Attentat de Bruxelles: deux Tunisiens mis en examen à Paris et écroués

Des supporters suédois au stade Roi Baudouin à Bruxelles le 16 octobre 2023, après une « attaque » qui a visé des citoyens suédois dans une rue de Bruxelles. (Photo, AFP)
Des supporters suédois au stade Roi Baudouin à Bruxelles le 16 octobre 2023, après une « attaque » qui a visé des citoyens suédois dans une rue de Bruxelles. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 24 octobre 2023

Attentat de Bruxelles: deux Tunisiens mis en examen à Paris et écroués

  • L'attaque à Bruxelles, à l'arme de guerre, a coûté la vie à deux Suédois - un septuagénaire et un sexagénaire - qui étaient allés soutenir leur équipe nationale de football en Belgique
  • L'attentat a rapidement relancé le débat sur les moyens de la justice belge et les défauts de surveillance des profils radicalisés

PARIS: L'enquête sur l'attentat perpétré le 16 octobre à Bruxelles avance à Paris où deux Tunisiens, domiciliés en région parisienne, ont été mis en examen lundi soir par un juge français, les investigations devant encore préciser leurs liens avec l'assaillant.

Ces deux hommes ont été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et pour complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, puis placés en détention provisoire, a indiqué mardi le Parquet national antiterroriste (Pnat) à l'AFP.

Ils sont Tunisiens, âgés d'une quarantaine et d'une cinquantaine d'années, ont ajouté des sources proches du dossier. D'après les premiers éléments de l'enquête, "ils ne se connaissent pas", a souligné une troisième source.

Contacts téléphoniques et veste 

L'attaque à Bruxelles, à l'arme de guerre, a coûté la vie à deux Suédois - un septuagénaire et un sexagénaire - qui étaient allés soutenir leur équipe nationale de football en Belgique.

L'attentat a aussi fait un blessé, un Suédois de 70 ans. Ce dernier "est toujours en train de se faire soigner à l'hôpital" en Belgique, a indiqué mardi à l'AFP le ministère suédois des Affaires étrangères.

Le 17 octobre, une enquête a été ouverte à Paris à la suite d'informations "transmises par les autorités judiciaires belges", a précisé le Pnat.

Quatre personnes "susceptibles d'être en lien avec l'auteur de l'attentat" avaient été arrêtées jeudi dans deux départements de l'ouest de la France et en région parisienne. Deux des quatre gardes à vue ont été levées.

Le quadragénaire mis en examen, qui "vit depuis près de vingt ans en France", "conteste formellement" les accusations, a assuré son avocat, joint par l'AFP.

"Il n'a rien à voir avec l'attentat", a déclaré Me Souleymen Rakrouki. L'assaillant, Abdesalem Lassoued, un Tunisien radicalisé de 45 ans, "est un ami qu'il connaissait depuis longtemps, dont il n'avait pas vu signe de radicalisation. Jamais il n'aurait pu imaginer un tel passage à l'acte".

Les enquêteurs s'intéressent notamment aux échanges que cet homme, domicilié et interpellé dans le Val-de-Marne, "a pu avoir quelques temps avant avec l'assaillant" et "après" l'attentat, a indiqué l'une des sources proches.

Selon Le Parisien, qui a révélé l'existence de ces contacts, ils ont échangé par messages vocaux durant le week-end précédant l'attentat, notamment sur le match de football entre les sélections belge et suédoise. Un autre contact téléphonique, après l'attaque, aurait duré "une ou deux minute(s)".

Me Rakrouki n'a pas souhaité s'exprimer sur le fond du dossier.

Par ailleurs, "une veste qui ressemble" à celle portée par l'assaillant a été trouvée lors d'une perquisition chez le quinquagénaire mis en examen, ont précisé à l'AFP deux sources proches du dossier.

Ses avocats, Pierre-Henri Baert et Louise Hennon, n'ont pas souhaité commenter, soulignant toutefois "l'état de santé préoccupant de leur client" au moment de sa présentation au juge d'instruction lundi.

Les investigations "se poursuivent pour préciser les liens" des deux mis en examen avec l'assaillant, a souligné le Pnat.

Abdesalem Lassoued a été abattu le 17 octobre par la police belge.

Fiasco judiciaire en Belgique

L'attentat a rapidement relancé le débat sur les moyens de la justice belge et les défauts de surveillance des profils radicalisés.

Après trois vaines tentatives depuis 2011 en Norvège, Suède et Italie, Abdesalem Lassoued avait été débouté d'une demande d'asile en Belgique et était visé depuis 2021 par un ordre d'expulsion qui n'a jamais été exécuté.

Après l'attentat, le gouvernement belge avait critiqué le manque de coopération de certains pays d'origine pour reprendre leurs ressortissants déboutés de l'asile: une défense mise à mal par la révélation d'une demande d'extradition venue de Tunis.

Abdesalem Lassoued était en effet visé depuis plus d'un an par une demande d'extradition de la Tunisie, où il avait été condamné en 2005 à 26 ans de réclusion avant de s'évader en janvier 2011.

Cette demande, reçue par les autorités belges en août 2022, n'a pas été traitée par le magistrat compétent du parquet de Bruxelles: un manquement rendu public le 20 octobre par le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne qui a aussitôt démissionné.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".