Kazakhstan: accord pour nationaliser la filiale d'ArcelorMittal après 32 morts dans une mine

Cette photographie prise le 28 octobre 2023 montre une vue de la mine de charbon de Kostyenko ArcelorMittal à Karaganda, dans le nord-ouest du Kazakhstan. (Photo, AFP)
Cette photographie prise le 28 octobre 2023 montre une vue de la mine de charbon de Kostyenko ArcelorMittal à Karaganda, dans le nord-ouest du Kazakhstan. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 28 octobre 2023

Kazakhstan: accord pour nationaliser la filiale d'ArcelorMittal après 32 morts dans une mine

  • Le président du Kazakhstan a qualifié ArcelorMittal de «pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement»
  • Première économie d'Asie centrale, le Kazakhstan regorge de pétrole, de gaz, mais aussi d'uranium, de manganèse, de fer, de chrome et de charbon

KARAGANDA: Le Kazakhstan, endeuillé par la mort d'au moins 32 mineurs dans une mine de charbon d'ArcelorMittal, a annoncé samedi prendre le contrôle de la filiale locale du groupe, l'un des géants mondiaux de l'acier, qualifié par les autorités de "pire entreprise de l'histoire" de ce pays d'Asie centrale.

Ce coup de grisou dans la mine Kostenko à Karaganda (centre) est l’un des accidents industriels les plus mortels depuis l'indépendance du Kazakhstan après la chute de l’Union soviétique. Il s’ajoute à la longue liste des drames déjà survenus dans des sites kazakhs d'ArcelorMittal.

Immédiatement après l'annonce de l'accident, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a ordonné de "mettre fin à la coopération" avec le groupe, qu'il a qualifié de "pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement", lors d'une rencontre avec les familles des victimes à Karaganda.

"Le gouvernement a conclu un accord préliminaire avec les actionnaires d'ArcelorMittal Temirtaou (la filiale locale) et finalise la transaction pour transférer la propriété de l'entreprise en faveur de la République du Kazakhstan", a annoncé le Premier ministre, Alikhan Smaïlov, dans un communiqué, ce qu'a confirmé ArcelorMittal.

Le groupe sidérurgique et minier a ajouté dans un communiqué qu'il "s'engageait à finaliser cette transaction dans les plus brefs délais".

Le gouvernement de cet immense pays d'Asie centrale riche en ressources naturelles a également précisé, dans un communiqué séparé, "ne pas envisager de transférer l'entreprise à d'autres investisseurs étrangers".

"Très peu de chances" de survie

Selon un dernier bilan du ministère des Situations d'urgence publié à 16H00 locales (10H00 GMT), l'accident de samedi, une explosion de méthane, a fait au moins "32 morts et 14 mineurs sont encore recherchés" sur les plus de 250 travaillant au moment de l'accident.

D'après la même source, il y a "très peu de chances de retrouver vivants" les mineurs portés disparus en raison de l'absence de climatisation souterraine.

Il s'agit du pire accident minier au Kazakhstan depuis 2006, quand 41 mineurs avaient perdu la vie dans une mine d'ArcelorMittal. Avant ce drame, plus d'une centaine de travailleurs du groupe étaient morts en une quinzaine d'années dans le pays.

Avant samedi, douze employés d'ArcelorMittal au Kazakhstan avaient déjà perdu la vie dans des accidents en moins d'un an. Les autorités avaient déjà recensé cette année près de 1.000 violations des règles de sécurité industrielle dans les mines de ce groupe.

Une journaliste de l'AFP a vu de nombreuses ambulances et voitures de police défiler devant la mine Kostenko, au nord de Karaganda, où se sont aussi rendues les familles des victimes.

"Mon père Moukat travaille depuis 40 ans dans cette mine, il a été blessé et a été opéré, ils nous ont promis qu'il s'en remettrait", a dit à l'AFP Anouar Braline, son fils.

Un portrait de Lénine, fondateur de l'Union soviétique, est affiché à l'entrée de cette mine, autrefois l'une des principales du pays, dans cette région industrielle où l'AFP s'était également rendue en septembre et avait rencontré un mineur blessé dans une précédente explosion.

Mais les équipements sont désormais vétustes en raison d'investissements et de consignes de sécurité insuffisantes, selon les autorités.

Condoléances de Macron et Poutine

La filiale kazakhe d'ArcelorMittal, l'un des leaders mondiaux de la sidérurgie et de l'exploitation minière, est régulièrement accusée par les autorités de ne pas respecter les normes de sécurité et environnementales.

Elle a annoncé "arrêter pour les prochaines 24 heures toutes les mines" pour effectuer des travaux de vérification.

Le président Tokaïev a annoncé un jour de deuil national dimanche.

Ses homologues russe Vladimir Poutine et français Emmanuel Macron, attendu au Kazakhstan la semaine prochaine, ont présenté leurs condoléances au dirigeant kazakh.

ArcelorMittal, dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal et basé au Luxembourg, exploite une quinzaine d'usines et de mines dans cette zone industrielle extrêmement polluée de l'ex-république soviétique.

Première économie d'Asie centrale, le Kazakhstan regorge de pétrole, de gaz, mais aussi d'uranium, de manganèse, de fer, de chrome et de charbon.


Trump fait vaciller le lien transatlantique

Trump fait vaciller le lien transatlantique
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  • le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.
  • Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russeSSIE,

WASHINGTON : En l'espace de quelques jours, Donald Trump a ébranlé le lien transatlantique.S'il est trop tôt pour parler de la fin de ce lien historique, qu'il aura fallu 80 ans pour consolider, le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.

Témoignant d'un sentiment d'urgence, le président français Emmanuel Macron, qui a multiplié les appels à son homologue américain, se rend lundi à Washington pour s'en expliquer avec Donald Trump.

Il sera suivi de peu par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui sera reçu à la Maison Blanche jeudi.

« Je vais lui dire : “Au fond, tu ne peux pas être faible face au président Poutine” », a expliqué le président français jeudi.

« Je vais lui dire : “Si tu laisses l'Ukraine aux mains de Poutine, la Russie sera inarrêtable pour les Européens, pour tous”.  Il a également mis en garde contre une « faute stratégique énorme ».

Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russe, persona non grata auprès des Européens et de l'administration précédente américaine.

Cette initiative a été suivie mardi dernier à Ryad, en Arabie saoudite, par une réunion sans précédent depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 entre hauts responsables américains et russes, au cours de laquelle ils se sont engagés à nommer des équipes de négociation. Ni Kiev ni les Européens n'ont été invités à la table des négociations.

Parallèlement, Donald Trump monte la pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky en le qualifiant de « dictateur » et en disant qu'il n'avait « aucune carte en main ».

Il ne cache pas sa colère envers le dirigeant ukrainien, qui a refusé de conclure un accord sur l'exploitation des minerais dans son pays.

- « Un moment dangereux » -

« Je pense que nous vivons actuellement un moment assez difficile et très dangereux où les deux côtés de la communauté transatlantique, pour ainsi dire, s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre », a-t-il déclaré à l'AFP, en marge d'une conférence de conservateurs américains près de Washington.

Pour Nigel Gould-Davies, de l'Institut international des études stratégiques (IISS) à Londres, « il s'agit d'une crise transatlantique sans précédent ».

« Pendant la guerre froide, on craignait que l'Amérique ne se découple de l'alliance, n'abandonne l'Europe et ne retombe dans l'isolement. Ce qui commence maintenant est pire : en négociant avec la Russie par-dessus les Européens et en intervenant dans la politique européenne, les États-Unis ne se contentent pas de se découpler de l'Europe, mais décident pour elle et la perturbent », écrit-il.

Pour Donald Trump, l'Europe a mangé son pain blanc.

Le président américain accuse les Européens de ne pas partager le fardeau et de pratiquer une concurrence déloyale en matière commerciale.

Il exhorte les pays européens à prendre davantage de responsabilités en matière de défense, soulevant même des doutes quant à la volonté des États-Unis d'apporter leur aide à leurs alliés de l'OTAN en Europe en cas de besoin.

Donald Trump avait déjà fortement secoué les Européens lors de son premier mandat, de 2017 à 2021.

Son successeur, le président démocrate Joe Biden, a donc pu se vanter d'avoir « restauré » les alliances de l'Amérique, y compris au sein de l'OTAN.

Selon Jeremy Shapiro, du European Council on Foreign Relations à Bruxelles, il ne s'agit pas d'un complot contre l'Europe, mais d'une nouvelle démonstration de l'insignifiance croissante de l'Europe sur le plan géopolitique.

- « Tête froide » -

Les Européens entendront-ils ce message ?

L'Europe « doit en faire beaucoup plus, non seulement pour assurer notre propre défense, mais aussi pour soutenir l'Ukraine, car nous traversons une période extrêmement critique de l'histoire mondiale », a concédé le chef de la diplomatie danoise, Lars Løkke Rasmussen, dans un entretien à l'AFP mercredi.

De son côté, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a appelé jeudi la population du Vieux Continent à « garder la tête froide ».

Reste que selon Max Bergmann, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, « la situation sécuritaire est très précaire en ce moment ; pour les Européens, c'est le feu aux poudres ; c'est un peu la panique ».

« Mais je pense que ce que l'on demande à l'Europe maintenant, ce n'est pas seulement qu'elle en fasse un peu plus, mais qu'elle prenne effectivement des mesures qui la feraient émerger, franchement, comme une superpuissance », a-t-il déclaré à l'AFP. 


Cinq candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
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  • Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai
  • La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains

Abidjan, Côte d'Ivoire: Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai, a annoncé vendredi l'institution basée à Abidjan.

Deux candidats viennent d'Afrique de l'ouest: les anciens ministres de l'Economie du Sénégal (2019-2022), Amadou Hott et de Mauritanie (2008-2015) Sidi Ould Tah.

Deux autres sont originaires d'Afrique australe: l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l'institution.

Le dernier candidat est l'ancien gouverneur de la Banque des Etats d'Afrique centrale (2017-2024), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, et des remboursements et revenus des prêts.

Elle aide les pays africains en favorisant l'investissement dans des projets dans divers secteurs comme l'agro-industrie, le transport ou encore l'énergie ou la santé.

M. Adesina passe la main à la tête de l'institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a plus que doublé, à près de 200 milliards de dollars.

Il avait été réélu en 2020, unique candidat, malgré des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme. Il avait été disculpé peu avant par un comité d'experts.

Le président de la BAD est élu par le conseil des gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des gouverneurs de banques centrales.

L'élection doit se tenir le 29 mai à Abidjan, siège de l'institution.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
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  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.