Le ministre de l'Environnement ainsi que plusieurs cadres de ce ministère et des Douanes tunisiennes ont été placés en détention préventive dans le cadre d'une affaire de déchets importés d'Italie, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Au total 23 personnes ont été interpellées, a indiqué à l'AFP Jabeur Ghnimi, porte-parole du tribunal de première instance de Sousse (est), chargé du dossier.
Elles sont accusées notamment de «la formation d'une bande de malfaiteurs», «falsification et usage de documents falsifiés» et «participation dans l'importation interdite de déchets dangereux», a-t-il précisé.
Selon le code pénal, ces responsables encourent jusqu'à l'emprisonnement à vie.
Parmi les personnes interpellées figure le ministre de l'Environnement Mustapha Aroui – démis de ses fonctions dimanche – et un directeur à l'Agence nationale de recyclage des déchets (Anged), a ajouté M. Ghnimi.
Selon la même source, le chef du cabinet du ministère de l'Environnement ainsi que d'autres directeurs au sein de l'Anged et de l'Agence nationale de protection de l'Environnement (ANPE), des cadres de la douane et le propriétaire d'un laboratoire privé sont aussi en détention préventive.
Le propriétaire de la société tunisienne Soreplast, «en état de fuite depuis le début de l'affaire», est aussi réclamé par la justice, a signalé M. Ghnimi, en référence à l'entreprise qui a importé les déchets.
Les douanes tunisiennes ont saisi en juillet des dizaines de conteneurs de déchets ménagers venus d'Italie, déclenchant des soupçons de corruption, l'importation de ces déchets jugés «dangereux» étant interdite par la législation tunisienne.
Soreplast avait importé les déchets quelques semaines seulement après que cette société en sommeil eut relancé ses activités, avec pour seule autorisation de recycler des rebuts plastiques industriels destinés à l'export.
Preuve du caractère tentaculaire de l'affaire, le porte-parole à Sousse a ajouté que 10 autres personnes devaient comparaître lundi devant un juge d'instruction, dont l'ex-ministre de l'Environnement Chokri Belhassen, d'autres responsables de ce ministère et de la douane ainsi que la consule de Tunisie à Naples (sud de l'Italie), Baya Abdelbaki.
«Cette affaire montre qu'il y a de grands lobbies de corruption», a commenté Hamdi Chebâane, expert en valorisation des déchets et membre d'une coalition d'associations «Tunisie Verte».
Selon lui, le ministère de l'Environnement a subi d'importantes pressions d'hommes d'affaires ces dernières années pour permettre l'importation de déchets, mais «c'est la première fois» qu'une telle affaire est dévoilée.