Les frondeurs de LFI s'insurgent de la mise au ban de la députée Garrido

Raquel Garrido, députée du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), prononce un discours lors des journées d'été d'EELV au Havre, dans le nord-ouest de la France, le 24 août 2023 (Photo, AFP).
Raquel Garrido, députée du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), prononce un discours lors des journées d'été d'EELV au Havre, dans le nord-ouest de la France, le 24 août 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 08 novembre 2023

Les frondeurs de LFI s'insurgent de la mise au ban de la députée Garrido

  • Raquel Garrido «ne pourra plus être oratrice au nom du groupe dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois», a annoncé le bureau du groupe parlementaire de La France insoumise
  • Elle a dénoncé sur X un bureau «auto-proclamé instance de discipline pour tenter - quelle immaturité - de régler des désaccords politiques par des mesures de coercition»

PARIS: Cela faisait des mois que la grogne couvait parmi les frondeurs de LFI. Les protestations se font désormais en place publique, depuis la mise en retrait mardi de la députée Raquel Garrido, sanctionnée pour avoir ouvertement critiqué plusieurs membres du mouvement et Jean-Luc Mélenchon.

La députée de Seine-Saint-Denis "ne pourra plus être oratrice au nom du groupe dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois", a annoncé le bureau du groupe parlementaire de La France insoumise. Elle ne pourra notamment plus s'exprimer lors des séances des questions au gouvernement.

"Elle a déjà fait l'objet d'une mise en garde (...) pas suivie d'effets visiblement", a commenté le coordinateur du mouvement Manuel Bompard sur Franceinfo.

Raquel Garrido a dénoncé sur X un bureau "auto-proclamé instance de discipline pour tenter - quelle immaturité - de régler des désaccords politiques par des mesures de coercition".

Elle a expliqué ensuite sur France 5 avoir été sanctionnée pour avoir notamment exprimé son désaccord sur "la façon dont depuis un an la France insoumise est dirigée", car "plutôt que de fédérer, nous avons clivé".

Mais celle qui a été l'avocate de Jean-Luc Mélenchon n'entend pas quitter le parti. "Jamais de la vie! J'ai cofondé un parti-programme, pas un parti personnel" autour de Jean-Luc Mélenchon, a-t-elle rappelé, en demandant: "Comment faire pour avoir un débat serein en notre sein?"

Cette mise à l'écart a été très vivement critiquée par les autres voix dissidentes de LFI.

"Solidarité !", a réagi, sur X, Alexis Corbière, conjoint de Mme Garrido. "On ne règle pas les désaccords stratégiques et politiques par des sanctions administratives infondées".

Clémentine Autain s'est dite "atterrée". "Le parti ne se renforce pas en s'épurant", a-t-elle estimé sur France Inter. "Quelle honte !", s'est indignée pour sa part Danielle Simonnet. "Insoumis.es n'acceptez pas cela !".

Avec Raquel Garrido, ces trois élus comptent pourtant parmi les plus anciens compagnons de route de Jean-Luc Mélenchon: ils l'ont épaulé depuis l'époque du Front de gauche ou même du Parti socialiste (dont le leader insoumis a été membre jusqu'en 2008) pour certains.

"Ca me fait tellement bizarre d'être classifié comme +opposant+ à Jean-Luc maintenant", soufflait récemment l'un d'eux à l'AFP.

«Règlement inconnu»

Raquel Garrido a notamment reproché publiquement à Jean-Luc Mélenchon de "nuire" à LFI après les positions du tribun jugées trop complaisantes sur le Hamas.

Depuis qu'ils ont été tenus à l'écart de la direction du mouvement, les "frondeurs" multiplient aussi les critiques sur la gestion de l'affaire du député Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, ou la stratégie de maintien au sein de la coalition Nupes.

"Ce n'est pas fait exprès, mais on se retrouve sur tous ces sujets", expliquait à l'AFP l'un d'entre eux lors de l'université de rentrée du mouvement fin août.

Habituellement très peu enclin aux critiques internes, le présidentiable François Ruffin a aussi réagi à la mise à l'écart de Raquel Garrido.

"Quel obscur alinéa de quel règlement inconnu décide de cela ? A défaut de pouvoir débattre ensemble, la direction de mon groupe parlementaire pourrait-elle nous fournir la grille tarifaire en cas de divergence politique ?", a-t-il interrogé.

La sanction contre la députée de Seine-Saint-Denis renforce les accusations de déficit démocratique au sein du mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon.

"Plusieurs membres de la garde rapprochée de Mélenchon, comme Charlotte Girard, ont déjà été écartés après s'être opposés à lui", note le politologue Frédéric Sawicki, spécialiste des organisations politiques et professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. "Il les a remplacés par des gens plus jeunes sur lesquels il a plus de prise".

Charlotte Girard, ancienne porte-parole pendant la présidentielle de 2017, avait quitté le mouvement en 2019 au nom notamment d'un "manque de démocratie" en interne.

"Tant que vous avez un parti sans statut ou que les dirigeants ne sont pas démocratiquement élus, la seule ligne c'est celle qui est imposée par le chef", ajoute Frédéric Sawicki.

Des accusations balayées, en conférence de presse mardi, par Mathilde Panot, cheffe des députés insoumis.

"Il est faux de dire que Mme Garrido aurait été sanctionnée pour avoir critiqué ou pour avoir juste exprimé ses idées", a-t-elle assuré.


Mobilisations propalestiniennes: 86 personnes placées en garde à vue

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
Short Url
  • Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens
  • Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires

PARIS: L'évacuation de militants propalestiniens de l'université de la Sorbonne à Paris mardi soir a donné lieu au placement en garde à vue de 86 personnes, a indiqué le parquet de Paris mercredi.

Le ministère public doit faire mercredi un nouveau bilan sur ces mesures en cours qui concernent toutes des personnes majeures.

Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires.

"Les infractions principalement visées sont les suivantes : dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement", a ajouté le parquet.

Intervention des forces de l’ordre 

Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens, en écho aux messages répétés de fermeté du gouvernement.

Moins de 24 heures après que le Premier ministre Gabriel Attal a rappelé lundi soir qu'il n'y aurait "jamais de droit au blocage" dans les universités françaises, les forces de l'ordre ont pénétré mardi soir dans la Sorbonne pour évacuer des manifestants propalestiniens qui occupaient depuis environ deux heures un amphithéâtre, en "solidarité" avec Gaza, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les militants, qui étaient une centaine environ à l'intérieur, selon des sources concordantes, ont été sortis au compte-gouttes dans une rue latérale de l'université, parfois portés à bout de bras par des agents.

La préfecture de police avait fait état de 88 interpellations lors de cette intervention achevée peu avant minuit, selon le rectorat et une source policière.

Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont la France insoumise, Urgence Palestine, Solidaires ou l'Union étudiante, ont appelé à un rassemblement à 13H00 mercredi devant l'Hôtel de ville de Paris pour demander la remise en liberté des militants interpellés.

L'Unef, qui a appelé aussi à ce rassemblement, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat de la répression des étudiant.e.s qui se mobilisent pour la paix". "La répression sur les lieux d’études est sans précédent" et les étudiants mobilisés "sont désormais considérés comme des +fauteurs de trouble+ voire des criminels", fustige le syndicat étudiant.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Short Url
  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Short Url
  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.