Coup d’envoi de la Menart Fair 2023 à Paris: une centaine d’artistes et 31 galeries internationales

Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes. (Photo, Anne Ilcinkas)
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Publié le Lundi 18 septembre 2023

Coup d’envoi de la Menart Fair 2023 à Paris: une centaine d’artistes et 31 galeries internationales

  • Du 15 au 17 septembre, la Menart Fair invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes originaires du Maroc à l’Iran, en passant par le Liban et le Golfe
  • La scène artistique libanaise est particulièrement à l’honneur dans la foire d’art moderne et contemporain, un tiers des galeristes étant Libanais

PARIS: C’est dans le grand hall lumineux du Palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qu’a pris ses quartiers la 4e édition de la Menart Fair, quittant ainsi l’écrin de l’hôtel particulier de la maison Cornette de Saint Cyr, où se sont déroulées les éditions passées parisiennes.

Du 15 au 17 septembre, la foire d’art moderne et contemporain et de design consacrée à la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) invite à découvrir les œuvres d’une centaine d’artistes originaires du Maroc à l’Iran, en passant par le Liban et le Golfe, présentées par 31 galeries internationales et 6 institutions culturelles. 

Dorian Dumonteil participe pour la première fois à la foire, à l’invitation de Laure d’Hauteville, fondatrice et directrice de Menart Fair. «J’ai saisi cette belle opportunité de présenter quelques œuvres d’Abed al-Kadiri avant sa première exposition solo en France dans ma galerie mi- octobre, comme une introduction de son travail au public français», explique le galeriste parisien. Ce dernier affirme avoir déjà vendu deux des trois dessins de l’artiste libanais, qui explore dans ses œuvres les thèmes de la liberté individuelle et collective, de la migration et de l’appartenance. 

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Dorian Dumonteil, galeriste parisien. (Photo, Anne Ilcinkas)

Pour le galeriste, qui s’intéresse notamment à la scène artistique chinoise depuis 2008, «toutes les zones géographiques se développent avec le temps et chaque artiste s’inspire de sa propre vie et développe sa propre vision de son art. Ainsi, Abed s’est inspiré de la "révolution libanaise" de 2019 pour réaliser ses dessins, dans lesquels on reconnaît le ring (ndlr: théâtre de nombreuses manifestations en 2019) et la statue de l’immigrant située en face du port de Beyrouth».

L’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a complètement détruit la galerie Art on 56th et envoyé sa propriétaire à l’hôpital. Celle-ci a été à deux doigts de mettre la clé sous la porte et de partir, Noha Wadi Moharram a choisi de reconstruire sa galerie. «L’espoir nous a donné le courage de rester et de rouvrir à l’été 2021», raconte-t-elle à Arab News en français.  

Elle participe pour la 2e fois à Menart Fair, mais connaît Laure d’Hauteville depuis 2011, lorsque celle-ci organisait les Beirut Art Fair dans la capitale libanaise. «Cette foire nous apporte de l’exposition, vis-à-vis des collectionneurs privés, mais aussi et surtout des fondations et des musées», explique Noha Wadi Moharram, qui présente les œuvres de 10 artistes, autant d’hommes que de femmes: Wissam Beydoun, Sara Chaar, Zouhair Dabbagh, Mahmoud Hamadani (Iran), Ghylan Safadi, Reem Yassouf, Layla Dagher, Dyala Khodary, Ghada Jamal et Mohammed Omran. 

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Noha Wadi Moharram, galeriste libanaise . (Photo, Anne Ilcinkas)

«C’est toujours intéressant de venir à Paris, de découvrir de nouveaux horizons, cela nous ressource et nous donne une nouvelle énergie», explique-t-elle, avant de poursuivre: «C’est le début de quelque chose de nouveau, d’une nouvelle énergie envers les artistes moyen-orientaux. Avant, seuls quelques artistes étaient reconnus à l’international, comme Chafic Abboud, puis Etel Adnan. Aujourd’hui il y a de la place pour les jeunes artistes», estime-t-elle.

La scène artistique libanaise est particulièrement à l’honneur dans la foire. Un tiers des galeristes sont Libanais et Cheriff Tabet, de la galerie éponyme, estime que malgré la crise économique, sociale et financière qui touche le pays du Cèdre depuis 2020, «le marché de l’art se porte bien au Liban. On n’a pas à se plaindre. On a des ventes. Des artistes travaillent, des jeunes commencent à monter. Au Liban, le pays est petit, les contacts sont faciles. Pour un artiste libanais, l’exil est dur», estime-t-il. 

Le galeriste présente à Menart Fair les travaux du peintre David Daoud et de la sculptrice Mireille Honein, décédée en juin 2022, deux artistes libanais à cheval entre leur pays et la France. «C’est important de pouvoir exporter l’art du Liban», affirme celui qui participe pour la 2e année à Menart Fair. «Nous n’avons pas encore réalisé de ventes, mais nous sentons beaucoup d’intérêt», se réjouit Cheriff Tabet, au tout début de l’ouverture de la foire dont il loue le nouvel emplacement.

En face de lui, sa compatriote Nadine Fayad se réjouit aussi de présenter à Paris les œuvres de Raouf Rifaï, un peintre originaire de Baalbeck, dans le cadre somptueux du Palais d’Iéna. C’est la première fois que la galeriste libanaise participe à Menart Fair, après avoir cependant participé à sa grande sœur, la Beirut Art Fair, en 2019. 

 

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Paul et Diane de la galerie BSL. (Photo, Anne Ilcinkas)

«Je voulais entrer à Paris pour la première fois à travers cette foire», explique-t-elle. «Le Palais est très beau et l'événement attire beaucoup de monde». D’autant plus que Menart Fair, placée sous le parrainage du ministère de la Culture, se tient durant les Journées européennes du patrimoine, événement culturel incontournable de la rentrée. 

Les œuvres de Raouf Rifaï représentent un darwish, avec son tarbouche, sa moustache, ses habits traditionnels de Baalbeck. «J’ai choisi le personnage du darwish car c’est une foire consacrée au Moyen-Orient», explique Nadine Fayad, en précisant que le personnage à déjà beaucoup voyagé dans des expositions à travers le monde, New York, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Dubaï, Le Caire… Interrogée sur la situation du marché de l’art libanais, elle répond que «l’art ne connaît pas la crise car les gens qui aiment l’art achèteront toujours des œuvres d’art. Beaucoup de jeunes collectionneurs commencent leur collection au Liban». Elle constate également beaucoup d’enthousiasme pour l’art libanais qui commence à s’exposer de plus en plus, notamment à Menart Fair. 

En effet, même des galeries parisiennes, sans lien particulier avec le pays du Cèdre, présentent les œuvres d’artistes libanais. C’est le cas de la galerie BSL, qui participe pour la première fois avec des œuvres de design (aussi une première pour Menart Fair) de Nada Debs. 

«Nous avons entamé une collaboration avec Nada Debs en mars 2023», expliquent Paul et Diane de la galerie BSL, située à Saint-Germain des Prés. «Nous sommes allés la voir au Liban car nous apprécions son travail. Et Nada nous a ensuite introduit à cette foire.» La galerie propose notamment sa Carapace Table, une table en marqueterie d’amazonite, onyx et marbre, pour le prix de 45 000 euros hors taxes. 

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Katharina Maria Raab. (Photo, Anne Ilcinkas)

La galerie présente également des œuvres du Libanais Charles Kalpakian et de l’Algérien Taher Chemirik. «Le public est un peu différent de d’habitude», constatent Paul et Diane. «Habituellement, nous avons beaucoup de clients américains. Ici, nous avons vu beaucoup de Libanais très fiers de voir qu’on exposait Nada Debs. Des représentants de l’ambassade d’Algérie en France ont également admiré le travail de Taher Chemirik. Cela nous permet d’avoir d’autres commentaires, d’autres avis.»

Katharina Maria Raab a fait le déplacement depuis Berlin pour montrer le travail des Marocains Mahi Binedine et Hicham Benohoud, de l’Égyptien Ahmed Kamel et de l’Iranien Mostafa Choobtarash. «Laure (d’Hauteville) a découvert le travail de Hicham Benohoud à la foire 1.54, consacrée au continent africain, et m’a invitée à participer à Menart Fair», raconte-t-elle. Elle-même avait eu le «coup de foudre» pour les photographies du Marocain, découvert au Macaal, le musée d’art contemporain de Marrakech, «mélange d’ironie, de critique sociale, de performance, de sculpture, et d’absurdité». À Menart Fair, elle est déjà très heureuse des contacts noués, et de l’engouement du public pour les artistes de la région Mena, qui l’intéressent beaucoup.

Menart Fair ouvre ses portes jusqu’au 17 septembre au Palais d’Iéna, de 11h à 19h et ce vendredi jusqu’à 22h. 

 


Points forts de la conférence «Louder Than Hearts» de l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC

Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
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  • l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs) rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran
  • L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes)

DUBAÏ : L'Institut du Moyen-Orient à Washington DC expose les œuvres de photographes féminines du monde arabe

Tasneem Al-Sultan 

(fournie)
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« La diversité au sein des mariages saoudiens »

La célèbre photographe américano-palestinienne Rania Matar, née au Liban, est la commissaire de l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs), qui rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran, dont elle-même. Cette exposition se tient à l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC jusqu'au 4 octobre. L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes) qui, selon l'Institut, « s'inspire de son propre parcours à travers le mariage et le divorce ».

À travers des images de mariage telles que celle-ci, Mme Al-Sultan « dépeint les structures et les attentes du mariage, y compris les cérémonies élaborées, ainsi que les diverses contraintes sociétales auxquelles les Saoudiennes qu'elle a photographiées ont été confrontées et dont elles ont triomphé » plongeant ainsi dans les complexités des relations et l'interaction entre la tradition et les choix individuels. 

La série a valu à Mme Al-Sultan une reconnaissance mondiale, puisqu'elle a figuré dans la série de photos « Lightbox » du magazine Time et au salon international de la photographie Paris Photo.

Rania Matar

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« Farah (dans sa voiture brûlée) »

La photographie de Matar, selon l'Institut du Moyen-Orient, « capture des moments intimes qui transcendent les frontières et les cultures et explore les thèmes de l'identité personnelle et collective à travers des portraits de femmes aux États-Unis et au Moyen-Orient ».

Cette image fait partie de la série intitulée « Where Do I Go ? Fifty Years Later » (Où dois-je aller ? Cinquante ans plus tard), initiée après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020. Le titre de la série évoque le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise en 2025. La vague d'émigration qui a suivi l'explosion de 2020 « rappelle celle de 1984-85, lorsque de nombreux jeunes, y compris elle-même, ont fui le pays en proie à la guerre ». En photographiant ces femmes, Matar faisait écho à leurs expériences et à leur dilemme de l'immigration, des décennies plus tard.

Rehaf Al-Batniji  

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« Malak »

Cette photo est extraite de la série intitulée « (Chatt) The Beach & (Chatta) The Chili Pepper » de la photographe originaire de Gaza et basée à Paris, Al-Batniji. Ce projet explore « l'anthropologie sociale et culturelle » de sa ville natale. Chatta est un ingrédient majeur de la cuisine palestinienne et « emblématique de Gaza, où les défis de la vie peuvent piquer comme cette épice ardente », tandis que Chatt est « la plage sereine où les habitants cherchent réconfort et évasion de leur réalité quotidienne ».

Le travail d'Al-Batniji, selon l'Institut du Moyen-Orient, « offre un portrait intime du territoire, reflétant les luttes et l'intensité de la vie sous le siège, ainsi que la résilience et la vitalité de ses communautés avec un espoir rafraîchissant. Al-Batniji rejette l'imagerie brutale du conflit et utilise plutôt la couleur comme outil de résistance. »

Carmen Yahchouchi

(fournie)
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 « Victoria »

La photographe libanaise d'origine malienne, Yahchouchi, présente des œuvres de trois de ses séries lors de cette exposition, toutes capturant « l'impact durable de la guerre civile libanaise sur les femmes, et soulignant leur rôle central au cœur du chaos et de la dévastation », selon le support promotionnel de l'Institut du Moyen-Orient. « Son travail offre des aperçus de leur résilience, de leur force et de leur sacrifice alors qu'elles traversaient des périodes tumultueuses de l'histoire, devenant des héroïnes au sein de leurs communautés et familles, tout en assumant de nouveaux rôles dans la sphère publique. » Cette œuvre tirée de sa série « My Mother's Gun » (Le pistolet de ma mère) démontre le talent de Yahchouchi pour capturer « les espaces intimes de l'expérience humaine, invitant les spectateurs dans les mondes uniques de ses sujets. » 

Tanya Habjouqa  

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« Résistance intérieure »

La photographe et journaliste jordanienne, résidant et travaillant à Jérusalem-Est, « allie un sens mordant de l'ironie à un examen implacable des répercussions des conflits géopolitiques sur la vie des gens », selon l'Institut du Moyen-Orient. Cette image est extraite de sa série « Occupied Pleasures » (Plaisirs occupés), qui, selon l'institut, « offre un portrait multidimensionnel de la capacité de l'humanité à trouver la joie au milieu de l'adversité en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, en utilisant un sens de l'humour aiguisé sur les absurdités engendrées par une occupation de 47 ans ».

 


L'Eurovision rattrapée par la guerre à Gaza avec la participation d'Israël en finale

La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
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  • La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays
  • L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques

MALMÖ, Suède : La finale du concours de l'Eurovision de la chanson se dispute samedi à Malmö, en Suède, dans un contexte de tension avivé par la participation de la candidate israélienne, en pleine guerre à Gaza.

Des renforts de police sont venus de tout le pays scandinave mais aussi du Danemark et de Norvège pour assurer la sécurité de l'événement, pour lequel près de 100.000 fans venant de 90 pays sont attendus.

La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays.

Le jeune chanteuse israélienne, Eden Golan, 20 ans, a décroché jeudi soir son ticket pour la finale avec la chanson «Hurricane», dont la version initiale avait dû être modifiée car considérée comme faisant allusion à l'attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Vingt-six pays au total s'affronteront samedi pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition qui avait été suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.

- Appels au boycott -

L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques.

Plus récemment, neuf des participants, dont sept sont en finale, ont appelé à un cessez-le-feu durable à Gaza, où Israël multiplie les frappes.

Israël participe depuis 1973 à l'Eurovision, qu'il a remporté pour la quatrième fois en 2018. «C'est vraiment un honneur d'être ici (...) de nous présenter avec fierté», s'est réjouie jeudi la candidate israélienne qui figurait samedi matin en deuxième place des favoris derrière la Croatie.

Avant la demi-finale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu'Eden Golan avait «déjà gagné», la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté «avec succès une horrible vague d'antisémitisme».

Vendredi, le parti d'extrême gauche espagnol Sumar - dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement - a lancé une pétition pour demander l'exclusion d'Israël de la finale «au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région».

Berlin a répliqué en jugeant que «les appels au boycott contre la participation d'artistes israéliens» étaient «totalement inacceptables», Paris soulignant pour sa part que «la politique n'a pas sa place à l'Eurovision».

- Neutralité -

Mais la neutralité revendiquée par l'UER est bousculée comme jamais.

Mardi, le chanteur suédois Eric Saade était apparu le bras ceint d'un keffieh palestinien. Et vendredi, le représentant des Pays-Bas, Joost Klein, qui avait marqué son désaccord jeudi soir d'être placé à côté de la candidate israélienne, a été privé de répétition générale.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont brièvement interrompu la retransmission jeudi soir pour diffuser un message condamnant des «violations des droits de l'homme par l'Etat d'Israël».

Un geste regretté par l'UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s'exprimer lors du concours l'an dernier, au nom de la neutralité politique.

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1.170 morts, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu'à présent 34.943 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi, près de 12.000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, avaient déjà manifesté à Malmö contre la participation d'Israël.

- «Pas de menace» -

Pour Sally Sadler, une fan britannique, ces rassemblements obscurcissent «un peu» la fête. «Il s'agit avant tout d'unité et de musique. Nous sommes tous ici ensemble, toutes nations confondues, pour l'amour et non pour la haine».

Dans l'enceinte, tout drapeau autre que ceux des participants sont interdits, comme toute bannière à message politique.

«Je pense que tout le monde est en sécurité», a affirmé en conférence de presse Eden Golan. La police suédoise a assuré qu'«il n'y avait pas de menace dirigée contre l'Eurovision». L'été dernier, la Suède a relevé son niveau d'alerte terroriste après des actes de profanation du Coran.

Du côté des festivités, l'édition 2024 offre un large éventail de genres musicaux, de la ballade à l'électro. Malmö, troisième ville de Suède, espère offrir aux fans «the time of their life», comme le chantait Abba, qui avait offert la couronne de l'Eurovision au pays il y a un demi-siècle.

Cette année beaucoup de chansons «traitent de la santé mentale - de nombreux jeunes artistes disent ne pas se sentir bien et lutter avec leur identité» comme c'est le cas de Nemo (Suisse), explique Andreas Önnefors, spécialiste du concours.

Eden Golan a assuré que sa chanson «Hurricane» parlait «d'une jeune fille qui traverse ses propres problèmes, ses propres émotions».

 

- l'exclusion de Joost Klein «disproportionnée»-

Jeudi, lors de la conférence de presse qui avait suivi la demi-finale de la compétition qui se veut apolitique, Joost Klein, 26 ans et les cheveux peroxydés, avait attiré l'attention en marquant son désaccord avec le fait d'être placé à côté de la représentante israélienne Eden Golan. Il avait notamment recouvert ostensiblement son visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.

Son exclusion n'a toutefois rien à voir avec son attitude envers d'autres délégations, a souligné l'UER.

Vendredi, Joost Klein, avait déjà été privé des importantes répétitions générales à la veille de la finale de l'Eurovision.

Interrogée par l'AFP, la police suédoise a confirmé avoir ouvert une enquête pour «intimidation». Le dossier a été transmis au parquet.

Officiellement apolitique, l'Eurovision est cette année bousculée par la guerre à Gaza.

Le diffuseur néerlandais Avrotros juge «disproportionnée» l'exclusion samedi du concurrent néerlandais Joost Klein pour la finale de l'Eurovision, suspendu la veille après un incident sans lien avec la participation controversée d'Israël.

Avrotros a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP trouver la disqualification «disproportionnée» et s'est dit «choquée par la décision» de l'Union européenne de radiodiffusion (UER). «Nous le regrettons profondément et y reviendrons plus tard».

L'UER, qui chapeaute le concours, a expliqué dans un communiqué que la police suédoise enquête sur «une plainte déposée par une femme membre de l'équipe de production à la suite d'un incident survenu après sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir».

«Pendant que la procédure judiciaire suit son cours, il ne serait pas approprié qu'il continue à participer au concours», a indiqué l'organisation rappelant appliquer «une politique de tolérance zéro à l'égard des comportements inappropriés».

Le système de radiodiffusion publique néerlandais NPO a qualifié la décision de «très radicale». «C'est une déception pour les millions de fans de l'Eurovision aux Pays-Bas et dans d'autres pays européens», a-t-il affirmé.

«Nous évaluerons de manière approfondie le cours des événements après le concours Eurovision de la chanson avec Avrotros, l'UER et toutes les autres parties impliquée», a-t-il ajouté.


Zendaya, ado star devenue icône touche-à-tout

L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
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  • A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York
  • Zendaya Coleman est née en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants

WASHINGTON : Du cinéma à la mode en passant par la musique, Zendaya semble exceller en tout. A 27 ans, l'artiste américaine est passée d'ado star à l'une des figures les plus influentes de sa génération.

A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York, grand-messe de la mode et du show-biz.

Elle s'est offert pour l'occasion le privilège de faire deux entrées, avec deux looks différents. Un choix qui n'a pas manqué d'affoler la toile et a été salué par les critiques, habitués à commenter les sorties vestimentaires de celle qui est souvent qualifiée «d'icône de la mode».

Mais ses références ne s'arrêtent pas là. Zendaya devient en 2020 la plus jeune artiste sacrée meilleure actrice dans une série dramatique aux Emmy Awards, à 24 ans, pour son rôle dans «Euphoria». Cette récompense lui revient également en 2022.

Toujours pour ce rôle, elle remporte un Golden Globe en 2023. La même année, elle fait une apparition sur la scène du célèbre festival de musique Coachella, dans le désert californien.

«C'est une icône culturelle en devenir», déclarait en 2022 Denis Villeneuve, réalisateur de «Dune». «Zendaya est intemporelle, et elle peut tout faire».

- Timidité maladive -

Zendaya Coleman naît en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants.

Sa mère cumule un deuxième emploi dans un théâtre d'Oakland. Après s'être essayée au basketball ou encore au football, c'est là que la jeune Zendaya a une révélation.

«Elle me suppliait de l'y amener», se souvenait sa mère en 2021. Sur scène, Zendaya se transforme.

Après quelques pièces de théâtre, ses parents l'accompagnent à Los Angeles pour qu'elle tente sa chance. A 14 ans, elle y décroche un rôle dans la série «Shake It Up» de Disney Channel. A 17 ans, elle sort un album.

Elle fait ensuite ses débuts au cinéma dans des longs-métrages à succès comme «The Greatest Showman» (2017), ou «Spider-Man: Homecoming» (2017), où elle rencontre Tom Holland, avec lequel elle forme aujourd'hui un couple star à l'image discrète, adoré des fans.

Puis la série «Euphoria» et le personnage de Rue, adolescente meurtrie par ses addictions, la consacre comme l'une des actrices les plus prometteuses de sa génération.

Dans le même temps, Zendaya se met en retrait de la scène musicale. En avril, elle a exprimé à demi-mot ses réticences vis-à-vis de cette industrie, mais ne ferme pas la porte à un retour: «Je sortirai peut-être une petite chanson, peut-être».

- «Version acceptable» -

Au-delà de son talent, c'est son image qui séduit. Zendaya «possède un niveau de grâce et d'authenticité qui redonne de l'espoir pour la génération à laquelle elle ouvre la voie», écrivait en 2020 le magazine de mode américain Essence.

L'actrice entretient une image d'humilité et d'engagement. Dès son passage chez Disney dans les années 2010, elle insiste pour l'inclusion d'une famille noire dans la série «Agent K.C», dans laquelle elle joue.

A 21 ans, elle fustige ouvertement les normes de beauté de l'industrie du divertissement. «Je suis la version hollywoodienne acceptable d'une fille noire», tacle celle dont la mère est blanche et le père noir.

«En tant que femme noire à la peau claire, il est important que j'utilise mon privilège, ma position, pour montrer à quel point la communauté afro-américaine est belle», poursuit-elle.

Invitée à collaborer avec le créateur Tommy Hilfiger en 2019, elle choisit un casting de mannequins noires et rend hommage à des figures afro-américaines, comme Bethann Hardison, mannequin et militante.

Zendaya joue également avec les codes de genre dans ses apparitions publiques et apparaît comme une défenseure de la communauté LGBT+.

En 2020, Michelle Obama fait appel à l'influente star - qui cumule aujourd'hui plus de 184 millions d'abonnés sur Instagram - pour inciter les jeunes Américains à s'inscrire sur les listes électorales.

Et la star touche-à-tout pourrait encore élargir sa palette: Luca Guadagnino, qui la dirige dans «Challengers», l'encourage à passer derrière la caméra. Une transition qu'elle sera capable de faire, dit-elle, quand elle aura «gagné en assurance».