Les nations doivent unir leurs efforts pour lutter contre la crise climatique

Pour prendre les bonnes mesures en matière de climat, deux niveaux de coopération doivent être mis en place en même temps: régional et mondial. (Photo, AFP)
Pour prendre les bonnes mesures en matière de climat, deux niveaux de coopération doivent être mis en place en même temps: régional et mondial. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 30 septembre 2023

Les nations doivent unir leurs efforts pour lutter contre la crise climatique

Les nations doivent unir leurs efforts pour lutter contre la crise climatique
  • Si les gouvernements du monde entier s'unissent et prennent des mesures efficaces, nous avons encore la possibilité de freiner, voire de résoudre cette crise environnementale
  • Le Moyen-Orient est l'une des régions du monde les plus vulnérables aux effets du changement climatique

Les dernières évaluations scientifiques mettent en évidence le fait que nous devons agir de toute urgence face à la crise climatique. C'est ce que les scientifiques ont démontré au début de l'année dans un rapport publié par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). «Une action climatique efficace et équitable permettra non seulement de réduire les pertes et les dommages subis par la nature et les populations, mais aussi d'obtenir des avantages plus larges», souligne Hoesung Lee, le président du Giec.

La lutte contre le changement climatique a été l'un des principaux thèmes abordés lors d'un sommet de haut niveau qui s'est tenu en marge de l'Assemblée générale des nations unies à New York la semaine dernière. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un avertissement sévère dans son discours d'ouverture du sommet «Ambition climat»: «L'humanité a ouvert les portes de l'enfer. L'horrible chaleur a des effets terribles. Les récoltes sont emportées par les inondations devant les yeux d’agriculteurs désemparés. Des températures étouffantes engendrent des maladies. L'action en faveur du climat est dépassée par l'ampleur du défi.»

Si les gouvernements du monde entier s'unissent et prennent des mesures efficaces, nous avons encore la possibilité de freiner, voire de résoudre cette crise environnementale. Mais si la communauté internationale n'aborde pas la crise climatique avec le caractère d'urgence qu'elle mérite et ne prend pas de mesures significatives, la situation sur cette planète ne sera pas durable et ne fera que devenir plus dangereuse et plus instable.

Le fardeau est tombé de manière disproportionnée sur les pays à faible revenu qui ont le moins contribué au problème.

Majid Rafizadeh

Cela signifie que, lorsqu'il s'agit de lutter contre la crise climatique, certaines des mesures les plus importantes à prendre sont les suivantes: réduire les émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des infrastructures efficaces qui diminuent les émissions; parvenir à des émissions nettes nulles; établir des calendriers pour chaque pays et s'engager à éliminer progressivement les combustibles fossiles; aider les pays les plus pauvres à utiliser des énergies propres et à construire des infrastructures renouvelables et économiser l'eau. Le monde est de plus en plus confronté au stress hydrique ou à la pénurie d'eau, la demande étant souvent supérieure à l'offre dans certaines régions.

Le problème du changement climatique est qu'il affecte de manière disproportionnée certaines régions et certains pays, qui ne figurent pas parmi ceux qui contribuent le plus à la crise climatique. Malheureusement, les pays en développement, les classes socio-économiques inférieures, les personnes âgées, les femmes et les enfants subissent de manière disproportionnée l'impact des pertes et des dommages causés par le changement climatique.

Selon une étude récente réalisée par une équipe du Dartmouth College, le réchauffement climatique causé par cinq pays seulement – les États-Unis, la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde – a entraîné une perte économique de 6 000 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro). Et ces pertes n'auraient pas été subies de manière égale, le fardeau retombant de manière disproportionnée sur les pays à faible revenu qui ont le moins contribué au problème.

Certaines régions du monde sont plus vulnérables que d'autres aux effets du changement climatique. Le Moyen-Orient, en particulier, sera malheureusement dévasté par la crise climatique si elle n'est pas traitée de manière adéquate. Une situation due à l'environnement sec ou semi-sec de la région. La semaine dernière, le Premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Sudani, a déclaré à juste titre à l'Assemblée générale des nations unies que le Moyen-Orient serait à l'avant-garde d'une «catastrophe environnementale» si la communauté internationale ne prenait pas les mesures qui s'imposent.

Pour agir, deux niveaux de coopération doivent être mis en place simultanément: le niveau régional et le niveau mondial.

Majid Rafizadeh

L'une des conséquences du changement climatique est la hausse des températures observée dans le monde entier. Et les températures au Moyen-Orient et en Afrique du Nord augmentent presque deux fois plus vite que dans d'autres parties du monde, selon un rapport de 2022 du Centre de recherche sur le climat et l'atmosphère de l'Institut chypriote et de l'Institut Max Planck pour la chimie. Des pays comme l'Irak, la Syrie, la Jordanie et l'Iran ont également connu une désertification importante.

La pénurie d'eau constitue un autre problème critique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord qui a été, au moins en partie, causé par le changement climatique. Cette région est déjà considérée comme la plus pauvre en eau du monde. M. Al-Sudani a poursuivi en lançant un avertissement: «Nos deux fleuves (le Tigre et l'Euphrate) sont exposés au plus fort des effets de la sécheresse résultant du changement climatique. Il est urgent de préserver les droits sur les ressources en eau et les bassins fluviaux internationaux». Selon le ministère irakien des Ressources en eau, l'Euphrate pourrait être complètement asséché d'ici à 2040.

À long terme, si certains des dommages causés par le changement climatique, tels que la pénurie d'eau et le manque de ressources agricoles, continuent de s'aggraver en Irak ou dans d'autres pays du Moyen-Orient au point d'épuiser les ressources en eau douce, cela se répercutera sur la sécurité nationale et la stabilité politique.

Pour agir, deux niveaux de coopération doivent être mis en place simultanément: le niveau régional et le niveau mondial. Les pays du Moyen-Orient devraient mettre en place un système de coordination régionale afin d'atteindre plusieurs objectifs. Il s'agit notamment de travailler ensemble et de s'aider mutuellement à supprimer les émissions de gaz à effet de serre, de fixer des échéances pour l'élimination progressive des combustibles fossiles dans chaque pays et de soutenir les nations au cas par cas, en particulier celles qui connaissent des difficultés financières, dans leur transition vers les énergies propres et dans la construction d'infrastructures d'énergies renouvelables. Mais il est également essentiel que tous les pays, en particulier les pays développés, prennent des mesures. Cela signifie que les pays en développement et les pays les plus pauvres ont besoin d'aide pour s'adapter à la crise climatique et y faire face.

En un mot, le changement climatique exige une action immédiate afin d'éviter des dommages irréversibles à la planète. Le Moyen-Orient est l'une des régions du monde les plus vulnérables aux effets du changement climatique. La coordination à l’échelle régionale et mondiale est indispensable pour faire face à cette crise environnementale critique.

 

Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. X: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com