PARIS: Dix mois de prison avec sursis ont été requis vendredi à Paris contre Idriss Sihamedi. Le fondateur de l'association BarakaCity récemment dissoute par le gouvernement, qui était jugé pour le harcèlement en ligne de l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui.
Le jugement sera prononcé le 15 janvier.
Idriss Sihamedi, de son vrai nom Driss Yemmou, comparaissait pour avoir publié sur son compte Twitter, entre le 23 et le 30 septembre derniers, plus de 80 messages ciblant la journaliste, connue pour son combat contre l'islamisme. Zineb El Rhazoui n'assistait pas à l'audience.
Les tweets révélaient de nombreux éléments de sa vie privée, dont le nom, la profession et la photo de son mari ou la première lettre du prénom de sa fille de 4 ans.
Se présentant comme «un lanceur d'alerte», Driss Yemmou a expliqué au tribunal que son intention était de lancer «un débat contradictoire». «J'ai des infos que personne a. Je dois les partager», s'est justifié le prévenu. L’association BarakaCity a été dissoute fin octobre pour sa proximité supposée avec l'islam radical.
Les tweets incriminés ne contenaient «ni menaces, ni insultes», a relevé le tribunal, mais presque tous dénonçaient une femme «imbue de sa personne», sa «cupidité», sa «fourberie déconcertante», la surnommant «la plus grande lâcheté de ce pays».
Les messages de M. Yemmou, souvent accompagnés du hashtag #BalanceZinebElRhazoui, ont été repris en masse et l'un de ses 41.000 abonnés a publié l'adresse privée de Mme El Rhazoui qui vit sous protection policière depuis les attentats de janvier 2015.
«M. Yemmou a attaqué Zineb parce qu'elle est tout ce qu’il combat, une apostat de l'islam. C'est l'horreur absolue pour les islamistes», a plaidé l'avocat de la journaliste, Me Thibault de Montbrial.
«En s'en prenant à elle, Driss Yemmou savait qu'il allait déchaîner une meute sans ignorer que peut-être quelqu'un pourrait dire: on va se la faire», a-t-il ajouté.
Pour Me Montbrial, sa cliente a été «terrorisée» par une campagne qui n'est pas sans rappeler celle ayant conduit à la décapitation de Samuel Paty.
M. Yemmou a été dans «une stratégie de provocation opportuniste», a affirmé de son coté la procureure. Les tweets incriminés visaient «une personne et non une idée».
Les avocats du prévenu ont plaidé quant à eux la relaxe, estimant que le cyber-harcèlement n'était pas avéré. «On ne peut pas caractériser cette infraction», ont-ils dit, défendant «la liberté d'expression», qui «parfois peut heurter».
M. Yemmmou doit être jugé pour des faits similaires en février à Evry, pour avoir expédié plus d'une centaine de tweets à la chroniqueuse de RMC Zohra Bitan.