FII: La montée en puissance des Brics révèle l’évolution de la dynamique du pouvoir dans l’économie mondiale

 Plusieurs tables rondes du forum Future Investment Initiative (FII) ont été consacrées à la montée en puissance des Brics et à leur capacité à faire contrepoids à l’Occident. (Photo, fournie)
Plusieurs tables rondes du forum Future Investment Initiative (FII) ont été consacrées à la montée en puissance des Brics et à leur capacité à faire contrepoids à l’Occident. (Photo, fournie)
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

FII: La montée en puissance des Brics révèle l’évolution de la dynamique du pouvoir dans l’économie mondiale

  • Selon le FMI, le produit intérieur brut des Brics s’élevait à 26 000 milliards de dollars en 2022
  • L’Arabie saoudite a été invitée à rejoindre les Brics en août

RIYAD: L’expansion du bloc des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) devrait créer un nouveau terrain de jeu économique mondial, ont laissé entendre des chefs d’entreprise lors de tables rondes organisées dans le cadre du forum Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le groupe a annoncé en août qu’il prévoyait de doubler le nombre de ses membres l’année prochaine, ce qui ouvrirait la porte à l’Arabie saoudite, à l’Iran, à l’Éthiopie, à l’Égypte, à l’Argentine et aux Émirats arabes unis (EAU), et pourrait redéfinir le paysage économique et politique mondial.

Plusieurs tables rondes du FII ont été consacrées à la montée en puissance des Brics et à leur capacité à faire contrepoids à l’Occident.

«L’économie mondiale traverse une période de transition — nous nous trouvons à un tournant», a déclaré Eric Li, président et associé directeur de la société chinoise de capital-risque Chengwei Capital, lors d’une table ronde sur l’évolution des Brics.

«Les pays du Sud ont le potentiel (...) de progresser dans la chaîne de valeur et d’obtenir les secteurs à valeur élevée. Cela constitue une menace pour le centre d’où ils réalisent l’essentiel de leurs bénéfices — il s’agit simplement d’une concurrence économique pure», a ajouté M. Li.

Le Sud est un terme utilisé pour désigner les économies émergentes ou les pays sous-développées, tandis que le Nord représente les démocraties avancées.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut du bloc s’élevait à 26 000 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) en 2022.

Le terme Bric, sans l’Afrique du Sud, a été créé par Jim O’Neill, économiste chez Goldman Sachs, en 2001. Il pensait que d’ici à 2050, les quatre économies Bric domineraient l’économie mondiale. L’Afrique du Sud a été ajoutée à la liste en 2010.

Selon André Esteves, président de BTG Pactual, le plus grand gestionnaire d’actifs d’Argentine, le bloc des Brics peut être une source de stabilisation à long terme.

«Si vous observez la manière dont les dirigeants chinois font progresser la technologie, l’étonnante révolution numérique en Inde ou en Arabie saoudite, le leadership en matière de transition énergétique ou le Brésil qui, l’année dernière, a construit un réseau de fibre optique à haut débit, ainsi que le niveau de révolution technologique agricole que nous avons atteint, les Brics sont à la tête de nombreux sous-segments de la révolution technologique, ce qui est tout à fait sain pour le monde», a expliqué M. Esteves.

Selon Anish Shah, président-directeur général (PDG) du groupe indien Mahindra, les gens considèrent souvent que la réussite est liée à l’influence de l’économie sur la politique et non l’inverse.

«Il est très important que nous examinions réellement ce que nous devons faire pour faire face aux défis du monde. Il est très facile de tomber dans le jeu des accusations et dans un agenda politique», a-t-il ajouté.

L’économie peut l’emporter sur la politique, a-t-il souligné.

«Nous l’avons constaté au cours de cet âge d’or du développement», a-t-il poursuivi. «Nous  interagissons beaucoup avec les différents gouvernements du monde, et je dirais qu’à travers nos interactions avec les pays développés, nous remarquons qu’ils recherchent eux aussi la stabilité dans le monde», a indiqué M. Shah.

Des pays tels que la Chine et la Corée du Sud progressent rapidement dans le paysage économique mondial, parallèlement aux économies florissantes des régions de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, démontrant ainsi que le continent dans son ensemble constitue de plus en plus un point d’ancrage pour l’économie mondiale.

La Banque asiatique de développement estime que l’Asie et le Pacifique connaîtront une croissance de 4,8% en 2023 et 2024.

L’Asie représente 60% de la population mondiale, a précisé Christine Tsai, partenaire fondatrice et PDG du fonds de capital-risque d’aide au démarrage 500 Global, qu’elle a cofondé en 2010.

Il existe un potentiel énorme dans ce que Mme Tsai appelle les «économies montantes», c’est-à-dire les marchés qui connaissent la croissance la plus rapide après les États-Unis et la Chine.

«Lorsque l’on pense à la population qui sera en ligne d’ici à la fin de 2023, on prévoit qu’elle sera d’environ 5 milliards, ce qui signifie que près de 3 milliards ne sont pas encore en ligne», a-t-elle souligné, expliquant que son entreprise a récemment publié une étude portant sur une vision macroéconomique mondiale de l’activité importante des entreprises, afin d’identifier 30 marchés qu’elle a qualifiés d’«économies émergentes».

«Il y a des milliers de milliards de dollars qui pourraient être générés par ces “économies émergentes”, et environ 11 de ces 30 marchés se trouvent en Asie», a-t-elle expliqué.

«Il s’agit d’une vision macroéconomique des raisons pour lesquelles il convient de s’intéresser à ce marché», a ajouté Mme Tsai. 

La montée en puissance des Brics et des pays du Sud face à la domination des institutions occidentales a été une question cruciale abordée au cours des deux tables rondes.

Les chefs d’entreprise de ces pays ont affirmé que les pays du Sud se sont souvent sentis exclus au cours des dernières décennies autour des grandes questions économiques et politiques. Pourtant, des progrès récents semblent changer le paysage vers une plus grande égalité des chances.

De nombreux chefs d’entreprise estiment que le paysage économique mondial est en train de changer avec l’essor rapide des économies des Brics et des pays du Sud.

«Nous sommes habitués à un monde dominé par le dollar américain, mais il y a une toute nouvelle évolution numérique qui se produit, à savoir l’émergence des monnaies numériques des banques centrales. Il s’agit d’un exemple de moyen alternatif de commerce interentreprises, qui se situe en dehors de l’économie dépendante du dollar américain», a noté Magda Wierzycka, cofondatrice et PDG de Sygnia Ltd, une société de services financiers sud-africaine.

Par exemple, le 10 octobre, PetroChina International a effectué une transaction historique en achetant 1 million de barils de pétrole brut en utilisant le yuan numérique ou les monnaies numériques de banque centrale (MNBC).

Cette transaction fait suite à la décision du gouvernement d’utiliser les MNBC dans le commerce international, soulignant ainsi le rôle croissant du yuan numérique dans le commerce transfrontalier.

Évoquant la transaction en MNBC, Mme Wierzycka a affirmé qu’il n’y a absolument aucune raison pour qu’avec une volonté politique suffisante et la coopération des banques centrales, on ne puisse pas développer un mécanisme commercial alternatif au dollar américain en tant que monnaie mondiale.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un monde multipolaire et multiéconomique, estime Lubna Olayan, présidente du comité exécutif d’Olayan Financing Co., un monde où les économies du Nord et du Sud travaillent et survivent ensemble.

«En tant qu’hommes et femmes d’affaires, nous devons continuellement essayer de naviguer dans le paysage des affaires et éviter la politique. C’est ce que nous devons faire si nous voulons opérer dans toutes les parties du monde», a observé Mme Olayan, ajoutant: «Mais pouvons-nous ignorer la politique? Non. Nous devons naviguer à travers elle et y être sensibles, mais malheureusement, nous ne pouvons pas l’ignorer.» 

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Comment les entrepreneurs saoudiens s'orientent vers les marchés publics

Cette évolution nécessite souvent un changement fondamental de mentalité, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire. Shutterstock
Cette évolution nécessite souvent un changement fondamental de mentalité, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire. Shutterstock
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  • Cette transition exige souvent un changement fondamental d'état d'esprit, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire.  
  • Le passage d'une startup agile à une société cotée en bourse est un processus de transformation, et c'est un défi auquel de nombreuses entreprises de l'écosystème des startups d'Arabie saoudite.

RIYAD : Alors que les jeunes entreprises approchent de l'étape critique de l'introduction en bourse, l'un de leurs plus grands défis est la transition d'une entreprise rapide, dirigée par ses fondateurs, à une entreprise qui doit répondre aux exigences rigoureuses des marchés publics.  

Cette transition exige souvent un changement fondamental d'état d'esprit, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire.  

Le passage d'une startup agile à une société cotée en bourse est un processus de transformation, et c'est un défi auquel de nombreuses entreprises de l'écosystème des startups d'Arabie saoudite, qui évolue rapidement, seront bientôt confrontées.  

Historiquement, les acquisitions stratégiques constituaient la principale stratégie de sortie pour les startups à la recherche de liquidités. Cependant, avec un nombre croissant d'entreprises en phase finale de développement qui atteignent leur taille, les introductions en bourse apparaissent rapidement comme une option viable - et de plus en plus attrayante.  

À mesure que le paysage entrepreneurial du Royaume mûrit, la voie des marchés publics devient un choix plus important pour les startups qui cherchent à se développer au-delà de leurs équipes fondatrices et à puiser dans les capitaux nécessaires à leur expansion.

"De nombreuses startups ont des difficultés dans ce domaine parce que ce qui a fonctionné dans leurs premières années - décisions rapides, croissance agressive et structures souples - ne résistera pas à l'examen public", a déclaré Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers, investisseur de la première heure dans la société saoudienne Tabby, aujourd'hui évaluée à 3,3 milliards de dollars et en passe d'être introduite en bourse. 

Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers. Fournisseur
Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers.(Photo Fournie) 

S'adressant à Arab News, M. Al-Meshekah a déclaré que "les bons investisseurs travaillent avec les fondateurs pour institutionnaliser leur entreprise sans nuire à son agilité".    

Il a ajouté : "Cela signifie qu'il faut resserrer la discipline financière dès le début, et non pas comme une solution de dernière minute, s'assurer que les rapports sont clairs, que l'économie des unités est durable et que l'allocation des capitaux est intentionnelle."  

Mohammed Al-Zubi, associé directeur et fondateur de Nama Ventures, qui a soutenu les licornes saoudiennes Salla et Tamara - toutes deux en passe d'être cotées en bourse - s'est fait l'écho de ce sentiment, affirmant que la meilleure approche consiste à mettre en place une gouvernance de niveau IPO bien avant que cela ne devienne nécessaire.   

"Cela signifie qu'il faut structurer correctement les rapports financiers, s'assurer que les cadres de conformité sont en place et mettre en place une équipe de direction capable de s'adapter à l'environnement d'une société publique", a déclaré M. Al-Zubi à Arab News.  

Obstacle réglementaire

Le respect de la réglementation est un autre obstacle, en particulier dans les régions où les jeunes entreprises technologiques à forte croissance doivent s'adapter à des cadres conçus à l'origine pour les industries traditionnelles.    

"Dans le même temps, il est possible de faire évoluer les cadres réglementaires dans la région afin de mieux soutenir les entreprises à forte croissance", a déclaré M. Al-Meshekah d'Outliers.   

"De nombreuses normes existantes ont été conçues pour les industries traditionnelles, qui diffèrent naturellement de la structure et des besoins d'expansion des entreprises axées sur la technologie", a-t-il ajouté, notant que les régulateurs doivent trouver un équilibre entre la garantie de la stabilité du marché et la possibilité pour les entreprises ayant un potentiel mondial d'être cotées localement.    

"En trouvant cet équilibre, l'Arabie saoudite et plus largement la région pourraient devenir une destination de premier plan pour les introductions en bourse à forte croissance, attirant non seulement les entreprises créées dans la région, mais aussi celles du monde entier à la recherche d'un marché public solide pour se développer.    

L'alignement des investisseurs joue également un rôle clé dans le bon déroulement de la transition vers l'introduction en bourse. "Les startups dont les investisseurs privilégient les gains à court terme au détriment d'une croissance durable

sont souvent confrontées à des difficultés lors de la transition vers les marchés publics", a déclaré M. Al-Zubi. 

Mohammed Al-Zubi, associé gérant et fondateur de Nama Ventures. (Photo Fournie)
Mohammed Al-Zubi, associé gérant et fondateur de Nama Ventures. (Photo Fournie)

"Celles qui sont soutenues par des partenaires à long terme qui les guident vers une exécution disciplinée, une préparation réglementaire et des opérations évolutives sont celles qui réussissent à franchir le pas.   

L'introduction en bourse : la nouvelle stratégie de sortie

Selon M. Al-Zubi, il y a cinq ans à peine, les introductions en bourse n'étaient pas considérées comme une voie de sortie viable pour les jeunes entreprises de la région, les acquisitions stratégiques étant considérées comme la seule stratégie de sortie évidente.   

Les acquisitions stratégiques étaient considérées comme la seule stratégie de sortie claire. "Bien que les acquisitions aient fourni des liquidités, elles ont souvent laissé beaucoup d'argent sur la table parce que les startups étaient acquises avant d'avoir atteint leur plein potentiel", a-t-il déclaré.   

Aujourd'hui, a noté M. Al-Zubi, la dynamique est en train de changer. "Les introductions en bourse sont désormais la stratégie de sortie dominante, et nous voyons de plus en plus de startups en phase finale se préparer activement pour les marchés publics. Des entreprises comme Tamara et Salla sont la preuve que les startups régionales peuvent se préparer à l'introduction en bourse et, à mesure que les marchés de capitaux continuent d'évoluer, cette tendance s'accélérera.    

Toutefois, les acquisitions et les ventes secondaires continueront à jouer un rôle, en particulier dans les secteurs où les acteurs mondiaux cherchent des points d'entrée sur le marché saoudien.    

"L'introduction en bourse étant désormais une véritable option, les fondateurs ne sont plus contraints de vendre prématurément", a ajouté M. Al-Zubi. "Au lieu de cela, ils peuvent se développer davantage, capturer plus de valeur et se retirer à une évaluation beaucoup plus élevée par le biais des marchés publics.  

M. Al-Meshekah reconnaît que les introductions en bourse vont devenir un élément de plus en plus important du paysage des sorties, mais il précise qu'elles viendront compléter les acquisitions ou les ventes secondaires, et non les remplacer complètement.   

"À mesure que les startups saoudiennes gagneront en maturité, nous assisterons à un élargissement de l'éventail des stratégies de sortie, l'introduction en bourse devenant une voie essentielle pour les entreprises capables de soutenir une croissance indépendante. Mais les meilleures entreprises ne sont pas conçues pour un résultat unique ; elles créent une valeur durable avec des options, que ce soit par le biais d'une introduction en bourse, d'une acquisition ou de ventes secondaires", a-t-il ajouté, en soulignant les tendances historiques aux États-Unis pour illustrer la façon dont la dynamique évolue dans les écosystèmes en cours de maturation.    

"Si nous prenons les États-Unis comme point de référence, les introductions en bourse ont dominé les sorties financées par le capital-risque, représentant plus de 80 % dans les années 1980, avant de tomber à 50 % dans les années 1990 et de chuter à moins de 10 % au cours des 25 dernières années", a-t-il déclaré.    

"Il est naturel que les introductions en bourse soient le fer de lance d'un écosystème en développement, et que les fusions-acquisitions suivent lorsque les entreprises en place acquièrent des innovations pour rester compétitives.  

Rôle des investisseurs après l'introduction en bourse

Si l'introduction en bourse est une étape importante pour toute startup, elle marque le début d'une nouvelle phase plutôt que la fin du voyage.    

Le passage d'une société privée financée par un capital-risque à une entité cotée en bourse pose de nouveaux défis, obligeant les fondateurs à passer de l'exécution d'une croissance élevée à une discipline financière à long terme et à la gestion des actionnaires.    

"L'introduction en bourse n'est pas une fin en soi. Il s'agit simplement d'une nouvelle phase de l'évolution d'une entreprise", a déclaré M. Al-Meshekah.   

"À ce stade, le rôle des investisseurs devient celui de gestionnaires à long terme, qui contribuent à assurer une transition réussie vers les marchés publics sans perdre ce qui a fait la force de l'entreprise au départ."    

Il a averti que l'un des plus grands risques après l'introduction en bourse est le "court-termisme", c'est-à-dire la pression pour donner la priorité aux performances trimestrielles plutôt qu'à la création de valeur à long terme.   

"Les sociétés de capital-risque qui accompagnent l'entreprise depuis sa création jouent un rôle clé en aidant les dirigeants à rester fidèles à leur vision initiale tout en s'adaptant aux nouvelles attentes des actionnaires publics", a déclaré M. Al-Meshekah.   

Il a ajouté que les meilleures entreprises "équilibrent la discipline financière avec l'agilité d'innover, en résistant à l'envie d'optimiser les mouvements du cours de l'action à court terme au détriment du leadership à long terme sur le marché".

M. Al-Zubi a souligné que la base d'investisseurs changeait également lorsqu'une entreprise atteignait les marchés publics.   

"Chaque étape du parcours d'une startup nécessite un ensemble différent d'investisseurs dotés d'une expertise spécialisée", a-t-il déclaré.    

"Les investisseurs en capital de départ jouent un rôle essentiel pour faire passer une entreprise de l'idée à l'échelle, mais lorsqu'une startup atteint les marchés publics, le relais doit être pris par les investisseurs en capital et les fonds institutionnels qui sont mieux adaptés à cette phase."    

À ce stade, une startup n'est plus jugée uniquement sur son potentiel de croissance, mais également sur sa capacité à générer une rentabilité durable, une valeur actionnariale et une gouvernance solide.   

"Les sociétés de capital-risque en phase de démarrage, dont l'expertise consiste à naviguer dans l'incertitude et à faire évoluer les startups, doivent prendre du recul et permettre à l'entreprise d'être guidée par ceux qui ont une grande expérience des marchés publics", a déclaré M. Al-Zubi.    

Cela ne signifie pas que les premiers investisseurs disparaissent complètement. "Certains restent impliqués en siégeant au conseil d'administration, mais leur influence diminue naturellement au fur et à mesure que de nouvelles parties prenantes, structures financières et attentes opérationnelles deviennent prioritaires", a-t-il expliqué.    

M. Al-Zubi souligne que les fondateurs doivent accepter cette transition et s'entourer des bons conseillers.    

"Les introductions en bourse ne sont pas seulement des sorties, elles sont un passage à un nouveau mode de fonctionnement, et les fondateurs qui comprennent cette transition seront ceux qui prospéreront sur les marchés publics."    

M. Al-Meshekah s'est fait l'écho de ce sentiment, en notant que les introductions en bourse réussies dans le secteur de la technologie présentent des caractéristiques communes.    

"Elles ne se contentent pas d'adapter leur produit existant ; elles se développent sur de nouveaux marchés, approfondissent les relations avec les clients et construisent des fossés concurrentiels durables", a-t-il déclaré.    

"Les investisseurs de la première heure qui restent engagés peuvent assurer la continuité, en aidant les fondateurs à franchir ce cap tout en conservant les principes qui ont été à l'origine de leur succès initial." 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite en passe de devenir la Silicon Valley du Moyen-Orient, selon des experts

Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite s'affirme comme un acteur clé du paysage technologique mondial. (Shutterstock)
Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite s'affirme comme un acteur clé du paysage technologique mondial. (Shutterstock)
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  • L'Arabie saoudite est en train de se transformer rapidement en un centre technologique régional
  • Au cœur de cette transformation se trouve le projet Transcendance, une initiative révolutionnaire de 100 milliards de dollars lancée en 2024

RIYAD : L'Arabie saoudite est en train de se transformer rapidement en un centre technologique régional, suscitant des comparaisons avec la Silicon Valley, grâce à une vague d'investissements stratégiques et d'initiatives de premier plan, ont déclaré des experts à Arab News.  

Au cœur de cette transformation se trouve le projet Transcendance, une initiative révolutionnaire de 100 milliards de dollars lancée en 2024.   

Dirigé par le Fonds d'investissement public du Royaume en partenariat avec Google, le projet vise à créer un écosystème complet d'intelligence artificielle en Arabie saoudite.  

L'initiative est destinée à soutenir la croissance des startups technologiques locales, à créer des opportunités d'emploi et à favoriser les collaborations avec les entreprises technologiques mondiales, positionnant ainsi le Royaume à l'avant-garde de l'innovation régionale.  

Ces efforts sont complétés par la conférence technologique annuelle LEAP, qui continue d'attirer l'attention internationale. L'édition 2025 de l'événement a attiré plus de 170 000 visiteurs et garanti des investissements dépassant les 14,9 milliards de dollars, soulignant l'attrait croissant de l'Arabie saoudite en tant que destination pour la technologie et l'innovation.  

Ces développements sont au cœur de la stratégie de réforme économique plus large du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie et à réduire sa dépendance de longue date à l'égard des revenus pétroliers.  

Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite consolide sa place en tant qu'acteur clé du paysage technologique mondial.  

Interrogé par Arab News, Noor Al-Nahhas, cofondatrice et PDG de nybl, une société de logiciels basée aux Émirats arabes unis, a déclaré : "L'Arabie saoudite se transforme rapidement en un centre technologique mondial, sous l'impulsion de l'ambitieux programme Vision 2030. Le Royaume crée un écosystème solide pour que les startups technologiques puissent prospérer tout en accélérant les investissements dans l'IA et la deep tech - des technologies qui sont essentielles pour faire progresser le secteur."   

"Avec les développements émergents que nous voyons dans le Royaume, les obstacles sont peu nombreux - c'est la Silicon Valley du Moyen-Orient et une force montante dans le paysage technologique mondial", a-t-elle ajouté.    

Mamdouh Al-Doubayan, directeur général de Globant pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, s'est également fait l'écho d'opinions similaires. Il a déclaré que les investissements de l'Arabie saoudite dans l'infrastructure numérique devraient être soutenus par des partenariats clés pour atteindre les résultats souhaités.  

"Le Royaume fait des investissements substantiels dans l'infrastructure numérique tout en favorisant un écosystème qui nourrit l'innovation et l'esprit d'entreprise. Les partenariats clés sont essentiels pour faire avancer cette vision", a affirmé M. Al-Doubayan.   

Le facteur crucial des PME

Vikas Panchal, directeur général pour le Moyen-Orient de la multinationale indienne de technologie Tally Solutions, a déclaré à Arab News que les petites et moyennes entreprises d'Arabie saoudite ont un rôle crucial à jouer dans la poursuite de l'évolution technologique du Royaume.   

"L'Arabie saoudite progresse rapidement dans son parcours de transformation numérique, les PME jouant un rôle central dans cette évolution. La Vision 2030 du Royaume a placé la technologie et la numérisation au premier plan de la diversification économique, favorisant un environnement propice aux affaires dans lequel les PME sont considérées comme devant continuellement réussir", a expliqué M. Panchal.   

Il a ajouté que les programmes soutenus par le gouvernement, tels que les initiatives de soutien aux PME de Monsha'at, ainsi que les investissements dans l'IA, la fintech et le commerce électronique, équipent les entreprises d'outils numériques évolutifs, leur permettant ainsi d'être compétitives à l'échelle mondiale.   

"Avec des réglementations commerciales rationalisées et un intérêt croissant pour la recherche d'efficacité axée sur la technologie, l'Arabie saoudite est en passe de devenir un pôle technologique mondial", a ajouté M. Panchal.  

L'innovation locale

Au milieu de ces avancées, les experts ont également souligné les défis potentiels que l'Arabie saoudite pourrait rencontrer alors qu'elle s'efforce de s'établir en tant que destination technologique mondiale.  

M. Al-Doubayan a noté que si le Royaume fait des progrès significatifs en matière de transformation numérique, il sera essentiel de relever certains défis pour assurer une croissance durable.  

Il a souligné que l'un des principaux obstacles auxquels l'Arabie saoudite pourrait être confrontée est la constitution d'un solide vivier de talents pour soutenir le secteur technologique en plein essor.  

« Bien que le Royaume investisse dans l'éducation et la formation, il est essentiel d'attirer et de retenir des professionnels qualifiés dans un paysage mondial compétitif », a confirmé M. Al-Doubayan.
« En outre, il peut s'avérer complexe de naviguer dans les cadres réglementaires et de garantir un environnement favorable à l'innovation, d'autant plus que le pays cherche à trouver un équilibre entre les progrès technologiques rapides et les pratiques traditionnelles », a-t-il poursuivi. 

M. Panchal a déclaré que certains des défis auxquels le Royaume est confronté comprennent les coûts de la transformation numérique, en particulier parmi les PME du Royaume.  

 "Alors que les grandes entreprises adoptent rapidement l'IA et l'automatisation, de nombreuses PME sont encore confrontées à des défis pour passer des opérations traditionnelles aux opérations numériques. Le manque d'expertise dans l'adoption de la gestion financière basée sur le cloud, l'automatisation fiscale et la comptabilité en temps réel peut ralentir leur compétitivité", a-t-il souligné.   

"Pour certaines PME, le coût initial de la transition vers des opérations entièrement numériques peut représenter un véritable défi. En donnant aux PME des solutions technologiques abordables et faciles à utiliser, l'Arabie saoudite peut surmonter ces obstacles et accélérer la réalisation de son objectif d'une économie véritablement axée sur la technologie", a-t-il noté.    

M. Al-Doubayan a également exprimé des opinions similaires et a déclaré que certaines entreprises sont confrontées au risque de limitations infrastructurelles, car le développement de l'infrastructure numérique et physique nécessaire pour soutenir des projets ambitieux peut être à la fois long et coûteux.  

M. Al-Nahhas a déclaré que l'Arabie saoudite devrait renforcer ses capacités en matière d'IA afin de réaliser véritablement ses ambitions technologiques à l'avenir.   

"Un facteur essentiel à prendre en compte est la vitesse à laquelle la course mondiale à l'IA évolue. Il s'agit d'un aspect essentiel dont il faudra tenir compte à mesure que l'Arabie saoudite avancera dans la poursuite de ses objectifs Vision 2030", a déclaré le PDG de nybl.  

Il a également indiqué que l'Arabie saoudite devrait essayer de développer son écosystème local pour l'innovation technologique plutôt que de l'importer d'autres pays.   

"Un exemple frappant est celui de DeepSeek, qui a développé en peu de temps un modèle d'IA capable de rivaliser avec ceux de la Silicon Valley et de perturber le secteur de manière sans précédent", a révélé M. Al-Nahhas.   

DeepSeek, un chatbot développé par la Chine, utilise de grands modèles de langage avancés et a été lancé pour la première fois le 10 janvier.   

Dès sa sortie, il a rapidement dépassé ChatGPT, devenant l'application gratuite la plus téléchargée sur l'App Store iOS aux États-Unis.   

Les performances impressionnantes de DeepSeek, associées à son coût relativement faible, ont fait des vagues dans le monde entier, remettant en cause la domination des modèles d'IA basés aux États-Unis.   

Grâce à ses technologies de traitement du langage naturel, DeepSeek est capable de comprendre, d'interpréter et de générer du langage humain de manière plus efficace, ce qui permet de réduire de 60% les résultats de recherche non pertinents par rapport aux moteurs de recherche traditionnels.  

"Cela met en évidence la rapidité de l'innovation dans le secteur technologique, mais soulève également une question fondamentale : Pourquoi devrions-nous importer de la technologie alors que nous avons les ressources et la vision nécessaires pour la créer dans le Royaume ? Pour être véritablement à la pointe, l'Arabie saoudite doit redoubler d'efforts en matière d'innovation locale - une dépendance excessive à l'égard de solutions externes risque d'entraîner une dépendance et de ralentir les progrès", a averti M. Al-Nahhas.

Lors de la récente conférence LEAP, qui s'est tenue à Riyad du 9 au 12 février, le ministre saoudien des Communications et des Technologies de l'information, Abdullah Al-Swaha, a également évoqué le sujet de DeepSeek et a déclaré qu'il surpassait tous les modèles d'IA.   

"Nous devons célébrer le moment du ChatGPT de 2022, mais nous devons aussi apprécier le moment DeepSeek. Le monde n'a pas besoin de polarisation à l'ère de l'intelligence. Nous devons travailler collectivement pour célébrer ces avancées, où DeepSeek bat jusqu'à présent tous les modèles d'IA", a confirmé le ministre.   

M. Al-Nahhas a ajouté que l'Arabie saoudite avait la possibilité d'établir des références mondiales en développant l'IA et la technologie profonde en interne, et qu'elle pouvait s'assurer que la technologie n'était pas uniquement destinée au Royaume, mais qu'elle pouvait être exportée dans le monde entier, contribuant ainsi à la croissance de l'économie du pays.   

"Pour être compétitif sur la scène mondiale, il faut changer d'état d'esprit : L'Arabie saoudite n'est pas seulement un consommateur de technologie, nous sommes des créateurs, conduisant la prochaine vague d'innovation du Royaume vers le monde", a précisé M. Al-Nahhas.   

Dhruv Verma, fondateur et PDG de Thriwe, une entreprise de plateforme de prestations technologiques qui a étendu sa présence à l'Arabie saoudite en 2023, a déclaré que les lois strictes sur la protection des données peuvent constituer des obstacles pour les entreprises technologiques étrangères, ce qui rend l'engagement à long terme du secteur privé vital pour une croissance durable.   

"À mesure que la numérisation s'accélère, le risque de cybermenaces et de violations de données augmente, ce qui souligne la nécessité de mesures de cybersécurité robustes et de collaborations transfrontalières", a déclaré M. Verma.

Arun Bruce, PDG de la société de conseil en gestion TransformationX, basée à Dubaï, a déclaré à Arab News que l'Arabie saoudite devrait renforcer son écosystème de startups pour garantir que le secteur technologique prospère à long terme.   

Il s'est également fait l'écho du point de vue de M. Al-Nahhas selon lequel le Royaume devrait éviter de trop dépendre des technologies internationales et devrait développer des innovations de pointe au niveau local.   

"La scène des startups technologiques en Arabie saoudite est certainement en train de se renforcer, grâce à de nombreux accélérateurs et initiatives gouvernementales, mais elle a encore du chemin à faire pour rivaliser avec les centres de startups mondiaux et régionaux", a expliqué M. Bruce.   

"Alors que l'Arabie saoudite cherche à se développer, il devient important de localiser ses apports technologiques. Des entreprises telles que l'ALAT, soutenue par le PIF, sont certainement en train d'amener le Royaume dans la bonne direction", a-t-il conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les exportations de dattes saoudiennes augmentent de 15,9% en 2024 pour atteindre 451 millions de dollars

L'Arabie saoudite compte environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays. (SPA)
L'Arabie saoudite compte environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays. (SPA)
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  • Les exportations de dattes de l'Arabie saoudite ont connu une augmentation de 15,9% en glissement annuel en 2024
  • L'Arabie saoudite, qui compte plus de 33 millions de palmiers, soit environ 27% du total mondial, possède environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays

RIYAD : Les exportations de dattes de l'Arabie saoudite ont connu une augmentation de 15,9% en glissement annuel en 2024, atteignant 1,695 milliard de riyals saoudiens (451,7 millions de dollars), selon des données récemment publiées par le Centre national pour les palmiers et les dattes.

La même année, le Royaume a produit plus de 1,9 million de tonnes de dattes, soulignant son rôle important dans l'industrie mondiale des dattes, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

L'Arabie saoudite, qui compte plus de 33 millions de palmiers, soit environ 27% du total mondial, possède environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays, ce qui renforce encore sa position de leader mondial dans la production de dattes.

Selon Market Research Future, le marché mondial des dattes devrait passer de 120 millions de dollars en 2023 à 220 millions de dollars en 2032, avec un taux de croissance annuel composé de 5,22%.

"Les dattes saoudiennes ont connu une expansion notable sur les marchés mondiaux, atteignant les consommateurs dans 133 pays. La valeur des exportations représente une augmentation de 15,9% par rapport à 2023", lit-on dans un communiqué de l’Agence de presse saoudienne, soulignant que les dattes saoudiennes ont connu une expansion notable dans toutes les régions du monde. 

"Cette croissance est attribuée aux efforts soutenus visant à améliorer la qualité des dattes saoudiennes et à élargir leur présence sur le marché mondial, soulignant l'importance croissante du secteur des palmiers et des dattes dans le soutien de l'économie nationale et la diversification des flux de revenus", a conclu le communiqué. 

L'industrie des dattes du Royaume a connu une transformation remarquable depuis le lancement de Vision 2030 en 2016 - une initiative stratégique visant à diversifier l'économie non pétrolière de l'Arabie saoudite.

Selon des données récentes, la valeur des exportations de dattes saoudiennes a bondi de 192,5% au cours des huit dernières années, reflétant un taux de croissance annuel composé impressionnant de 12,7%.

Cette trajectoire ascendante souligne les progrès continus de l'Arabie saoudite pour s'imposer comme un acteur clé du marché mondial des dattes, tout en mettant en évidence le rôle croissant du secteur dans la contribution à la sécurité alimentaire mondiale.

Le succès du secteur peut être attribué au soutien inébranlable des dirigeants du Royaume, qui reconnaissent l'industrie des palmiers et des dattes comme une pierre angulaire du patrimoine et de l'identité culturelle saoudiens.

Ce soutien est complété par les efforts de collaboration des producteurs, des exportateurs et des agences gouvernementales qui s'efforcent de rationaliser les processus d'exportation et d'étendre la portée des marchés internationaux grâce à des partenariats stratégiques avec le secteur privé.

L'importance culturelle et économique des dattes est symbolisée par l'inclusion d'un palmier dattier flanqué d'épées croisées dans l'emblème national saoudien. Symbole de l'hospitalité arabe et élément essentiel de la vie quotidienne des Saoudiens, ce fruit a une signification profondément enracinée dans le Royaume.

Ces dernières années, une série d'initiatives locales et internationales ont contribué à augmenter la valeur marchande des dattes saoudiennes. En particulier, la création du Centre national des palmiers et des dattes et du Conseil international des dattes, qui réunit 11 pays producteurs de dattes, témoigne du rôle crucial joué par le Royaume dans l'élaboration de l'avenir de l'industrie mondiale des dattes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com