CEDH: Ankara sévèrement condamné pour la détention du leader pro-kurde Demirtas

Le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan  et le président de la Cour européenne des droits de l'homme. (AFP)
Le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président de la Cour européenne des droits de l'homme. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 décembre 2020

CEDH: Ankara sévèrement condamné pour la détention du leader pro-kurde Demirtas

  • «La Cour constate plusieurs violations de la Convention (européenne des droits de l'homme) et ordonne la libération immédiate»
  • Droits à la «liberté d'expression», à la «liberté et à la sûreté», à des «élections libres» ou encore à la «limitation de l'usage à la restriction des lois»

STRASBOURG : Un «but inavoué» : «étouffer le pluralisme». Dans un arrêt cinglant, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour la détention depuis 2016 du leader pro-kurde Selahattin Demirtas, dont elle a exigé la libération «immédiate».

«La Cour constate plusieurs violations de la Convention (européenne des droits de l'homme) et ordonne la libération immédiate» de M. Demirtas, ancien candidat à la présidentielle turque et l'un des principaux rivaux du président Recep Tayyip Erdogan, indique dans un communiqué la juridiction paneuropéenne, qui a statué sur ce dossier dans sa plus haute instance, la Grande chambre.

Droits à la «liberté d'expression», à la «liberté et à la sûreté», à des «élections libres» ou encore à la «limitation de l'usage à la restriction des lois»... Au total, l'arrêt épingle pas moins de cinq violations de la Convention, un traité international signé par les États membres du Conseil de l'Europe, dont la Turquie, et qui vise à protéger les droits humains et les libertés fondamentales.

M. Demirtas a réagi sur son compte Twitter, géré par ses avocats: «Le verdict a confirmé que tous les jugements à mon encontre (et contre mes amis) depuis six ans avaient des buts politiques, que nous sommes innocents et que ceux qui nous ont mis en prison ont commis des crimes en ourdissant des complots politiques contre nous».

«Ce verdict confirme aussi que le système judiciaire turc a été détruit par le pouvoir», a-t-il écrit à ses 1,8 million d'abonnés. «Ce verdict ne m'a pas réjoui. Car je ne suis pas le seul à payer le prix de la destruction du droit et de la démocratie, nos 83 millions de concitoyens en payent le prix de la manière la plus dure».

 Purges massives

Ancien député, Selahattin Demirtas est emprisonné depuis novembre 2016, quelques mois après le putsch manqué de juillet contre M. Erdogan : accusé par Ankara de «terrorisme», cet ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-Kurde) risque jusqu'à 142 années de prison.

En juin dernier, la Cour constitutionnelle turque avait déjà jugé que la détention de M. Demirtas constituait une violation de ses droits. En septembre 2019, un tribunal turc avait même ordonné sa libération, mais l'opposant était resté en prison en raison d'une ancienne condamnation pour »propagande terroriste».

Soupçonné par ses détracteurs d'avoir utilisé la tentative de putsch de juillet 2016 pour organiser des purges massives, M. Erdogan a accusé à plusieurs reprises le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Deuxième force d'opposition au parlement, le HDP a été fortement touché par les arrestations menées après ce coup d'État manqué.

Dans son communiqué, la CEDH, qui avait déjà demandé en vain sa libération en 2018, considère «établi» que la privation de liberté subie par M. Demirtas, notamment pendant les campagnes du référendum du 16 avril 2017 et de l'élection présidentielle du 24 juin 2018, «poursuivait un but inavoué, à savoir celui d'étouffer le pluralisme et de limiter le libre jeu du débat politique, qui se trouve au cœur même de la notion de société démocratique».

«Pas un cas isolé»

La CEDH souligne encore le manque «d'éléments de preuve» démontrant un «lien clair» entre les discours de M. Demirtas et les infractions «terroristes» qui ont, selon Ankara, motivé sa détention.

L'arrêt épingle aussi la réforme constitutionnelle controversée du 20 mai 2016 destinée à lever l'immunité des députés visés par des procédures judiciaires. Elle avait suscité l'inquiétude, en Turquie et en Europe, sur l'avenir des élus pro-kurdes, qui s'estimaient alors ciblés.

Après cette réforme, «seuls les députés des partis d'opposition, à savoir le CHP et le HDP, ont été privés de leur liberté et/ou condamnés», relève la CEDH, qui a condamné à plusieurs reprises Ankara pour des arrestations et détentions abusives après le coup d’État manqué.

Pour la CEDH, «les décisions relatives au placement et au maintien en détention provisoire (de M. Demirtas) ne sont pas un cas isolé», mais «semblent suivre une certaine constante».

La Cour a octroyé à Selahattin Demirtas un total de 60 400 euros à divers titres.

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".