L'année scolaire a démarré pour 12 millions d'élèves

Quelque 12 millions d'élèves ont repris lundi le chemin de l'école, pour une rentrée sous le signe des pénuries persistantes d'enseignants malgré la promesse d'un professeur devant chaque classe (Photo, AFP).
Quelque 12 millions d'élèves ont repris lundi le chemin de l'école, pour une rentrée sous le signe des pénuries persistantes d'enseignants malgré la promesse d'un professeur devant chaque classe (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

L'année scolaire a démarré pour 12 millions d'élèves

  • Au total, 6,4 millions d'écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens ont fait leur retour en classe
  • L'interdiction de l'abaya n'a donné lieu à aucun «incident» en ce jour de rentrée

PARIS: Quelque 12 millions d'élèves ont repris lundi le chemin de l'école, pour une rentrée sous le signe des pénuries persistantes d'enseignants malgré la promesse d'un professeur devant chaque classe, un sujet toutefois éclipsé par le débat sur l'interdiction de l'abaya.

"Je crains des absences de professeurs, et je ne crois pas à la promesse de remplacer chaque prof absent", témoigne Stéphanie Athier, 45 ans, venue accompagner son enfant pour sa rentrée en 6e au collège Jean Moulin de Lyon.

Au total, 6,4 millions d'écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens ont fait leur retour en classe, pour la première rentrée de Gabriel Attal, nommé en juillet ministre de l'Education nationale.

Du prix d'achat des fournitures scolaires au poids du cartable qu'il souhaite voir divisé par deux, M. Attal a multiplié les annonces avec la volonté de s'emparer de sujets "concrets".

C'est cependant l'interdiction controversée de l'abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes, qui a dominé ses annonces pour la rentrée.

Au total, 513 établissements ont été "identifiés comme potentiellement concernés par cette question", et "des personnels formés sur les questions de laïcité" y ont été "positionnés", a précisé lundi le ministre sur RTL.

L'interdiction de l'abaya n'a donné lieu à aucun "incident" en ce jour de rentrée, a assuré de son côté la Première ministre Elisabeth Borne, lors d'un déplacement dans une école élémentaire d'Ille-et-Vilaine.

«Truc purement politique»

Les parents, eux, sont divisés quant à cette mesure. "C'est une bonne chose. L'école est laïque", tranche Deborah Aubry, mère d'élèves en 6e et lycée, devant le collège Charles-Rivière d'Olivet, près d'Orléans.

A l'inverse, Zine El Abiddine Fellah, père de deux garçons en 6e et en 3e à Marseille, estime que l'abaya est "un truc purement politique", et que le gouvernement serait mieux inspiré de répondre aux "problèmes réels qui dérangent vraiment la scolarité et l'accompagnement de nos enfants".

Deux mois après les émeutes, le gouvernement souhaite incarner une ligne de fermeté en matière éducative, que ce soit sur la laïcité ou les savoirs fondamentaux, sur lesquels M. Attal veut "mettre le paquet".

"On sent un climat qui nous inquiète avec des dérives autoritaires et la volonté de mettre au pas élèves et professeurs", a dénoncé lors d'une conférence de presse Clément Poullet, secrétaire général de la FNEC FP-FO.

Si les chefs d'établissements ont salué l'interdiction de l'abaya, de nombreux enseignants jugent que ce sujet ne devrait pas cacher les problématiques réelles du terrain.

La rentrée se déroule en effet à nouveau sous tension en raison d'une crise du recrutement des enseignants - un phénomène qui s'est accentué depuis l'an dernier - avec cette année plus de 3 100 postes non pourvus aux concours enseignants.

Macron pour une «tenue unique» à l'école

Le chef de l'Etat, qui avait choisi de faire sa rentrée scolaire sur la chaîne du youtuber HugoDécrypte, a répondu pendant une heure quarante à tous les sujets qui interpellent moins et plus de 18 ans.

Sur le port de l'uniforme à l'école, qui enflamme les débats d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, il s'est dit favorable à des "expérimentations" et une "évaluation", en se prononçant plutôt pour une "tenue unique", "beaucoup plus acceptable pour les adolescents".

"Sans avoir un uniforme, on peut dire 'vous vous mettez en jeans, tshirt et veste'", a fait valoir le président, toujours très présent et à l'offensive sur les sujets éducatifs.

La tenue unique "peut paraître un peu moins stricte d'un point de vue disciplinaire" tout en réglant le problème de la "laïcité" et "l'idée qu'on se fait de la décence", a-t-il souligné.

«Garderie»

Gabriel Attal a affirmé lundi soir dans l'émission Quotidien sur TMC que "a priori, la rentrée cette année s'est passée plutôt dans de meilleures conditions que l'année dernière parce qu'il y avait moins de postes à pourvoir après le concours".

Il a toutefois nuancé: "évidemment on pouvait avoir des difficultés ici ou là. Dans le premier degré, très peu de difficultés, dans certaines disciplines, au collège ou au lycée, ici ou là il peut manquer encore des enseignants", a-t-il concédé.

Le président Emmanuel Macron avait réaffirmé vendredi que la promesse d'"un professeur devant chaque classe" à la rentrée serait "tenue". Il compte pour cela notamment sur le "pacte enseignant", qui doit permettre aux professeurs d'effectuer de nouvelles missions, dont des remplacements de courte durée en collège et lycée, en échange de nouvelles rémunérations.

Mais pour Sylvie Lalanne, 53 ans, mère d'un élève de seconde à Bordeaux, "ce sera de la garderie et pas de la pédagogie", si les profs remplaçants ne sont pas formés pour la bonne matière.

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées), "les premiers retours du terrain font état de postes non pourvus et d'effectifs trop élevés, y compris dans des collèges d'éducation prioritaire". Son syndicat a lancé un appel à témoignages d'enseignants sous le hashtag #LaRentréeEnVrai.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.