PARIS: Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre, des étudiants juifs évoquent un climat "hostile" dans des universités en France, et citent des menaces ou des tags antisémites sur les murs: un "fléau" que les établissements tentent de combattre quotidiennement.
Des étudiants juifs de l'université de Nanterre ont rapporté à la presse des "pressions" et des "menaces" subies depuis le 7 octobre dans l'enceinte de l'établissement.
"Au-delà des tags, c'est avant tout un climat hostile, une atmosphère que l'on dénonce envers les étudiants juifs, qui se sentent en insécurité", explique à l'AFP Samuel Lejoyeux, le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF).
"Deux articles 40", une disposition qui permet à un agent public d'avertir la justice, ont été déposés par l'université de Nanterre et sont actuellement en "cours d'investigation", selon le préfet des Hauts-de-Seine Laurent Hottiaux. Ils concernent "un tract et une vidéo" jugés antisémites.
M. Lejoyeux concède que "les actes recensés sont minoritaires si l'on compare par exemple aux Etats-Unis" mais il se dit "inquiet".
Plusieurs organisations de jeunesse dont la Fage et l'Unef appelaient à un rassemblement "contre l'antisémitisme" mardi soir place du Panthéon à Paris.
Mais avec une trentaine de personnes seulement, "on n'a pas réussi à rassembler beaucoup de monde aujourd'hui, c'est assez triste et on le déplore clairement", reconnaissait sur place Loona Mourenas, première vice-présidente de la Fage.
"C'est un combat qu'on continuera de mener sur nos campus", assurait Salomé Hocquard, déléguée générale adjointe de l'Unef, regrettant une "recrudescence tres forte, depuis l'attaque du 7 octobre, de l'antisémitisme"
Plus tôt dans la journée, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a mis en cause "une minorité de personnes d'extrême gauche" qui selon elle, seraient "liées" à des faits identifiés d'antisémitisme au sein de l'établissement, sans donner davantage de détails.
La ministre, s'exprimant lors d'un déplacement à Nanterre, a qualifié l'antisémitisme de "fléau" et pointé des actes "intolérables". Selon elle, "on ne peut pas venir à l'université, quelle que soit sa religion, ses convictions, avec la boule au ventre": "Il faut montrer qu'on met les limites".
«Actes isolés»
Maya Benhaim, étudiante en 3e année de droit dans cette université de l'ouest parisien et vice-présidente de l'UEJF à Nanterre dénonce un "climat anxiogène" dans son établissement. "On vient ici pour étudier et pas pour recevoir de la haine", lance cette étudiante qui a décidé de "ne pas se laisser marcher sur les pieds, sans avoir peur".
Pour ne "pas laisser penser que l'antisémitisme à sa place à l'université, chaque jour, une équipe d'une dizaine de personnes fait le tour des amphis, des couloirs pour effacer des éventuels tags à caractère antisémites", raconte à l'AFP Nicolas Bourbon, chargé de mission égalité et non discrimination à l'université de Nanterre.
A Nanterre, Sylvie Retailleau a appelé les étudiants "victimes ou témoins" à aller "vers les référents antisémitisme, racisme, discriminations, présents dans tous les établissements", des cellules de référents dont la visibilité est promue par les universités, assure-t-elle.
"Les présidents d'universités sont très mobilisés contre l'antisémitisme et réagissent très rapidement en cas d'incidents", assure Guillaume Gellé, président de France Universités, qui rassemble les dirigeants des universités et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche.
Lui aussi évoque des "actes isolés" contre les étudiants juifs dans les universités en France. "Assez peu mais c'est déjà trop", dit-il.
Aux Etats-Unis, les actes antisémites sont beaucoup plus nombreux. Le ministère américain de l'Education a récemment ouvert plusieurs enquêtes pour antisémitisme ou islamophobie au sein de très prestigieuses universités (Columbia, Cornell, et de Pennsylvanie --trois établissements d'élite de la côte Est), dont les campus sont vivement secoués par les réactions à la guerre au Proche-Orient.
Peu après le 7 octobre, la ministre avait appelé les responsables d'universités et d'établissements post-bac à "prendre toutes les mesures nécessaires" pour "veiller au respect de la loi et des principes républicains", face à des "dérives".
Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1.200 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande de Gaza. Selon le Hamas, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 13.300 morts.