GAZA: Drapeau blanc de fortune à la main, des dizaines de Palestiniens ont fui mardi le nord de la bande de Gaza où des combats acharnés opposent l'armée israélienne et le Hamas, pour se rendre dans le sud du territoire palestinien.
"C'était tellement effrayant", témoigne auprès de l'AFP Ola el-Ghul, une Palestinienne déplacée par cette guerre qui est entrée mardi dans son deuxième mois.
"Nous nous sommes tenus la main et nous avons continué de marcher", raconte-t-elle. "Nous étions tellement nombreux. Nous tenions des drapeaux blancs. C'est vrai que nous avions peur, mais finalement nous avons réussi à passer", a-t-elle ajouté.
L'armée israélienne a de nouveau appelé lundi, dans des tracts largués depuis des avions, les civils à quitter le nord de Gaza pour le sud.
Des vidéos de l'AFP montrent de nombreuses personnes, dont des enfants, marcher, avec souvent un petit sac pour seul bagage, vers le sud de la bande de Gaza. Certains font le voyage sur une charrette tirée par un âne. D'autres sont dans des fauteuils roulants.
Les bombardements israéliens ont provoqué le déplacement de 1,5 million de personnes dans la bande de Gaza, un territoire pauvre de 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU. Dernièrement, entre 300.000 et 400.000 civils étaient encore présents dans le nord de Gaza, selon l'ONU.
"Nous sommes arrivés à pied dans le sud depuis le centre de Gaza. Je ne pensais pas que ce serait si long", explique Amira Al-Sakani, en serrant dans ses bras l'un de ses enfants en bas âge.
Elle raconte avoir vu sur le chemin "des corps de martyrs", un terme qui désigne les Palestiniens tués dans le contexte du conflit avec Israël, "certains en morceaux".
Plus de 10.300 personnes, dont plus de 4.000 enfants, ont été tuées dans la bande de Gaza dans les bombardements incessants de l'armée israélienne.
Cette guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, dans laquelle plus de 1.400 personnes ont été tuées, majoritairement des civils.
Corps en décomposition
En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. L'armée israélienne a lancé une opération terrestre le 27 octobre.
Les bombardements touchent durement les civils, y compris dans le sud du territoire, soumis aussi à un siège qui les prive d'eau, de nourriture et d'électricité depuis le 9 octobre - après déjà un blocus de plus de 16 ans, depuis l'arrivée au pouvoir en 2007 du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 3.600 personnes sont mortes dans le sud et le centre de Gaza.
Beaucoup de ces déplacés ont raconté à l'AFP la difficulté de rallier une région où ils espèrent être plus en sécurité.
Haitham Noureddine explique avoir marché quatre kilomètres avec sa mère et d'autres membres de sa famille, jusqu'au camp de réfugiés de Bureij, dans le centre du territoire, et avoir vu des corps en décomposition sur le chemin. La famille a quitté son domicile de Gaza-Ville près de l'hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, en raison des bombardements intensifs dans la zone.
"La situation est horrible, la situation n'est pas humaine, la situation est catastrophique", affirme un autre déplacé, Motaz El-Ajala.
Hatim Abu Riash assure avoir eu peur alors qu'il marchait près des soldats israéliens.
"Près des soldats, près des armes, près des tanks (...), c'était vraiment horrible", dit cet homme qui a fui le camp de réfugiés de Jabalyia, dans le nord, bombardé à plusieurs reprises.
"Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes des civils. Nous voulons vivre en paix", a-t-il dit.
Mais la détresse ne se limite pas au nord de Gaza. Dans le centre et le sud du territoire, plus de 550.000 personnes sont hébergées dans 92 centres gérés par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA).
Dans un de ces centres, plus de 600 personnes doivent se partager un sanitaire, selon cette agence.