Le Mexique est peut-être l'un des rares producteurs de pétrole, sinon le seul, dont le budget n'a pas été affecté par la chute brutale des prix en avril, lorsque les cours du pétrole se sont effondrés.
Le groupe OPEP+ s’est entendu sur une baisse de la production de 10 millions de barils par jour pour stabiliser le marché, mais le Mexique s’y est opposé. C’est que le pays dispose d’une arme secrète : une couverture de Wall Street le protégeant des bas prix.
Au cours des deux dernières décennies, le Mexique a acheté des options de vente auprès d’un petit groupe de banques d’investissement et de sociétés pétrolières dans le cadre de l’accord annuel de Wall Street. Cette couverture donne au Mexique le droit de vendre son pétrole à un prix prédéterminé. Si les prix du pétrole s’effondrent, le Mexique peut continuer de le vendre à des prix plus élevés.
La couverture souveraine du Mexique a permis au gouvernement de réussir à obtenir les fonds nécessaires pour gérer correctement le budget national. En ce qui concerne la couverture 2020, diverses sources ont estimé que les deux tiers des options achetées par le Mexique étaient indexés sur le Brent (l'indice de référence international du pétrole brut), s’éloignant ainsi de l’indice de brut mexicain Maya. Il est largement admis que cela a été fait pour des raisons de « liquidité »
Si l'on s'attend à ce que les prix baissent, le Mexique attend lui que « l'indice de volatilité » ou « vix » diminue à son goût, avant d’utiliser sa couverture. Mais les couvertures pétrolières ont un coût : plus le « vix » est élevé, plus leur coût est élevé.
Evidemment, les banques ajouteront également leur marge, de sorte que de nombreux producteurs, qui possèdent leurs propres sociétés de négoce, bénéficieront d'un avantage considérable.
La question pour les autres grands producteurs est de savoir s'ils peuvent également réussir à utiliser une couverture pétrolière comparable à celle du Mexique ?
Si un programme technique prudent de gestion des risques est mis en place, cela pourrait générer d'énormes revenus, surtout si les réserves de pétrole bénéficient d’une couverture, ce qui peut constituer une petite partie de la production totale (avec certains producteurs, cela peut être équivalent à la production totale du Mexique, qui oscille autour de 1,7 millions de barils par jour).
La couverture pourrait générer des rendements massifs et assurer la diversification des sources de revenus. Mais cela doit être fait correctement. Les producteurs doivent disposer d'une gouvernance d'entreprise appropriée et d'un programme de gestion des risques judicieux. Conserver du pétrole dans des bacs de stockage à terre pour se couvrir est en effet une option pour les autres producteurs. D’autant plus que cela n’aurait aucun impact sur l’accord OPEP + ni sur la stabilité des cours mondiaux du pétrole. La couverture dispose du potentiel nécessaire pour générer des revenus plus élevés grâce à la diversification.
Faisal Faeq est conseiller en marketing énergétique et pétrolier. Il travaillait auparavant avec l'OPEP et Saudi Aramco.
Twitter: @faisalfaeq
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article pary sur Arabnews.com.