FONTEVRAUD-L'ABBAYE: Des oeuvres de Toulouse-Lautrec et Degas, présentées aux côtés d'antiquités égyptiennes et de précieux objets d'art africain: le nouveau musée d'art moderne de Fontevraud, livré vendredi, propose aux visiteurs un parcours éclectique dans le cadre exceptionnel de l'abbaye où repose Richard Coeur de Lion, près d'Angers.
« Ce mélange d'époques, ce mélange de styles, ce voyage à travers tous les continents, il va y en avoir pour tous les goûts », s'enthousiasme Bruno Retailleau qui a initié le projet lorsqu'il était président de la région Pays de la Loire.
« Cet éclectisme est un atout », fait valoir l'homme politique au sujet de la collection de Martine et Léon Cligman. Le couple, qui vit à Paris, a rassemblé au fil des ans plus de 500 oeuvres, datant de 2.000 ans avant JC pour les plus anciennes et produites dans les années 1960 pour les plus récentes.
« Les biens immatériels, les oeuvres de l'esprit sont essentiels à notre vie sociale », souligne M. Retailleau. Les visiteurs, précise-t-il, ne pourront pas venir à partir du 19 décembre, comme prévu initialement, mais seront les bienvenus à Fontevraud dès que la situation sanitaire le permettra.
Le musée rassemble des peintures, dessins et sculptures. Il permet également de découvrir l'histoire de l'Abbaye royale inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, ainsi que la vie des époux Cligman, un industriel et une artiste qui ont donné leur collection privée à l'Etat et à la région.
« C'est une abbaye qui dans sa dimension est assez exceptionnelle à l'échelle européenne; ensuite, c'est une nécropole des souverains anglais; donc, de fait, on a un public ici qui est à forte connotation britannique », résume Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques qui a réhabilité les lieux.
Construite à partir du XIIe siècle, l'abbaye a été transformée en prison en 1814 et l'univers carcéral est très présent dans l'architecture du musée où le choix du mobilier et de l'éclairage a été étudié avec beaucoup de soin.
Rodin, Delaunay et jumeaux ibeji
Le bâtiment du musée a « un côté très austère, très brut, qui était très intéressant à exploiter pour nous », explique Christophe Batard. Près de l'édifice se trouvent l'église où repose Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre de 1189 à 1199, et sa mère, Aliénor d'Aquitaine, ainsi qu'un restaurant étoilé.
Le musée n'est organisé ni en fonction des époques ni de la géographie car les oeuvres viennent des cinq continents, mais, au fil des salles, de magnifiques pièces sont mises en valeur.
On peut notamment admirer un autoportrait d'Henri de Toulouse-Lautrec, peint en 1884, un buste de Balzac réalisé par Auguste Rodin, une toile de Robert Delaunay et des antiquités trouvées sur l'île de Chypre comme dans l'archipel des Cyclades.
Les amateurs d'Egypte ancienne et d'art premier seront fascinés par plusieurs masques funéraires qui sont exposés non loin de statuettes de jumeaux ibeji du Nigeria.
« Né de la générosité de Martine et Léon Cligman,(...) ce nouveau musée est un remarquable témoignage de l'enrichissement des collections publiques par une collection privée », souligne la ministre de la culture, Roselyne Bachelot-Narquin, dans la brochure présentant le projet.
Aujourd'hui âgés de 100 ans et 88 ans et mariés depuis six décennies, Martine et Léon Cligman ont expliqué avoir « voulu rendre à la France ce qu'elle nous a donné ».
Lui a fait fortune dans le domaine du textile avec des usines implantées à Tours, Angers ou Cholet. Elle est artiste et fille d'un couple de collectionneurs: Pierre et Denise Lévy qui sont à l'origine du musée d'Art moderne de Troyes (Aube).