontaliers.

"L'activité économique et les entreprises locales sont soit perturbées, soit ont dû fermer ou déménager", ajoute le rapport.

« Je ne bouge pas d'ici »

Les combattants du Hezbollah n'ont aucune présence visible dans les villages frontaliers.

Dans sa station-service à l'entrée du village de Taybé, Ali Mansour attend lui aussi les rares clients qui osent encore braver les bombardements quotidiens.

"Tant que les bombardements restent éloignés, on travaille pour gagner notre vie", affirme cet homme d'une cinquantaine d'années, fataliste, la tête recouverte d'une capuche noire.

Il montre la localité israélienne de Misgav Am qui fait face à son village, situé à près de deux kilomètres de la frontière et qui est constamment survolé par les drones de reconnaissance israéliens.

Le 11 décembre, le responsable local du village a été tué dans une frappe israélienne. Un obus a percuté l'homme âgé de 80 ans qui se trouvait sur son balcon.

Dans le village voisin de Adaïssé, le petit restaurant où travaillait Ahmad Tarrab, 23 ans, servait jusqu'à la semaine dernière des burgers.

"Depuis le début de la guerre, nous sommes restés ouverts. Mais l'autre jour, Hussein, l'un des employés, a ouvert le restaurant, puis nous avons entendu des bombardements", raconte le jeune homme à la barbe fournie.

"Un premier obus est tombé en face du restaurant et deux autres derrière. Hussein a été blessé à la jambe", ajoute-t-il en montrant le sol devant l'établissement jonché d'éclats d'obus et l'enseigne cassée.

Ahmad Tarrab a décidé par la suite de fuir son village, désormais quasi désert.

Abbas Ali Baalbaki, lui, est resté mais a dû fermer sa petite imprimerie. Sur la place principale de Adaïssé, face à la husseiniyé (lieu de culte chiite), il suit sur son téléphone les informations sur les villages touchés par les bombardements.

"Même si la guerre dure dix mois ou un an, je ne bouge pas d'ici", affirme-t-il, flegmatique, en tirant sur sa cigarette.


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.