BEYROUTH: La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a prévenu lundi de la nécessité de mettre un terme à l'escalade militaire potentielle entre Israël et le Hezbollah au Sud-Liban.
Cette mise en garde fait suite à une frappe aérienne israélienne qui a tué une femme et trois fillettes dans le sud du pays.
«Tout décès de civil est une tragédie. Personne ne souhaite voir davantage de personnes blessées ou tuées», a déclaré Andrea Tenenti, porte-parole de la Finul.
«Nous appelons tout le monde à cesser le feu maintenant pour éviter que d'autres personnes ne soient blessées», a-t-il ajouté.
L'attaque israélienne a entraîné la mort de Samira Abdel Hussein Ayoub et de ses trois petites-filles, Remas Mahmoud Shor, 14 ans, Talin Mahmoud Shor, 12 ans, et Layan Mahmoud Shor, 10 ans.
À la demande du ministère de l'Éducation, les élèves libanais ont observé une minute de silence dans leurs écoles lundi en hommage aux enfants tuées.
Les Forces de défense israéliennes auraient visé deux voitures civiles avec un drone sur une route entre les localités d'Aitaroun et d'Aainata.
La mère des fillettes, Hoda Abdel-Nabi Hejazi, qui conduisait la première voiture, est actuellement à l'hôpital après avoir été opérée pour soigner ses blessures.
Son frère, un journaliste, a été blessé dans la seconde voiture.
La Finul a été témoin de tirs intenses de part et d'autre de la Ligne bleue dimanche, a indiqué M. Tenenti.
«Nous avons appris que quatre civiles, trois jeunes filles et une femme, ont été tués dans les environs d'Aitaroun, dans le sud du Liban», a déclaré M. Tenenti.
«Nous rappelons à toutes les parties concernées que les attaques contre les civils constituent une violation du droit international et peuvent être assimilées à des crimes de guerre.»
Les dirigeants libanais ont condamné le «massacre d'enfants et de civils» et Beyrouth a déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet.
«Il s'agit d'un crime odieux et d'une nouvelle honte pour la conscience mondiale qui ferme les yeux sur ce que fait l'occupation israélienne au Sud-Liban et à Gaza», a affirmé le Premier ministre sortant, Najib Mikati.
Le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a quant à lui déclaré: «Il s'agit d'un crime de guerre qui reflète la réalité de la politique israélienne consistant à prendre délibérément pour cible des familles, des enfants, des médecins et des journalistes.»
«Le bombardement a visé une route ordinaire sur laquelle circulent des voitures civiles dans une localité dont les habitants sont considérés comme aisés en raison des demeures et des villas qui y ont été construites», a pour sa part indiqué un correspondant dans la zone frontalière à Arab News.
«La route est exposée aux positions israéliennes, mais elle est loin de la Ligne bleue», a-t-il précisé.
«Il est incompréhensible que les deux voitures aient été visées, d'autant plus qu'aujourd'hui, lundi, il y a de la circulation sur la même route et qu'aucune voiture n'a été prise pour cible.»
Alors que le déplacement des civils libanais des zones frontalières du sud vers les zones situées au nord du fleuve Litani se poursuit, les autorités britanniques ont décidé de réduire le nombre de membres du personnel de leur ambassade au Liban.
L'évacuation des ressortissants étrangers et des personnes ayant la double nationalité se poursuit après trente jours de guerre dans la bande de Gaza et de tensions dans le Sud-Liban.
Escalade à la frontière
Le Hezbollah a réagi à l'assassinat de la famille libanaise en tirant des roquettes Grad sur la colonie israélienne de Kiryat Shmona. L’organisation a souligné dans un communiqué qu'elle «ne tolérera jamais aucun dommage ou agression contre des civils. Les représailles seront résolues et puissantes».
Le Hezbollah a visé des sites militaires israéliens avec des missiles guidés dans la nuit de dimanche à lundi.
L'armée israélienne a répondu par des tirs d'artillerie à proximité des zones de lancement des missiles. Des tirs d'artillerie israéliens ont également touché la ville frontalière de Naqoura lundi matin.
Depuis le 8 octobre, la Ligne bleue est le théâtre d'opérations militaires au cours desquelles le Hezbollah a visé des positions israéliennes.
Les Forces de défense israéliennes ont bombardé des localités et des villages frontaliers libanais, violant la ligne du Litani, étendant leurs raids, leurs tirs d'artillerie et leurs vols de drones vers le nord.
Avant l'attaque de dimanche, Israël avait attaqué des ambulances près de la ville de Qabrikha tôt dimanche, blessant quatre membres de la défense civile qui s’y trouvaient.
Ces incidents pourraient potentiellement entraîner une escalade de la confrontation dans le sud du Liban. Les règles d'engagement convenues après l'adoption de la résolution 1701 de l'ONU en 2006 stipulent que «toute réponse fera l'objet d'une réponse similaire».
Un porte-parole des Forces de défense israéliennes a toutefois déclaré à Reuters le mois dernier que «les règles d'engagement stipulent que toute personne s'approchant de la frontière sera la cible de tirs».
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé Israël dans son récent discours du vendredi de «rétablir l'équation d'un civil pour un civil».
Quant au président du Parlement, Nabih Berri, il a déclaré: «Ce qui s'est passé confirme sans l'ombre d'un doute qu'Israël, aux niveaux militaire et politique, sans parler de son ministre du Patrimoine, qui a appelé à l'utilisation d'une bombe nucléaire contre le peuple palestinien à Gaza (est) un exemple de terrorisme d'État organisé.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com