France: l'auteur de l'attentat raté du Thalys en 2015 reconnaît l'ensemble des faits

Un croquis de salle d'audience réalisé le 16 novembre 2020 montre les accusés, de gauche à droite: Ayoub El Khazzani, Mohamed Bakkali, Bilal Chatra et Redouane El Amrani Ezzerrifi assis sur le quai du palais de justice de Paris. (AFP)
Un croquis de salle d'audience réalisé le 16 novembre 2020 montre les accusés, de gauche à droite: Ayoub El Khazzani, Mohamed Bakkali, Bilal Chatra et Redouane El Amrani Ezzerrifi assis sur le quai du palais de justice de Paris. (AFP)
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Publié le Mardi 17 novembre 2020

France: l'auteur de l'attentat raté du Thalys en 2015 reconnaît l'ensemble des faits

  • A bord d'un train Thalys Amsterdam-Paris, El Khazzani était sorti des toilettes, torse nu, kalachnikov en bandoulière, après avoir écouté un chant jihadiste sur son téléphone et vérifié que sa caméra marchait bien, pour diffuser une vidéo de l'attaque
  • « Vous reconnaissez les faits pour l'ensemble, pas seulement pour les Américains ? »

PARIS : Il était monté dans le train Thalys Amsterdam-Paris armé d'une kalachnikov avec près de 300 munitions: au premier jour de son procès devant une cour d'assises spéciale, le Marocain Ayoub El Khazzani a reconnu lundi qu'il comptait commettre un attentat avant d'être maîtrisé par des passagers.

« Vous reconnaissez l'ensemble des faits ? », lui demande le président en début d'après-midi. « Oui, l'ensemble », répond Ayoub El Khazzani, 31 ans, chemise en jean bleue ouverte sur un t-shirt blanc, cheveux noirs attachés en petit chignon. 

Pendant la matinée, le président de la Cour est longuement revenu sur la journée du 21 août 2015 et la préparation de cet attentat, piloté par le coordinateur des attentats du 13 novembre de la même année à Paris, Abdelhamid Abaaoud, avec qui El Khazzani était arrivé en Europe depuis la Turquie. 

A bord d'un train Thalys Amsterdam-Paris, El Khazzani était sorti des toilettes, torse nu, kalachnikov en bandoulière, après avoir écouté un chant djihadiste sur son téléphone et vérifié que sa caméra marchait bien, pour diffuser une vidéo de l'attaque comme le lui avait demandé Abaaoud, rappelle le président. 

Il avait tiré au pistolet sur un passager qui lui avait arraché sa kalachnikov, le blessant gravement, avant d'être maîtrisé par d'autres, dont deux militaires Américains en vacances. Aux enquêteurs, il avait expliqué que ses cibles désignées étaient les Américains uniquement, assurant qu'il savait qu'ils étaient militaires malgré leur tenue de vacanciers.

« Vous reconnaissez les faits pour l'ensemble, pas seulement pour les Américains ? », insiste le président, visiblement étonné. 

« Oui, oui », répond El Khazzani, qui tient à s'exprimer en français, ne faisant appel aux interprètes que ponctuellement.

Interrogé pendant l'après-midi sur son parcours avant l'attentat, il a raconté son enfance au sein d'une fratrie de six au Maroc, où son père tenait un club d'athlétisme, avant d'émigrer en Espagne. 

El Khazzani, 18 ans, se met à consommer de la cocaïne et vendre de la drogue à Madrid, et est arrêté plusieurs fois. Il découvre ensuite la religion via son frère aîné, qui sera expulsé d'Espagne « pour des propos virulents anti-Occident », souligne le président.

« Un autre monde »

Le jeune homme vivra ensuite de petits boulots en Espagne, puis rejoindra la France début 2014, et la Belgique. 

En mai 2015, il décide de rejoindre l'État islamique en Syrie. Sur plusieurs points, sa version change par rapport aux précédentes, collant désormais à celle des enquêteurs. Non, il n'a pas dormi dans la rue à Bruxelles avant de partir en Syrie : il était chez sa sœur. 

« Pourquoi aviez-vous menti ? », demande plusieurs fois le président. « J'étais dans un autre monde, j'ai menti sur tout », dit-il en balayant l'air de la main. 

Plus tard, le président l'interroge sur ses relations avec ses trois co-accusés. 

Bilal Chatra, qui avait joué le rôle d'éclaireur sur la route des migrants entre la Turquie et l'Allemagne pour El Khazzani et Abaaoud, venu piloter la cellule djihadiste depuis la Belgique ? « C'est pas un ami, à la base on ne se connaît pas », dit El Khazzani.

Redouane El Amrani Ezzerrifi, accusé de l'avoir aidé à passer de Turquie en Grèce ? « Jamais croisé ». 

Et Mohamed Bakkali, le logisticien présumé des attentats du 13-Novembre, accusé d'avoir convoyé Abaaoud, El Khazzani et Chatra, ce qu'il conteste ? « Jamais vu ».

Selon les enquêteurs, l'attaque du Thalys s'inscrit dans une série d'attaques djihadistes projetées depuis la Syrie et coordonnées par Abaouud : celle, avortée, contre une église de Villejuif, en région parisienne, perpétrée en avril 2015 par Sid-Ahmed Ghlam, récemment condamné à la réclusion à perpétuité, les attentats de novembre de la même année à Paris puis ceux du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Les jeunes Américains aujourd'hui ex-militaires de 28 ans, célébrés à l'époque en héros et qui avaient joué leur propre rôle dans un film de Clint Eastwood, seront entendus à partir de jeudi. L'audition en visioconférence du réalisateur américain de 90 ans, prévue pour lundi prochain, reste à confirmer.

Le procès, qui doit durer jusqu'au 17 décembre, s'ouvre dans un contexte de forte menace terroriste en France après trois attentats successifs en un mois.

 

 


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».