VIENNE: Les ministres des Affaires étrangères britannique et allemand ont appelé l’Iran à cesser toute intensification de ses activités nucléaires.
« J'ai clairement indiqué que l'Iran ne doit pas mettre en œuvre les extensions récemment annoncées de son programme nucléaire », a écrit le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab sur Twitter lundi, ajoutant qu’ « une telle mesure compromettrait les possibilités de progrès espérés en 2021 ».
Pour sa part, son homologue allemand Heiko Maas a appelé Téhéran à ne pas « rater la dernière opportunité » que constitue la prise de fonctions d'un nouveau président à Washington en s'adonnant à « des manœuvres tactiques ».
Ces déclarations sont intervenues alors que les signataires de l'accord sur le nucléaire iranien ont déclaré lundi « vouloir répondre positivement » à la « perspective d'un retour des Etats-Unis » autour de la table, les Européens invitant l'Iran à ne pas « compromettre » l'avenir.
Les ministres des Affaires étrangères européens, chinois, russe et iranien se sont retrouvés pour tenter de calmer le jeu dans l'attente de la nouvelle administration américaine, alors que l'Iran s'éloigne toujours plus de ses engagements.
Cette réunion est restée virtuelle pour cause de pandémie.
« Les ministres ont convenu de poursuivre le dialogue (...) et ont pris acte de la perspective d'un retour des Etats-Unis, soulignant qu'ils étaient prêts à y répondre de manière positive dans le cadre d'un effort conjoint », selon un communiqué commun.
La prise de fonction de Joe Biden est considérée comme riche en promesses, tant il s'est montré déterminé à sauver l'accord (appelé JCPOA), après tous les efforts de l'administration Trump d'y mettre fin.
« Il faudra qu'Etats-Unis et Iran reviennent en conformité et il faudra un séquençage réaliste et raisonnable pour que ça marche. Il va falloir monter une séquence où chacun montrera non seulement de bonnes intentions mais aussi des gestes », a relevé à cet égard une source diplomatique européenne.
Le dossier iranien connaît de nouveaux soubresauts depuis l'assassinat fin novembre d'un physicien nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh. Dans la foulée de cette attaque attribuée à Israël, l'aile la plus dure à Téhéran a promis une riposte, fragilisant encore un peu plus l'accord conclu à Vienne en 2015.
Début décembre, Paris, Londres et Berlin ont exprimé leur « profonde préoccupation » face à l'installation de trois nouvelles cascades de centrifugeuses avancées d'enrichissement d'uranium à Natanz (centre de l'Iran).
Les trois pays se sont aussi alarmés de l'adoption par le Parlement iranien d'une loi controversée sur la question nucléaire qui, si elle était promulguée, signerait probablement la mort de l'accord.
Ce texte appelle le gouvernement à nettement renforcer le programme nucléaire et à mettre fin aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Réponse iranienne
Réagissant aux propos des ministres des Affaires étrangères européens, l'Iranien Mohamed Javad Zarif a affirmé sur Twitter lundi soir que « les données commerciales Iran-UE 2014-2019 prouvent que l'Europe a gravement enfreint ses obligations ». La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne « partagent la responsabilité avec les États-Unis pour les dommages irréparables causés aux Iraniens », a-t-il estimé.
« Les ‘démocraties’ ne peuvent pas demander à l'Iran de violer la législation parlementaire », a encore ajouté le ministre iranien des Affaires étrangères. « L'Iran annulera rapidement les mesures correctives prises en réponse au retrait illégal des États-Unis et aux violations flagrantes des règles par les Européens lorsque les États-Unis et les Européens s'acquitteront de leurs obligations ».