Borne en campagne discrète pour rester à Matignon

La Première ministre française Elisabeth Borne s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024 au Sénat français, à Paris le 29 novembre 2023. (AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024 au Sénat français, à Paris le 29 novembre 2023. (AFP).
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Publié le Jeudi 30 novembre 2023

Borne en campagne discrète pour rester à Matignon

  • L'idée de changements au gouvernement s'est éloignée après la relaxe mercredi du garde des Sceaux par la Cour de justice de la République
  • Elisabeth Borne s'est aussitôt «réjouie» de cette décision, comme soulagée pour elle aussi, car une condamnation aurait pu conduire à une refonte de son équipe et accentuer les spéculations sur son propre remplacement

PARIS : Bientôt débarrassée de la litanie des 49.3, Elisabeth Borne fait tout, dans la discrétion, pour durer à Matignon en se projetant au moins jusqu'aux Jeux olympiques, sur fond de rumeurs de remaniement.

Dans l'immédiat, l'idée de changements au gouvernement s'est éloignée après la relaxe mercredi du garde des Sceaux par la Cour de justice de la République.

Elisabeth Borne s'est aussitôt "réjouie" de cette décision, comme soulagée pour elle aussi, car une condamnation aurait pu conduire à une refonte de son équipe et accentuer les spéculations sur son propre remplacement.

Mais la question d'un changement de locataire rue de Varenne reste posée par certains au sein du camp présidentiel qui souhaiteraient donner, dès janvier, un nouvel élan à l'action de l'exécutif.

Devant cette perspective, la Première ministre préfère se projeter dans six mois.

Matignon a ainsi donné une publicité inhabituelle à une série de dîners de travail cette semaine avec les députés de la majorité relative sur "les priorités du premier semestre" 2024.

Pour dissiper l'idée d'un "manque de souffle", aux dires d'une députée Renaissance, Elisabeth Borne a aussi mis en scène les cogitations de l'exécutif sur les nouveaux chantiers qui suivront la loi immigration, sur laquelle son avenir est en jeu.

Elle conviera lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et celui du Travail, Olivier Dussopt, pour discuter de "proposition nouvelles" en faveur du plein emploi, selon son entourage. Bruno Le Maire pousse à davantage de réformes pour y parvenir.

Campagne «invisible»

Elle a aussi dit attendre des propositions de ses ministres régaliens Gérald Darmanin (Intérieur) et Eric Dupond-Moretti (Justice) sur les violences des "bandes", qui ont pourtant déjà fait l'objet d'un plan interministériel en 2021.

Elisabeth Borne, en poste depuis 18 mois, doit d'autant plus défendre sa place que les ambitions de ses ministres s'expriment davantage qu'il y a un an, et ce pendant que les 49.3 s'enchaînent, parfois sous les quolibets, et génèrent comme une "dévitalisation du gouvernement", note un député Renaissance.

Devant une partie des députés macronistes mardi soir, elle a souligné le besoin de "redonner du sens à ce qu'on fait dans un contexte pas évident entre 49-3 et l'actualité nationale et internationale". Elle les a invités à "ne pas renoncer à transformer le pays", a rapporté l'un d'eux.

Même si, selon une autre source au sein du groupe, elle n'a "pas vraiment donné de vision de long terme, de cap".

Comme pour souligner qu'elle continue de se voir à Matignon, Elisabeth Borne a écarté la semaine dernière l'idée d'être tête de liste aux élections européennes. "Ce n'est pas mon projet", a-t-elle dit en marge d'un déplacement à Strasbourg. Et d'ailleurs "qui serait Première ministre ?", avait-on balayé à Matignon.

Elisabeth Borne "est en campagne pour rester" mais cette fois il s'agit d'une campagne "invisible" où "tu ne prends pas de risque", analyse un cadre de la majorité. Car "la campagne suractive, ça ne plaît pas" au président.

«Une préfète»

Multipliant consultations et "feuilles de route", Elisabeth Borne avait bataillé de longues semaines avant l'été pour rester à Matignon, après avoir porté la très contestée réforme des retraites. Pour laquelle elle avait échappé à la censure, à seulement neuf voix.

Les tensions s'étaient multipliées entre les deux têtes de l'exécutif.

Par exemple le chef de l'Etat n'avait pas apprécié qu'elle s'engage, dans un entretien à l'AFP, à ne plus recourir au 49.3 sur les textes non financiers.

La Première ministre "délivre, elle ne fait pas d’erreur" mais "il manque un truc", note le cadre de la majorité.

Elle avait ensuite généré fin août, "malgré elle, beaucoup d'attentes" en intervenant à la rentrée politique de Gérald Darmanin, selon une source ministérielle, après quoi elle s'est moins exposée médiatiquement.

Pourtant les mêmes qui souhaiteraient un changement admettent que son profil obéissant, de "réponse immédiate au président", correspond à ce que veut ce dernier.

Car "c'est fondamentalement une préfète", résume une source au MoDem.

"Nommer un Premier ministre de combat" c'est "tout l'inverse de ce que Macron a cherché jusqu'ici" pour Matignon, abonde un ancien locataire de la rue de Varenne.


Mandat d'arrêt contre Netanyahu: Barrot évoque des «questions d'immunité» pour «certains dirigeants»

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
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  • "La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI"
  • Tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants"

PARIS: Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome.

"La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI", a déclaré M. Barrot sur franceinfoTV, tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants". "C'est en dernier ressort à l'autorité judiciaire qu'il appartiendra de se prononcer", a-t-il ajouté.


Macron empoche une victoire diplomatique avec le cessez-le-feu au Liban

Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
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  • "Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée
  • Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle

PARIS: Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient, à quelques jours d'une visite d'Etat en Arabie saoudite.

"C'est un retour inespéré de la diplomatie française. Le Liban réhabilite le rôle de la France au Proche-Orient", résume à l'AFP Hasni Abidi, directeur du Centre d'études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

"Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée au dernier moment par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle.

Les Français sont restés depuis activement engagés dans les négociations, de concert avec les Américains, même si les Israéliens ont "voulu les en faire sortir", souligne une source française proche du dossier.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont les relations avec le président français sont notoirement tendues, a d'ailleurs, mardi soir, avant tout remercié l'américain Joe Biden "pour son implication" dans la trêve.

Le locataire sortant de la Maison Blanche a en revanche salué son homologue français pour "son partenariat" dans la négociation, entre Israël et le Hezbollah.

"Besoin de nous" 

Selon plusieurs sources sollicitées par l'AFP, Américains et Libanais ont insisté pour que la France reste dans le jeu en raison notamment de ses contacts avec le mouvement chiite libanais et l'Iran, qui le soutient.

"Les Américains avaient besoin de nous pour le Hezbollah", affirme un diplomate français. "Ils ont essayé de jouer (tout seuls) mais ça n'a pas marché donc les Français ont apporté leur plus-value traditionnelle", dit-il.

La France, en perte de vitesse ces dernières années au Moyen-Orient, retrouve ainsi sa "place traditionnelle" entre les différents acteurs de la région, relève-t-il. "De ce point de vue là, c'est une victoire".

Selon Hasni Abidi, les Libanais ont de leur côté "insisté sur la présence de la France car ils ne font pas confiance aux Américains, qui ont montré leur alignement total sur la position israélienne".

L'annonce tombe en tout cas à pic pour Emmanuel Macron, en mauvaise posture en France depuis la dissolution ratée de l'Assemblée nationale en juin et qui espère retrouver du souffle sur la scène internationale.

Le chef de l'Etat a jusqu'ici rarement été récompensé de ses efforts diplomatiques, de la Libye à l'Ukraine, où il a même essuyé de vives critiques pour avoir continué à dialoguer avec Vladimir Poutine après le début de l'offensive russe en février 2022.

Sans oublier le Liban, ancien protectorat français, où Emmanuel Macron a tenté en vain depuis 2020 de résoudre la crise institutionnelle qui paralyse le pays en mettant la pression sur ses responsables politiques.

"Mission délicate" 

Une telle annonce à quelques jours de sa visite d'Etat en Arabie saoudite, du 2 au 4 décembre, constitue aussi un atout potentiel pour le président français.

Il peut "essayer d'embarquer les Saoudiens" en faveur d'une stabilisation du Liban, notamment financière, même si le prince héritier Mohammed ben Salmane n'a peut-être "pas (forcément) cet objectif", esquisse Agnès Levallois.

Au-delà de l'annonce, le chemin s'annonce encore long pour la mise en œuvre effective du cessez-le-feu sur le terrain même si Paris et Washington vont "veiller" à ce que ce soit le cas.

Benjamin Netanyahu a d'ores et déjà annoncé qu'Israël conserverait une "totale liberté d'action militaire" au Liban, "en accord" avec les Etats-Unis, et "répondra" si le Hezbollah viole la trêve.

"Concrètement, comment les choses vont-elle se passer s'il y a un problème ?", s'interroge Agnès Levallois en notant que l'armée libanaise n'aura "pas beaucoup de moyens" pour faire tampon entre le mouvement chiite et l'armée israélienne.

Face à tous ces enjeux, "la France est face à une mission délicate: conserver son indépendance et sa ligne d'influence tout en gardant la confiance de tous les acteurs", avertit Hasni Abidi.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.