BRUXELLES: Le lobby européen de l'industrie automobile a demandé mercredi aux futurs membres des institutions européennes, qui doivent être renouvelées en 2024, de ralentir la cadence sur les nouvelles règlementations du secteur.
L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) demande à l'Europe de "dépasser une approche centrée sur l'empilement de nouvelles réglementations, et développer plutôt une stratégie cohérente sur le long terme".
Avec l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035, les institutions européennes exigent un tournant historique de l'automobile vers la voiture électrique.
Selon l'ACEA, les institutions européennes doivent davantage "effectuer un planning de long terme" et "adopter un tempo règlementaire plus raisonnable".
Il faudrait par ailleurs accélérer le déploiement des bornes de recharge électrique et des stations hydrogène, mais aussi étendre les bonus à l'achat et les avantages fiscaux pour l'achat de véhicules moins polluants, estime l'ACEA.
Si la plupart des constructeurs se sont engagés à vendre 100% de voitures électriques avant 2035, plusieurs marques considèrent que les moteurs thermiques pourraient avoir un répit.
Les constructeurs ont déjà soufflé fin septembre quand les pays membres de l'UE ont écarté un nouveau durcissement des normes de pollution sur les gaz d'échappement des voitures particulières, estimant qu'il risquait de freiner les investissements dans les véhicules électriques.
L'ACEA a aussi renouvelé jeudi son appel à la "neutralité technologique". Elle demande "des alternatives viables pour des carburants/substances spécifiques", sous-entendant que les biocarburants et carburants synthétiques pourraient jouer un rôle grandissant.
Les constructeurs demandent également aux institutions de "garantir des conditions de concurrence égales sur le marché pour les voitures fabriquées en Europe de façon équitable".
La Commission a ouvert en septembre une enquête sur les subventions que recevraient les constructeurs chinois, les aidant à inonder le marché européen de voitures électriques bon marché.
L'ACEA demande également qu'on garantisse aux constructeurs "l'accès aux matières premières critiques" via des "accords d'échange avec d'autres Etats", alors que les batteries des voitures électriques sont composées de nombreuses matières peu extraites en Europe, comme le lithium ou le cobalt, et souvent raffinées en Chine.
L'industrie automobile compte 13 millions d'emplois en Europe et 7% du produit intérieur brut de l'Union, selon l'ACEA, qui représente Volkswagen, Renault, Toyota, BMW, Hyundai ou encore Ferrari.
Alors que les émissions de gaz toxiques des transports sont en grande partie responsables du réchauffement climatique et de la pollution atmosphérique, le virage électrique avait été précipité par le scandale du "dieselgate" qui avait ébranlé l'industrie automobile en 2015.