CASABLANCA: Quand l’immobilier va, tout va. Au Maroc, ce secteur stratégique emploie annuellement près d’un million de personnes et représente près de 6% du produit intérieur brut (PIB) du Maroc. En raison de la multiplication de crises exogènes ces dernières années, le marché a stagné et il s’est même effondré dans certaines villes. Une situation qui s’est poursuivie cette année à cause des hausses continues du taux directeur par Bank al-Maghrib.
En voulant faire face à une inflation importée, la Banque centrale marocaine a relevé le taux directeur à plusieurs reprises, provoquant un renchérissement sans précédent du coût du crédit. Une situation qui a créé un climat d’attentisme et d’incertitude, les Marocains désireux d’acquérir leur logement ayant reporté leur projet.
Baisse de 12%
Résultat: au cours du deuxième trimestre 2023, le nombre de transactions a enregistré une baisse de 12%, selon l'indice des prix des actifs immobiliers. Il est important de noter que, malgré cette diminution, les prix n'ont pas réellement connu de baisse; au contraire, ils ont augmenté dans la plupart des villes marocaines.
Pour faire face à ce décalage entre l’offre et la demande et donner un coup de fouet à ce secteur, le roi Mohammed VI a initié un programme d’aide directe au logement. Une première dans le Royaume, sous cette configuration. Couvrant la période 2024-2028, ce programme vise à renouveler l’approche d’aide à l’accès à la propriété et à venir en aide au pouvoir d’achat des ménages. Y sont éligibles les Marocains résidant au Maroc ou à l’étranger, qui ne sont pas propriétaires au Maroc et qui n’ont jamais bénéficié d’une aide au logement.
«Le nouveau programme d’aide au logement présenté devant le roi Mohammed VI permettra, sur le plan social, de faciliter l’accès au logement pour les classes sociales à faible revenu et la classe moyenne, de réduire le déficit en logements et d’accélérer l’achèvement du programme “Villes sans bidonvilles”», souligne le communiqué du Cabinet royal annonçant la programmation de ce dispositif.
Les montants de l’aide seront fixés en fonction de la valeur du logement acquis. Ainsi, le montant de l’aide est fixé à 100 000 dirhams (DH; 1 dirham marocain = 0,090 euro) pour l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur ou égal à 300 000 DH et à 70 000 DH pour l’acquisition d’un logement dont le prix est compris entre 300 000 DH et 700 000 DH.
«Le nouveau programme d’aide au logement présenté devant le roi Mohammed VI permettra, sur le plan social, de faciliter l’accès au logement pour les classes sociales à faible revenu et la classe moyenne, de réduire le déficit en logements et d’accélérer l’achèvement du programme “Villes sans bidonvilles”», souligne le communiqué du Cabinet royal annonçant la programmation de ce dispositif.
Reprise du secteur immobilier
Interrogé par Arab News en français, l’économiste Driss Effina ne cache pas son optimisme quant à une reprise du secteur immobilier à partir de l’année prochaine. «Grâce à ce programme, les futurs acquéreurs seront plus enclins à sauter le pas. Dans certaines villes comme Ouarzazate et Zagora, cette aide directe peut représenter jusqu’à la moitié de la valeur du bien immobilier. C’est énorme et ça contribuera à alléger considérablement le fardeau financier pour les Marocains et à renforcer leur pouvoir d’achat», déclare-t-il.
Toutefois, l'économiste souligne que la réussite de ce programme dépendra de l’adaptation de l’offre des promoteurs immobiliers. Ces derniers devront suivre et jouer le jeu, selon lui, en proposant des produits adaptés. Dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech ou Tanger, cela s’annonce difficile au vu du coût élevé du foncier. En revanche, dans les petites villes où la demande ne cesse de croître, des logements dont les prix ne dépassent pas les 300 000 DH ou 700 000 DH pourraient ainsi sortir prochainement de terre.