TUNIS: Deux dirigeants du parti islamo-conservateur tunisien Ennahdha, bête noire du président Kais Saied, ont été interpellés mardi soir, près de cinq mois après l'arrestation du chef historique du mouvement Rached Ghannouchi, a indiqué la formation.
Les deux dirigeants arrêtés sont Mondher Ounissi, président par intérim d'Ennahdha depuis l'incarcération de M. Ghannouchi, et le chef de son conseil consultatif, Abdelkarim Harouni, a précisé le parti dans des communiqués publiés sur sa page Facebook.
Les autorités n'ont pas fait le moindre commentaire sur ces arrestations.
Dénonçant ce qu'il considère comme une tentative du pouvoir de "dénigrer le mouvement et ses dirigeants", Ennahdha a affirmé que ces arrestations visaient à détourner l'attention de la grave crise socio-économique que traverse la Tunisie.
Un autre dirigeant d'Ennahdha, Hamadi Jebali, a été entendu mardi par la police en lien avec des nominations dans l'administration auxquelles il avait procédé lorsqu'il était à la tête du gouvernement, avant d'être laissé en liberté.
M. Ghannouchi, 81 ans, avait été arrêté le 17 avril et placé sous mandat de dépôt à la suite de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d'une "guerre civile" si les partis de gauche ou ceux issus de l'islam politique comme le sien, y étaient éliminés.
Le 15 mai, il a été condamné à un an de prison pour "apologie du terrorisme" dans le cadre d'une autre affaire.
M. Ghannouchi est le plus célèbre opposant emprisonné depuis le coup de force du président Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Il dirigeait le Parlement, gelé puis dissous par M. Saied.
Au lendemain de son arrestation, les autorités avaient fermé les bureaux de son mouvement dans tout le pays.
Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres et des hommes d'affaires.
Le président Saied, accusé par l'opposition de dérive autoritaire, a qualifié les personnes arrêtées de "terroristes", affirmant qu'elles étaient impliquées dans un "complot contre la sûreté de l'Etat".
Après son coup de force, M. Saied a fait réviser la Constitution pour instaurer un système ultra-présidentiel aux dépens du Parlement.