Les conséquences de la guerre contre Gaza montrent qu’Israël a adopté des politiques brutales et aveugles qui reflètent exactement les désirs des commandants israéliens.
En réalité, les responsables politiques israéliens génèrent une brutalité inimaginable à chaque fois qu’ils parlent. Le discours déshumanisant a commencé lorsqu’un porte-parole de l’armée israélienne a publiquement admis que ses frappes aériennes avaient pour objectif «d’entraîner un maximum de dégâts». La déclaration la plus atroce demeure celle du ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui affirme qu’Israël «combat des animaux humains». Ensuite, le président d’Israël, Isaac Herzog, prétendument modéré, a déclaré que les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza étaient des combattants et non des civils dans la mesure où ils ne s’étaient pas révoltés contre le Hamas.
Les politiques israéliens de tous bords ont fait des déclarations similaires. Par exemple, un ministre a suggéré de larguer une bombe nucléaire sur Gaza. C’était la première fois qu’Israël a admis qu’il dispose d’un programme nucléaire militaire, ce que le monde sait depuis des décennies.
Toutefois, malgré les discours et les conséquences désastreuses sur le terrain, les défenseurs d’Israël, au premier rang desquels figurent les Américains, continuent d’affirmer qu’Israël ne tue pas intentionnellement les civils.
Trois soldats israéliens qui avaient échappé à leurs ravisseurs ont été tués la semaine dernière. Puisque les victimes dans cette affaire étaient des Israéliens, l’armée israélienne a admis les avoir tués par balle alors qu’ils avaient les mains en l’air et tenaient un drapeau blanc. L’armée israélienne n’a pas enquêté – et il est peu probable qu’elle le fasse – sur les 20 000 Palestiniens tués à Gaza. L’année dernière, elle a fait abstraction de la pression exercée par les Américains pour inciter l’État hébreu à enquêter sur le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh.
Néanmoins, l’armée israélienne, sous la pression de l’opinion publique, a mené une première enquête dans le cadre de cet incident. Elle est parvenue à une conclusion importante: les soldats qui ont tiré sur les individus qui se rendaient ont violé les consignes permanentes de l’armée israélienne.
Pendant soixante-dix jours, personne n’y a cru étant donné qu’Israël bombardait des civils innocents sans même exprimer de remords ni admettre que certains avaient peut-être été tués par accident. Cela nous incite tous à croire que le meurtre de civils et la destruction d’hôpitaux, d’églises, de mosquées, d’écoles et de boulangeries ont été commis intentionnellement et sur ordre des plus hauts dirigeants militaires et politiques. D’ailleurs, personne n’a été tenu pour responsable du massacre.
Si l’incident du meurtre des soldats israéliens pris pour des Palestiniens a constitué un tournant, les massacres se sont poursuivis dès le lendemain.
Cette fois, deux femmes réfugiées dans une église catholique à Gaza ont été abattues par un tireur embusqué. Le patriarcat latin de Jérusalem a qualifié ces meurtres d’assassinat et le pape François a mentionné les deux chrétiennes palestiniennes dans son homélie hebdomadaire du dimanche. Les médias rapportent que le Vatican est en contact constant avec la Maison-Blanche; le président Joe Biden est un fervent catholique. Les rapports en provenance de Gaza font désormais état d’une légère diminution du danger puisque les habitants des environs de l’église ont été informés qu’ils pouvaient se déplacer librement jusqu’à 16 heures tous les jours.
Indépendamment de ce qui est arrivé aux soldats israéliens et aux femmes réfugiées à l’intérieur de l’église, il existe désormais des preuves publiquement documentées qu’Israël commet des crimes de guerre à Gaza. La poursuite de la guerre et le refus de Washington de permettre au Conseil de sécurité de l’ONU d’appeler à un cessez-le-feu immédiat contribuent directement à cette catastrophe humaine. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a explicitement déclaré que l’écart entre les promesses des dirigeants israéliens d’éviter de nuire aux civils et leurs actions sur le terrain était considérable. C’est un discours diplomatique pour dire que les Israéliens ont menti à leurs clients américains.
«Le droit international est désormais un objet de risée et les États-Unis sont pointés du doigt pour leur politique de “deux poids, deux mesures”.»
Daoud Kuttab
Cependant, malgré les meurtres de civils et les mensonges, les Américains auraient donné à Israël jusqu’à la fin de l’année pour mettre un terme à ses attaques intensives. C’est inacceptable. Les prétendus dirigeants du monde libre, qui ont clairement rejeté toute adhésion aux droits humains fondamentaux et à l’humanité, accordent à ces menteurs d’Israéliens deux semaines supplémentaires pour continuer à violer le droit international et leurs propres règles en ce qui concerne la manière dont ils traitent les Palestiniens.
Le droit international est désormais un objet de risée et les États-Unis, qui prétendent porter leurs responsabilités en matière de droits de l’homme, sont pointés du doigt pour leur politique de «deux poids, deux mesures». Israël ne commet pas seulement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité palestinienne: il viole également ses propres consignes permanentes.
Ce qui était au début un discours déshumanisant se révèle un cas évident de génocide. Quelqu’un aura-t-il le courage de sanctionner l’État hébreu et de le forcer à adhérer aux principes fondamentaux énoncés dans la Convention sur le génocide, qu’Israël et ses pays voisins ont signée?
Daoud Kuttab est un journaliste palestinien primé et le directeur du Community Media Network.
X: @daoudkuttab
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com