Alors que lundi prochain marquera la Journée universelle de l'enfance, également connue sous le nom de Journée mondiale de l'enfance, il est important de réaffirmer les droits des enfants à travers le monde. La communauté internationale doit garantir le bien-être et le développement de tous les enfants. Il est donc impératif de reconnaître le fait qu’investir dans notre avenir nécessite un investissement dans nos enfants.
À la fin de la Première Guerre mondiale, Eglantyne Jebb fonda l'organisation Save the Children. Elle rédigea un document clair dans lequel elle mettait l'accent sur les droits des enfants et le devoir de la communauté internationale de les protéger, de garantir et de prioriser leurs droits. Son document fut adopté par la Société des nations en 1924..
Cette évolution était importante car il s’agissait du premier document relatif aux droits humains adopté par une organisation intergouvernementale. Plus tard, il devint la Déclaration des droits de l’enfant.
L'Assemblée générale des Nations unies choisit par la suite le 20 novembre comme Journée universelle de l'enfance, la même date à laquelle elle adopta la Déclaration des droits de l'enfant en 1959. Trois décennies plus tard, l'ONU adopta une version élargie du document, désormais connue sous le nom de Convention relative aux droits de l'enfant.
L'importance de cette convention réside dans le fait qu'elle couvre un large éventail de droits humains, allant des droits sociaux, culturels, éducatifs, politiques et civils aux droits économiques.
«Les droits des enfants incluent l’accès aux besoins fondamentaux tels que la nourriture, le logement, les soins de santé, l’éducation et l’eau potable.»
Dr Majid Rafizadeh
Les droits des enfants incluent l’accès aux besoins fondamentaux tels que la nourriture, le logement, les soins de santé, l’éducation et l’eau potable, ainsi que la sécurité contre toute forme d’exploitation et la protection contre tout préjudice physique et émotionnel.
Il est tout aussi crucial que les enfants puissent exprimer leurs opinions et soient traités avec respect pour leurs opinions et leurs points de vue. Les trois piliers fondamentaux de la Convention relative aux droits de l'enfant sont la protection des enfants contre toute forme de discrimination, la priorité accordée à l'intérêt supérieur de l'enfant, et la garantie de leurs droits à la vie, au développement et à la survie.
Cependant, près d'un siècle après l'adoption du projet de document de d’Eglantyne Jebb sur les droits de l'enfant, la communauté internationale semble incapable de protéger pleinement les enfants, notamment en temps de guerre. Ainsi, Gaza est aujourd'hui en passe de devenir un «cimetière pour enfants», selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Les enfants sont les premiers à subir les conséquences de la guerre. «Les enfants […] ont commencé à développer de graves symptômes de traumatisme tels que des convulsions, l’énurésie nocturne, la peur, un comportement agressif et une nervosité, et restent accrochés à leurs parents», a expliqué le mois dernier Fadel Abou Heen, un psychiatre de Gaza.
Avant même que la dernière vague de violence n’éclate à Gaza, Human Rights Watch avait publié un rapport intitulé «Cisjordanie: summum des meurtres israéliens d’enfants palestiniens». Ce rapport du mois d’août mettait en garde contre le fait que l’année dernière était «la plus meurtrière pour les enfants palestiniens en Cisjordanie depuis quinze ans, et que 2023 était en passe d’atteindre ou de dépasser les niveaux de 2022.»
«La communauté internationale semble incapable de protéger pleinement les enfants, notamment en temps de guerre.»
Dr Majid Rafizadeh
L'un des problèmes les plus critiques réside dans l'incapacité de l'ONU à instaurer un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin au bombardement incessants de Gaza par Israël. Bien que la mise en place d'un cessez-le-feu soit soutenue par la majorité des membres du Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis – les alliés les plus fervents d'Israël –, ont bloqué une résolution appelant à un arrêt des hostilités. Près de cent États membres de l'ONU ont également appelé à un cessez-le-feu, mais l'organisation est paralysée et incapable d'agir. Il est fondamentalement antidémocratique qu'un seul membre puisse empêcher le Conseil de sécurité de l'ONU de demander un cessez-le-feu pour protéger les enfants et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Guterres a déjà exprimé sa frustration face à l'incapacité de l'ONU à agir.
Cette situation montre clairement pourquoi il est essentiel que la structure de l’ONU soit réformée afin qu’un seul membre ne puisse pas outrepasser la volonté de la majorité. Au lieu d’un cessez-le-feu, le Conseil de sécurité a adopté mercredi une résolution appelant à des «pauses humanitaires prolongées et urgentes» à Gaza, exhortant «toutes les parties à respecter leurs engagements en vertu du droit international, notamment en ce qui concerne la protection des civils, en particulier des enfants». Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mené par l’ambassadrice de Malte auprès des Nations unies, Vanessa Frazier.
Au Soudan, les enfants subissent également le poids d'une guerre qui dure depuis sept mois.
Des millions d'enfants sont exposés à la violence, aux abus et à l'exploitation, sachant que plus de 1 000 enfants de moins de cinq ans sont morts dans neuf camps du pays. Une autre réalité préoccupante est le recrutement d'enfants comme soldats au Soudan. Selon Siobhan Mullally, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la traite des personnes, notamment des femmes et des enfants, «le recrutement d'enfants par des groupes armés à des fins d'exploitation – notamment dans des situations liées aux combats –, est considéré comme une violation flagrante des droits de l'homme, un crime grave et une infraction au droit international humanitaire».
Malheureusement, lors de conflits et de périodes d’instabilité, certains groupes armés mettent en œuvre diverses tactiques pour recruter des enfants étrangers. Ils visent souvent les enfants et les familles vulnérables. Certains sont kidnappés et agissent sous la contrainte, tandis que d’autres familles se voient offrir des avantages financiers pour qu’elles laissent leurs enfants combattre dans les conflits. De plus, un bon nombre de ces enfants proviennent de classes socio-économiques inférieures, les recruteurs exploitant leur pauvreté.
En bref, il incombe à la communauté internationale de placer la sécurité des enfants, ainsi que leurs droits sociaux, économiques, politiques et civils, en tête de ses priorités. Si nous voulons investir dans l'avenir, nous devons commencer par investir dans nos enfants.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard.
X: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com