Plus de 100 000 manifestants à Paris contre l'antisémitisme

Des manifestants, brandissant des pancartes et participent à une marche contre l'antisémitisme à Paris, le 12 novembre 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants, brandissant des pancartes et participent à une marche contre l'antisémitisme à Paris, le 12 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 novembre 2023

Plus de 100 000 manifestants à Paris contre l'antisémitisme

  • La France insoumise, accusée d'ambivalences sur l'antisémitisme, ne participe pas à la manifestation du fait de la présence du RN
  • L'esplanade des Invalides, point de départ de la marche, est restée longtemps emplie d'une foule compacte, témoignant d'une très forte affluence

PARIS: Une foule très nombreuse, un signal adressé par les Français: plus de 100.000 personnes ont défilé dimanche à Paris et des dizaines de milliers d'autres partout en France pour la "grande marche" contre l'antisémitisme, en présence d'une bonne partie de la classe politique, mais sans le chef de l'Etat ni l'opposition de gauche radicale.

"Pour la République, contre l'antisémitisme": derrière ce mot d'ordre, la tête du cortège s'est élancée depuis le parvis de l'Assemblée nationale avant de s'arrêter à plusieurs reprises pour entonner la Marseillaise. Peu de pancartes ou de banderoles, mais les drapeaux tricolores étaient de sortie.

L'esplanade des Invalides, point de départ de la marche, est restée longtemps emplie d'une foule compacte, témoignant d'une très forte affluence. Les manifestants étaient précisément 105.000 à Paris, selon la police, mais aussi 7.500 à Marseille ou encore 3.000 à Lyon et Strasbourg.

Au total, le ministère de l'Intérieur a totalisé en fin de journée 182.000 participants, dont la capitale, dans plus de 70 villes.

"Je ne pensais pas devoir manifester un jour contre l'antisémitisme", a témoigne auprès de l'AFP Johanna, 46 ans, secrétaire médicale en Seine-Saint-Denis, venue pour la seule raison qu'on ne doit pas "avoir peur d'être juif". Comme beaucoup, elle a préféré ne donner que son prénom.

Un carré de personnalités politiques, au premier rang desquelles les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l'initiative de cette marche, ainsi que la Première ministre Elisabeth Borne, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, et le président du Crif Yonathan Arfi.

"On est heureux et rassurés que les Français aient répondu présents", a dit Yaël Braun-Pivet. "Notre ordre du jour, c'est la République", a résumé M. Larcher, prônant un "sursaut citoyen" face à l'explosion du nombre d'actes hostiles aux juifs depuis les massacres du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte militaire massive qui a suivi.

La France compte la communauté juive la plus nombreuse d'Europe, avec environ 500.000 personnes, qui vivent côte-à-côte avec des millions de musulmans. L'augmentation des actes antisémites est un des signes d'une importation redoutée du conflit.

"Je suis juif et j'ai pas envie de me cacher pour pouvoir vivre tranquillement", témoigne Lucas, 17 ans, lycéen en banlieue parisienne.

C'est une cause pour laquelle "tout le monde devrait se sentir concerné", a jugé le grand rabbin de France Haïm Korsia, regrettant que le sujet ait tourné au pugilat politique, "une honte".

"Les postures n'ont pas leur place" dans cette manifestation, a mis en garde Elisabeth Borne dimanche matin, ciblant à la fois La France insoumise dont "l'absence parle d'elle-même", et le Rassemblement national dont "la présence ne trompe personne".

Tensions

"Nous sommes exactement là où nous devons être", a rétorqué Marine Le Pen quelques heures plus tard depuis les Invalides, fustigeant la "petite politique politicienne" de ses détracteurs qui soulignent depuis plusieurs jours le passé antisémite de son parti.

Elle a reçu un soutien inattendu d'Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron qui, tout en combattant le RN, ne fait "pas le tri des bonnes volontés qui veulent lutter contre l'antisémitisme".

Pour des électeurs d'extrême droite comme Christine, retraitée de 71 ans rencontrée dans la manifestation, "on est en train de faire passer le RN pour un parti anti-juif à cause des mots maladroits" de son fondateur Jean-Marie Le Pen.

La présence du RN était cependant source de quelques tensions dans le défilé. Un groupe de militants juifs de gauche a ainsi brièvement essayé de s'opposer à sa participation au début de la manifestation.

Les partis de gauche Europe Ecologie-Les Verts, PS et PCF ont eux choisi de s'afficher derrière une banderole commune "contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme" dans une démarche de "cordon républicain" face à l'extrême droite, qui a défilé en queue de cortège.

"On ne peut pas nier qu'on connaît des voisins juifs qui ont peur", dit à l'AFP Nathalie Cassard, 53 ans, parisienne, lectrice documentaliste et électrice de gauche.

Lutte contre l'antisémitisme: Edouard Philippe «prend tout le monde» RN compris

L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a pris le contrepied du reste de la majorité macroniste dimanche, en jugeant d'un bon œil la participation du Rassemblement national (RN) à la manifestation contre l'antisémitisme.

"Lorsqu'il s'agit de dire quelle nation nous voulons être, lorsqu'il s'agit de dire que nous voulons combattre l'antisémitisme, moi je prends tout le monde", a-t-il dit sur BFMTV, tout en rappelant qu'il est un adversaire résolu du parti de Marine Le Pen.

"Le Front national est un parti politique que je combats", a-t-il déclaré en utilisant l'ancien nom du Rassemblement national, lié à son cofondateur désormais écarté Jean-Marie Le Pen, condamné à plusieurs reprises pour des propos antisémites ou négationnistes.

"Le fait que le Rassemblement national dise de façon explicite, peut-être désormais, qu'il lutte contre l'antisémitisme est quelque chose à prendre en compte. Je ne fais pas le tri des bonnes volontés qui veulent lutter contre l'antisémitisme", a ajouté le favori des sondages dans le camp macroniste pour l'élection présidentielle de 2027.

Macron absent

Emmanuel Macron, lui, a décidé de ne pas défiler. Le président s'est adressé aux Français samedi soir, par le biais d'une lettre dans le journal Le Parisien. Il y a déploré "l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé".

"Une France où nos concitoyens juifs ont peur n'est pas la France", a-t-il écrit, en lançant un appel à l'unité du pays derrière "son universalisme".

Mais la France insoumise manquait à l'appel. Le parti de gauche radicale, accusé d'ambivalences sur l'antisémitisme, boycottait la manifestation du fait de la présence du RN. Jean-Luc Mélenchon a affirmé en fin de journée que les organisateurs avaient "échoué à reproduire les mobilisations générales du passé".

Signe d'une fracture grandissante, le dépôt de gerbe organisé par LFI en fin de matinée près de l'emplacement de l'ancien Vel d'Hiv a été perturbé par un groupe de contre-manifestants arborant des pancartes "Touche pas à la mémoire".

Les responsables musulmans étaient par ailleurs divisés, plusieurs organisations ayant déploré que l'appel à manifester ne comporte "pas un mot sur l'islamophobie" et pointé "les amalgames" entre islam et antisémitisme.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.