La semaine dernière, le secrétariat de l'OPEP a lancé la 14e édition de sa publication annuelle phare, « World Oil Outlook » (WOO2020), qui coïncidait avec le 60e anniversaire du groupe.
C'est la première fois que la publication prolonge son calendrier jusqu'en 2045, donnant un délai supplémentaire de cinq ans pour examiner les développements du secteur de l'énergie, que cela concerne la question de l’offre et de la demande, la politique, la technologie, les évolutions démographiques, et bien sûr l’environnement.
Le rapport indique que la récession économique déclenchée par la pandémie du coronavirus a conduit à la baisse « la plus forte » de la demande d'énergie de l'Histoire. Il met également en perspective un certain nombre de scénarios qui pourraient impacter la demande dans le secteur pétrolier au cours des prochaines décennies.
Le rapport s'attend à ce que malgré la pandémie, le pétrole reste le principal contributeur parmi les autres énergies au mix énergétique jusqu'en 2045. Il estime que sa part représentera plus de 27% du mix, devant le gaz (25%) et le charbon (20%). Il a toutefois revu à la baisse ses prévisions de croissance globale de la demande, ce qui s’explique en partie par l’impact des politiques climatiques émergentes qui continuent de remodeler le secteur.
Il prévoit une augmentation de la production de près de 10 millions de barils par jour (b/j) sur le long terme, atteignant 109,3 millions de b/j en 2040, une révision à la baisse de plus d’un million de b/j par rapport à ses prévisions de 2019. La demande mondiale de pétrole, elle, atteindrait 109,1 millions de b/j en 2045. En 2019, elle s’est élevée à 99,7 millions de b/j. De ce fait, pour l’OPEP, la demande de pétrole va plafonner à la fin des années 2030, et commencer à s'affaiblir d'ici 2045.
Du côté de l'offre, l'organisation prévoit une reprise rapide du secteur du pétrole de schiste américain à mesure que les conditions du marché s'amélioreront, mais elle ne s'attend pas à ce que le secteur atteigne les sommets qu'elle avait anticipés au cours de ses précédentes prévisions. À plus long terme, elle voit la production américaine de pétrole de schiste commencer à décliner à partir de 2030, comme dans les scénarios élaborés précédemment.
Le secrétariat de l’OPEP a cependant omis de prendre en compte dans ses évaluations le coût proportionnellement plus élevé des projets d’énergie renouvelable dans un contexte de prix du pétrole plus bas.
Avant l’émergence du Covid-19, il était peu probable que les faibles prix du pétrole et du gaz retardent ou réduisent à néant les projets d’énergie renouvelable, ou freinent des investissements dans le secteur. Mais dans le monde post-pandémique, cette élasticité des prix a radicalement changé, et devra peut-être être réévaluée dans les calculs des responsables de l’OPEP.
Faisal Faeq est conseiller en marketing de l'énergie et du pétrole. Il était auparavant avec l'OPEP et Saudi Aramco.
Twitter: @faisalfaeq
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Arab News.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com