PARIS: Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé mercredi le gouvernement à "reprendre la version" du projet de loi immigration issue du Sénat, où la droite avait considérablement durci le texte, tout en demandant à LR de la "mansuétude" dans les négociations.
"Quel est le seul moyen aujourd'hui pour qu'une telle loi passe ? C'est de reprendre la version du Sénat", a estimé dans Le Figaro M. Le Maire, alors que l'exécutif et la droite cherchent un compromis sur le texte, rejeté d'emblée lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée.
Le ministre de l'Economie a toutefois dit espérer que "les LR comprennent qu’il faut bouger les lignes sur deux points sensibles pour notre majorité : l'AME (aide médicale d'Etat, ndlr) et les conditions d'accès aux aides sociales" pour les étrangers, deux points qui avaient été restreints par la droite sénatoriale.
Après la victoire de la motion de rejet, la gauche hors du jeu
Et maintenant, que peut faire la gauche pour ne pas être le dindon de la farce sur l'immigration ? Après la victoire que constituait pour elle le rejet du projet de loi lundi à l'Assemblée, elle risque de voir cette dernière finalement voter un texte renforcé et marqué par le Sénat.
"La gauche a fait un coup politique lundi, elle est cocufiée", estime mardi le député Liot Benjamin Saint-Huile, un ancien socialiste.
Derrière cette formule, l'idée que de deux maux, la Nupes n'a pas choisi le moindre : alors que le texte présenté originellement à l'Assemblée nationale permettait de régulariser, sous conditions, les travailleurs sans-papiers dans les métiers sous tension , la nouvelle version issue de la Commission mixte paritaire (CMP) risque de faire passer cet article (le 4 bis) à la trappe.
"Nous pouvons nous en sortir uniquement à deux conditions", a encore estimé M. Le Maire. Premièrement, "si la majorité reconnaît qu'elle a subi une défaite" lundi avec l'adoption d'une motion de rejet à l'Assemblée. Et deuxièmement, "si les vainqueurs, les LR, font preuve d'un peu de mansuétude", a-t-il exhorté.
"Je suis peut-être optimiste, mais je pense qu'une voie est trouvable", a poursuivi M. Le Maire, alors qu'une commission mixte paritaire, composée de 7 députés et 7 sénateurs, doit se réunir lundi à 17H00 pour trouver un accord sur ce texte.
"Ce gouvernement a comme seule ligne rouge l'adoption d'un projet de loi immigration. Qu'importe le contenu. Qu'importe la surenchère xénophobe", a rapidement réagi sur X le patron des socialistes, Olivier Faure.
Elisabeth Borne a engagé mercredi un round de concertations avec Les Républicains, qui comptent s'accrocher à la version sortie du Sénat.
Mais la Première ministre doit aussi trouver un point d'équilibre chez des macronistes désireux de préserver le "en même temps" du texte, entre mesures de fermeté et régularisations de travailleurs sans papiers.