Charlie Hebdo: le directeur s'interroge sur les limites de la liberté d'expression

La une du 20 Octobre de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. (AFP)
La une du 20 Octobre de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 18 novembre 2020

Charlie Hebdo: le directeur s'interroge sur les limites de la liberté d'expression

  • « Le Charlie Hebdo de 1970 imaginait-il que la parole serait libérée un jour à ce point ? »
  • « Une diarrhée verbale a envahi la planète, et il faut déployer une vigilance surhumaine pour faire le tri (...) entre le vrai et le faux, les harcèlements et les atteintes à la vie privée, les insultes et les menaces de mort »

PARIS : Pour le 50e anniversaire de Charlie Hebdo, Riss, le directeur de la rédaction, s'interroge sur « la liberté infinie de la parole » à l'heure où « une diarrhée verbale a envahi la planète », un « paradoxe » pour l'hebdomadaire satirique  « né d'un acte de censure ».

« Le Charlie Hebdo de 1970 imaginait-il que la parole serait libérée un jour à ce point ? » interroge Riss dans l'éditorial du numéro à paraître mercredi, un « demi-siècle » après le tout premier, un 23 novembre, en réponse à une volonté du gouvernement de faire taire le mensuel Hara Kiri

Ce dernier avait titré, après le décès de De Gaulle à Colombey-les-deux-Églises le 9 novembre 1970, « Bal tragique à Colombey, un mort », une allusion satirique à l'incendie d'un dancing qui avait fait plus d'une centaine de morts ce mois-là. 

Le ministère de l'Intérieur ayant décidé d'interdire l'affichage et la vente aux mineurs du mensuel, son équipe en avait lancé une version hebdomadaire – Charlie Hebdo, un clin d'oeil au général – pour contourner cette quasi-interdiction.

Charlie Hebdo, « qui revendiquait une plus grande liberté de parole », poursuit Riss, « se retrouve aujourd'hui au milieu d'une cacophonie d'opinions innombrables » notamment sur les réseaux sociaux. 

« Une diarrhée verbale a envahi la planète, et il faut déployer une vigilance surhumaine pour faire le tri [...] entre le vrai et le faux, les harcèlements et les atteintes à la vie privée, les insultes et les menaces de mort », souligne le dessinateur.

« En cinquante ans, on est passé d'un extrême à un autre, d'une société frileuse où l'information était surveillée du coin de l'œil par le pouvoir à une société ultra-médiatique où n'importe qui peut dire n'importe quoi publiquement, sans aucune réserve ni la crainte d'aucune sanction », déplore-t-il.

« Il est donc paradoxal qu'un journal comme Charlie Hebdo se retrouve aux côtés de ceux qui voudraient réguler cette liberté infinie de la parole », ajoute Riss.

« Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, Charlie n'a jamais contesté l'idée qu'il existe des limites et que la liberté d'expression [...] ne peut justifier de propager la violence, le racisme ou le fanatisme », souligne-t-il. 

« Ce n'est pas la quantité immense des opinions qui sert la liberté d'expression, mais la qualité de ce qu'on publie grâce à elle », estime Riss, invitant à « réfléchir avec son petit cerveau » avant « d'ouvrir sa grande gueule ». 

« C'est le minimum de respect qu'on doit à la liberté d'expression », conclut-il.

Ce 50e anniversaire survient à un moment particulier pour le journal, en plein procès des attentats qui ont décimé sa rédaction en janvier 2015, et qui fait l'objet de nouvelles menaces depuis la republication des caricatures de Mahomet le 2 septembre.

Le numéro de mercredi, qui retrace les tentatives de censures connues depuis la création du journal, ironise dans sa une sur le temps qu'il faudra à la sphère religieuse pour « se décoincer », en montrant des représentants du christianisme, du judaïsme et de l'islam pleurer de rire à la lecture d'un exemplaire de Charlie sans dessins.

 


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
Short Url
  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
Short Url
  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
Short Url
  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).