ASTANA: Le Kazakhstan a abrogé vendredi une loi conférant une autorité considérable à l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev et sa famille qui a dirigé pendant trois décennies le plus vaste pays d'Asie centrale, épilogue d'un processus législatif et politique pour écarter son clan du pouvoir.
"Lors d'une session conjointe des chambres du Parlement, les députés ont adopté (...) la loi +Sur l'annulation de la loi constitutionnelle (...) sur le premier président de la République du Kazakhstan+", a indiqué Kazinform, l'agence de presse officielle.
En vertu de la loi "sur le premier président" adoptée en 2000, M. Nazarbaïev bénéficiait d'importantes prérogatives politiques et sa famille, qui contrôle de larges pans de l'économie, de l'immunité judiciaire.
En outre, l'ex-président omnipotent connu pour son culte de la personnalité a été déchu de son titre honorifique de "Chef de la nation", quelques mois après que la capitale rebaptisée Nour-Soultan en son honneur a retrouvé en septembre 2022 son précédent nom, Astana.
Mercredi, la Cour constitutionnelle avait invalidé cette loi à la suite d'un référendum l'approuvant en juin 2022, censé tourner la page de l'ère Nazarbaïev dans cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures.
Après sa démission surprise en mars 2019, M. Nazarbaïev, fait "Héros du peuple", avait continué avec ses proches à jouer un rôle important.
L'abrogation de cette loi était impensable il y a encore un an, mais des émeutes en janvier 2022, quand des protestations pacifiques contre la hausse du prix du carburant ont dégénéré en affrontements entre forces de l'ordre et civils, faisant 238 morts, ont transformé le paysage politique.
M. Nazarbaïev avait été accusé par des manifestants de s'être considérablement enrichi avec son clan au détriment de la population, confrontée à des difficultés économiques croissantes.
A la faveur de cette crise, le président actuel Kassym-Jomart Tokaïev, longtemps vu comme l'homme de main de M. Nazarbaïev, avait critiqué son ex-mentor et appelé à se débarrasser du régime "super-présidentiel".
Ces derniers mois, plusieurs proches de cet homme de 82 ans ont été écartés de postes à responsabilité.
Un proche de M. Nazarbaïev, l'ex-Premier ministre et chef des services secrets Karim Massimov, est sous le coup d'un procès pour haute trahison, accusé d'avoir organisé les émeutes de janvier.