KABOUL : Des hommes armés ont assassiné lundi un journaliste afghan dans la ville de Ghazni, dans l'est du pays, le troisième meurtre d'un reporter ces deux derniers mois dans un pays en proie à la violence.
Rahmatullah Nekzad a été tué près de chez lui, alors qu'il se rendait à une mosquée, par des hommes armés d'un pistolet muni d'un silencieux, a précisé à l'AFP Ahmad Khan, le porte-parole de la police dans la province de Ghazni.
Les assassinats ciblés de journalistes, personnalités politiques et défenseurs des droits sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan, en proie à une hausse des violences malgré les négociations de paix entre le gouvernement et les talibans.
Aucun groupe n'a revendiqué le meurtre du journaliste, et les talibans ont nié toute responsabilité.
Rahmatullah Nekzad, qui approchait les 50 ans, a travaillé pour l'agence américaine Associated Press depuis 2007 et également pour la chaîne qatarienne Al Jazeera, selon le Comité pour la protection des journalistes afghans (Afghan Journalists Safety Committee, AJSC).
Il était marié et père de six enfants.
«L'AJSC condamne vivement les meurtres en série de journalistes afghans», a réagit l'association, selon qui sept journalistes ont été tués dans le pays depuis le début de l'année.
L'Afghanistan est l'un des pays les plus dangereux de la planète pour les journalistes, selon l'ONG Reporters sans frontières.
Le président afghan Ashraf Ghani a condamné une «attaque terroriste» dans un communiqué. «Les attaques contres les civils, les établissements publics et les journalistes sont des attaques contre la liberté d'expression et un crime contre l'humanité», a-t-il ajouté.
Malalai Maiwand, une présentatrice de télévision et activiste, avait été tuée avec son chauffeur début décembre à Jalalabad (est), une attaque revendiquée par l'organisation jihadiste Etat islamique.
Et le mois dernier, Aliyas Dayee, un journaliste de Radio Liberty, avait péri dans un attentat à la voiture piégée non revendiqué à Lashkar Gah (sud).
Une partie de la violence que connaît le pays depuis plusieurs mois est le fait des rebelles talibans, qui espèrent en tirer un avantage dans les négociations de paix avec le gouvernement ouvertes en septembre à Doha et actuellement suspendues jusqu'à début janvier.
La province de Ghazni est l'objet d'affrontements entre les talibans et les forces gouvernementales, et plusieurs attaques ont eu lieu récemment, tuant des dizaines de civils et militaires afghans.