«Bahrat», l'autre nom de l'Inde promu par Modi

Narendra Modi a ouvert samedi le G20 de New Delhi derrière une plaque où son pays était identifié comme "Bharat" (Photo, AFP).
Narendra Modi a ouvert samedi le G20 de New Delhi derrière une plaque où son pays était identifié comme "Bharat" (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 10 septembre 2023

«Bahrat», l'autre nom de l'Inde promu par Modi

  • M. Modi recourt généralement, quand il évoque l'Inde, au mot «Bharat» qui remonte aux anciens textes hindous écrits en sanscrit
  • Les hindous constituent l'écrasante majorité des 1,4 milliard d'habitants de l'Inde

NEW DELHI: Le Premier ministre indien Narendra Modi a ouvert samedi le G20 de New Delhi derrière une plaque où son pays était identifié comme "Bharat", soit le plus fort signal à ce jour d'un potentiel changement du nom officiel "India", hérité du passé colonial.

Il y a quelques jours déjà, les invitations au dîner du sommet avaient été adressées aux dirigeants du G20 au nom de la "Présidente du Bharat", provoquant un flot de rumeurs selon lesquelles l'usage officiel du nom anglais du pays serait abandonné.

M. Modi recourt généralement, quand il évoque l'Inde, au mot "Bharat" qui remonte aux anciens textes hindous écrits en sanscrit.

Dans le "Mahabharata", épopée sanskrite de la mythologie hindoue, le fils du roi Dushyant et de Shakuntala s'appelait "Bharat" et le royaume dont il héritait se nommait "Bharatvarsha".

Les hindous constituent l'écrasante majorité des 1,4 milliard d'habitants de l'Inde, mais de nombreuses minorités religieuses, en particulier les plus de 200 millions de musulmans, craignent que Modi ne veuille refaire du pays une nation hindoue.

Selon Zakia Soman, cofondatrice de Bharatiya Muslim Mahila Andolan, une organisation de défense des droits, le changement potentiel de nom est une nouvelle tentative de "polarisation" du gouvernement hindou.

"Cela nous éloigne des vraies questions et des vrais problèmes auxquels sont confrontés les habitants du pays", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Nous avons toujours été à la fois l'Inde et le +Bharat+. En insistant uniquement sur +Bharat+, ils banalisent notre patrimoine et notre héritage."

Colonisation britannique
L'Inde et le Bharat sont les deux noms officiels du pays en vertu de sa Constitution, dont l'article 1 commence par: "L'Inde, c'est le Bharat".

Mais les membres du BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir, ont déjà fait campagne contre l'utilisation du nom "Inde", qui trouve ses racines dans l'Antiquité occidentale et a été imposé par le Royaume-Uni.

Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi s'est en effet efforcé de supprimer les symboles persistants de la colonisation britannique dans le paysage urbain, les institutions politiques et les livres d'histoire du pays aujourd'hui le plus peuplé du monde.

Dans le nord du pays, la ville d'Allahabad, nommée ainsi par le souverain moghol Akbar au XVIe siècle, a été renommée, en 2018, Prayagraj, un nom sanskrit.

Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères, S. Jaishankar, a semblé soutenir l'idée de l'abandon du nom "Inde".

"Bharat" a "une signification, une compréhension et une connotation qui l'accompagnent et qui se reflètent également dans notre Constitution", a-t-il déclaré, cité par le journal Hindustan Times mercredi.

La seule perspective d'un tel changement a suffi à susciter un mélange de réactions offusquées parmi les adversaires de Narendra Modi et de soutiens enthousiastes dans d'autres milieux.

"J'espère que le gouvernement ne sera pas assez stupide pour se passer complètement de l'+Inde+", a ainsi commenté Shashi Tharoor, un responsable du parti du Congrès (opposition), sur X (anciennement Twitter).

"Nous devrions continuer à utiliser les deux mots" et ne pas renoncer à "un nom chargé d'histoire, un nom reconnu dans le monde entier", a-t-il ajouté.

L'ancien joueur de cricket Virender Sehwag s'est au contraire félicité de la perspective d'un tel changement d'appellation et a exhorté le conseil de cricket indien à commencer à mettre "Bharat" sur les uniformes des équipes.

"Inde est un nom donné par les Britanniques (et) il est grand temps de retrouver notre nom d'origine +Bharat+", a-t-il fait valoir.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.