Sainte-Soline: Procès des organisateurs des manifestations interdites

Le prévenu et représentant de la Confédération paysanne Nicolas Girod (2D) s'exprime aux côtés des prévenus et militants des Soulevements de la Terre Benoit Feuillu (3G) et Basile Dutertre (2L), avant le début de leur procès le 8 septembre 2023 à Niort, l'ouest de la France, pour avoir organisé des rassemblements contre les "bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), interdits par les autorités. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Le prévenu et représentant de la Confédération paysanne Nicolas Girod (2D) s'exprime aux côtés des prévenus et militants des Soulevements de la Terre Benoit Feuillu (3G) et Basile Dutertre (2L), avant le début de leur procès le 8 septembre 2023 à Niort, l'ouest de la France, pour avoir organisé des rassemblements contre les "bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), interdits par les autorités. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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Publié le Samedi 09 septembre 2023

Sainte-Soline: Procès des organisateurs des manifestations interdites

  • Tous dénoncent un procès "politique" destiné, selon eux, à museler l'opposition aux "bassines", surnom donné à des réserves d'eau agricoles contestées dans les Deux-Sèvres
  • "Ces procès ne font que renforcer notre détermination", a renchéri devant la presse Basile Dutertre, sur une place de Niort où un important rassemblement de soutien est organisé

NIORT: Le procès des organisateurs des manifestations contre les "bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), interdites par les autorités, se terminera fin novembre, les débats menaçant de s'éterniser jusqu'au bout de la nuit dans un tribunal de Niort surchauffé et transformé en tribune politique.

Après environ huit heures de débat dans une salle non climatisée, où les cahiers tenaient lieu d'éventails, le président du tribunal correctionnel Eric Durrafour a décidé de reporter la fin de l'audience au 28 novembre à 09H00.

Le procureur de la République de Niort Julien Wattebled a donné son aval pour "la sérénité des débats".

Les neuf prévenus - responsables syndicaux ou militants écologistes - ont quitté la salle d'audience pour se diriger vers le centre-ville où les attendaient des militants venus les soutenir avec des flambeaux.

Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines non merci" (BNM), opposant historique à ces réserves d'eau pour l'irrigation agricole, a dénoncé l'"amateurisme" de la justice et un comportement "tellement irrespectueux pour les témoins" qui n'ont pas pu être entendus.

Il est poursuivi pour la manifestation du 25 mars marquée par de violents affrontements avec les forces de l'ordre, comme quatre autres prévenus - Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Benoît Jaunet et Nicolas Girod, représentants de la Confédération paysanne.

Trois d'entre eux répondaient aussi de la manifestation du 29 octobre dernier, ainsi que deux syndicalistes CGT et Solidaires dans les Deux-Sèvres, David Bodin et Hervé Auguin. Ils encourent six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

Sébastien Wyon, de la Confédération paysanne, et Nicolas Beauvillain, de BNM, comparaissaient, eux, pour le vol d'une canalisation lors d'une précédente manifestation en mars 2022, qui est également reproché à Basile Dutertre.

Ce dernier - de son vrai nom Joan Monga - a refusé de répondre aux questions sur ce vol et assuré qu'il n'était "pas l'organisateur de ces manifestations".

"Je ne suis qu'un camarade, que porte-parole d'un syndicat qui s'inscrit dans un collectif, je ne suis en aucun cas un décideur", s'est également défendu Hervé Auguin.

"C'est un procès historique car c'est le procès de l'eau, a lancé Nicolas Beauvillain. Soit vous ferez de nous des lanceurs d'alerte, soit des martyrs de la guerre de l'eau qui a déjà commencé."

Volonté d'intimider 

Seize "bassines" sont programmées, dont celle de Sainte-Soline, la plus grande. Ces retenues creusées dans la terre visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.

Leurs partisans en font une assurance-récolte indispensable à la survie des agriculteurs irrigants (minoritaires au sein de la profession) face aux sécheresses à répétition. Les opposants dénoncent un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" et réclament un moratoire.

Les avocats des prévenus s'interrogeaient unanimement sur les raisons de poursuivre des personnes physiques plutôt que les organisations qu'elles représentent, dénonçant une volonté d'intimider ou de décourager les mouvements sociaux.

Après de premières violences en octobre à Sainte-Soline, la manifestation de mars avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants ont passé plusieurs semaines dans le coma.

Dans un rapport, la Ligue des droits de l'Homme a dénoncé un "usage disproportionné" des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l'ordre.

«Changeons de modèle»

"Le procès que j'appelle de mes vœux, c'est celui des bourreaux de Sainte-Soline, des membres de la chaîne de commandement qui a autorisé l'envoi de 5.000 grenades sur les manifestants de Sainte-Soline", a lancé à la barre Julien Le Guet.

Nicolas Girod, ancien porte-parole national de la Confédération paysanne, est aussi venu "témoigner de la peur" ressentie le 25 mars, "la faute à une gestion de la manifestation par les forces du désordre".

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, venue à Niort vendredi, a dénoncé un "scénario écrit d'avance" par le gouvernement "pour faire porter à nos organisations (...) la responsabilité des graves violences qui ont eu lieu à Sainte-Soline" et incriminé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, "qui devrait être au tribunal aujourd'hui", "puisque c'est lui qui, la veille de la manifestation, a annoncé qu'elle serait extrêmement violente".

Une manifestation de soutien a également rassemblé 2.000 personnes en fin de matinée à Niort selon la préfecture, qui leur a interdit d'approcher du tribunal et autorisé la police à utiliser des drones de surveillance.

"Les mégabassines assoifferont nos enfants", "Changeons de modèle agricole, gardons l'eau dans les sols", pouvait-on lire sur des banderoles.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».