DEIR KIFA: Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé hier lors d'une visite dans le sud du Liban que ce pays n'avait «pas besoin d'une guerre» avec son voisin israélien, en conflit avec le Hamas palestinien, mettant en garde contre un risque d'escalade dans la région.
«Le Liban n’a pas besoin d’une guerre, c’est le moins qu’on puisse dire», a déclaré M. Lecornu à l’occasion de sa rencontre avec le contingent français de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul), la force de maintien de la paix de l'ONU.
«Sans compter que cette guerre pourrait avoir des effets escalatoires importants sur l'ensemble de la région», a-t-il ajouté, au premier jour de sa visite.
Les craintes d'un embrasement régional de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien en Israël le 7 octobre, s'accroissent en raison notamment de la montée des tensions à la frontière libano-israélienne. Celle-ci est le théâtre d'échanges de tirs entre l'armée israélienne d'un côté, et le puissant mouvement libanais Hezbollah et ses alliés de l'autre, qui soutiennent le Hamas.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours aujourd’hui, pour la première fois depuis le début de la guerre.
Sébastien Lecornu a estimé que face aux tensions actuelles, personne n’avait intérêt à ce que le mandat de la Finul soit «interrompu», estimant que cette force de maintien était «la solution».
«S’il y a bien un moment dans lequel on a besoin d’observation et de dissuasion pour éviter une escalade, c’est bien en ce moment», souligne-t-il. Il regrette d'entendre qu’«ici ou là, la Finul devrait arrêter ses patrouilles», sans préciser à quel pays il fait allusion.
Les violences à la frontière ont commencé au lendemain de l'attaque du 7 octobre par le Hamas contre Israël qui a riposté en bombardant sans relâche la bande de Gaza. Ces bombardements ont fait 66 morts dans le sud du Liban, selon un décompte de l'AFP, dont 48 combattants du Hezbollah, et 7 civils.
Du côté israélien, 8 soldats et 1 civil ont été tués selon les autorités. Samedi, un obus a touché le siège de la Finul à Naqoura, sans faire de victime.
Constituée de plus de 10 000 hommes, la Finul est stationnée dans le sud du Liban depuis 1978 pour faire tampon avec Israël, les deux pays étant techniquement toujours en état de guerre. Elle compte près de 700 militaires français.
Venu au Liban «pour réaffirmer notre attachement à la stabilité du Liban, soutenir l’armée libanaise, échanger avec les autorités libanaises et avec les forces françaises déployées au sein de la Finul», le ministre français s’est aussi recueilli à Beyrouth devant le monument aux 126 soldats morts pour la France au Liban, dont les 58 chasseurs parachutistes des 1er et 9e RCP, quelques jours après les quarante ans de l’attentat du Drakkar.
Lors d’un entretien, M. Lecornu a également répété à son homologue, Maurice Sleem, le message qu’il est venu porter à Beyrouth: un soutien sans faille à la stabilité du Liban. Sa visite de deux jours se termine ce vendredi, avec plusieurs rencontres prévues, dont celle avec le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, et le chef des armées, Joseph Aoun.
Sébastien Lecornu s’était déjà rendu à Beyrouth en décembre dernier. Il avait notamment réveillonné avec le contingent français des Casques bleus de l’ONU et rencontré des responsables libanais afin de renforcer la coopération entre Paris et Beyrouth. À cette occasion, il avait réitéré «le soutien de la France au Liban» en espérant que le pays «se redresse».
(avec AFP)