NATIONS-UNIES : Le Conseil de sécurité des Nations unies est finalement tombé d'accord sur un retrait au 31 décembre de la mission de paix conjointe de l'ONU et de l'Union africaine de la région soudanaise du Darfour (Minuad), après des semaines de dissension.
La résolution 2559, adoptée mardi, confie la responsabilité du maintien de la paix dans cette vaste région de l'ouest du Soudan aux autorités de transition à Khartoum.
Cette mission de paix, qui compte encore près de 8000 militaires, policiers et civils au Darfour, se termine à la fin de l'année comme l'exigeait Khartoum, avec le soutien de la Russie, de la Chine et des membres africains du Conseil.
L'évacuation de l'ensemble du personnel et du matériel commencera le 1er janvier et devrait se terminer le 30 juin.
«Le gouvernement de transition tient à assurer la sécurité et la stabilité à tous les citoyens des Etats du Darfour, en particulier ceux qui se trouvent dans les camps de déplacés, et à assurer le retour volontaire et en toute sécurité des réfugiés», a affirmé mercredi dans un communiqué le ministère soudanais des Affaires étrangères.
«Il poursuivra ses efforts pour s'attaquer aux racines du problème et consolider les fondements des réconciliations tribales et jeter les bases de la justice transitionnelle et de l'état de droit», ajoute le ministère.
La date du 31 décembre avait été jugée prématurée par les Occidentaux membres du Conseil, au nom de la protection des civils. Ils appelaient à un processus graduel et prudent.
Des incidents se produisent encore régulièrement dans cette région où une guerre débutée en 2003 entre les forces progouvernementales et des insurgés issus de minorités a tué environ 300 000 personnes et fait plus de 2,5 millions de déplacés, selon les Nations unies.
Risque de «vide sécuritaire»
Des centaines de déplacés avaient manifesté début décembre contre la perspective d'un retrait de cette mission, le jugeant également prématuré.
Londres a regretté que les membres de la mission ne soient pas autorisés à continuer à fournir leur aide durant tout le temps que prendront les opérations de retrait. «Leur seule marge d'action sera de faire leurs sacs et d'attendre de quitter le Darfour», a déploré l'ambassadrice britannique à l'ONU, Barbara Woodward.
Amnesty International avait aussi demandé une prolongation de la mission de la Minuad. «En raison particulièrement de l'échec des forces de sécurité soudanaises à protéger ces derniers mois les civils contre les attaques dont ils ont été la cible, nous craignons que le vide sécuritaire conduise à des conséquences désastreuses pour les habitants du Darfour», soulignait cette organisation.
Après la Minuad, déployée depuis 2007 et qui a compté jusqu'à 16 000 hommes, l'ONU restera au Soudan via une Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (Minuats), en cours de création à Khartoum et qui conservera un bureau au Darfour.
Cette mission politique aura comme tâche d'assister le gouvernement de transition à Khartoum et d'aider à l'application des accords de paix dans les régions qui avait été ravagées par les conflits.
Les violences se sont fortement résorbées ces dernières années au Darfour, à l'exception d'occasionnels affrontements opposant sur la question des terres et de l'eau les tribus nomades arabes aux agriculteurs issus de tribus africaines.
Le gouvernement de transition soudanais résulte d'un accord entre les militaires qui ont succédé à l'autocrate Omar el-Béchir, après sa chute en avril 2019 sous la pression de la rue, et les dirigeants du mouvement de contestation.