Le chef de l'armée rentre au Soudan après une visite à Juba, l'ONU réclame un milliard de dollars

Le président du Conseil de souveraineté de transition (TSC) du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane, monte à bord d'un avion à l'aéroport de Port-Soudan, à destination du Soudan du Sud (Photo, AFP).
Le président du Conseil de souveraineté de transition (TSC) du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane, monte à bord d'un avion à l'aéroport de Port-Soudan, à destination du Soudan du Sud (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

Le chef de l'armée rentre au Soudan après une visite à Juba, l'ONU réclame un milliard de dollars

  • Le général Abdel Fattah al-Burhane est rentré au Soudan après une visite lundi à Juba pour «discuter» de la guerre qui ravage son pays
  • Les deux hommes ont discuté «des efforts déployés par les pays de la région, en particulier le Soudan du Sud, pour faire face à la crise»

PORT-SOUDAN: Le général Abdel Fattah al-Burhane est rentré au Soudan après une visite lundi à Juba pour "discuter" de la guerre qui ravage son pays et qui pourrait faire deux fois plus de réfugiés d'ici fin 2023, selon l'ONU, qui réclame un milliard de dollars de plus.

Selon le Conseil de souveraineté, plus haute autorité du Soudan, le général Burhane est arrivé à Port-Soudan, sur la mer Rouge, après avoir été reçu lundi par le président sud-soudanais Salva Kiir, un ancien rebelle contre Khartoum qui a proclamé l'indépendance de son pays en 2011.

Lundi, les deux hommes ont discuté "des efforts déployés par les pays de la région, en particulier le Soudan du Sud, pour faire face à la crise au Soudan", d'après la même source.

Depuis l'indépendance du Soudan du Sud, M. Kiir est devenu le médiateur traditionnel sur le Soudan. Selon son ministre des Affaires gouvernementales Martin, Elia Lomuro, il est "la seule personne qui possède une (telle) connaissance du Soudan et peut trouver une solution".

Il s'agit du deuxième voyage à l'étranger du chef de l'armée, dirigeant de facto du pays depuis son putsch en 2021. Le 15 avril, il est entré en guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien allié lors du putsch.

Alors que des rumeurs de négociations à l'étranger pour une sortie de crise se multiplient, le général al-Burhane s'était auparavant entretenu au Caire avec son grand allié Abdel Fattah al-Sissi, rencontré à l'académie militaire durant leur formation.

«Insectes et feuilles» pour nourriture

La guerre a fait 5 000 morts, selon un bilan très sous-estimé, et 3,6 millions de déplacés dans le pays. Plus d'un million de personnes ont aussi fui dans les pays voisins, qui craignent un débordement du conflit.

Le Tchad a reçu le plus gros contingent (plus de 400 000), suivi de l'Egypte (287 000) et du Soudan du Sud (248 000).

En mai, l'ONU réclamait déjà des fonds pour les aider. Elle n'a reçu qu'un quart de ses besoins. Lundi, elle a demandé un milliard de dollars de plus car "ceux qui arrivent dans les zones frontalières isolées se trouvent dans une situation désespérée".

Beaucoup d'entre eux survivent dans des camps de fortune sans infrastructures ni accès à un abri, de l'eau ou de la nourriture.

Au Tchad par exemple, "certains n'ont pas reçu de nourriture depuis cinq semaines", indique Susana Borges de Médecins sans frontières (MSF).

"Des gens nourrissent leurs enfants avec des insectes, des herbes et des feuilles", déplore-t-elle.

De quoi aggraver la crise sanitaire alors que les humanitaires doivent déjà traiter de nombreux cas de "paludisme, de diarrhées et de malnutrition", dit encore Mme Borges.

Des épidémies, notamment de choléra et de rougeole, se développent parmi les réfugiés et tuent certains d'entre eux, rappelle l'ONU.

"Il est extrêmement bouleversant de recevoir des informations faisant état de décès d'enfants qui auraient pu être évités si les partenaires avaient disposé de ressources suffisantes", alerte le directeur régional du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), Mamadou Dian Balde.

Crimes de guerre: Deux ex-dirigeants pétroliers en procès en Suède

Deux anciens dirigeants d'une compagnie pétrolière suédoise comparaissent mardi devant un tribunal de Stockholm pour complicité de crimes de guerre avec le régime soudanais d'Omar el-Béchir entre 1999 et 2003.

Ce procès, qui intervient après plus de dix ans d'enquête, devrait être le plus long de l'histoire de la Suède puisque les plaidoiries finales sont prévues en février 2026.

Le Suédois Ian Lundin, directeur général (1998-2002) de Lundin Oil, et le Suisse Alex Schneiter, à l'époque vice-président responsable des opérations, devront répondre de l'accusation de "complicité de crimes de guerre".

Multiplication des raids aériens

"La communauté internationale doit être solidaire et s'attaquer au sous-financement persistant des opérations humanitaires", plaide-t-il.

Car les pays d'accueil - Centrafrique, Tchad, Egypte, Ethiopie et Soudan du Sud - hébergeaient déjà des centaines de milliers de déplacés avant la guerre et sont eux-mêmes en prise à de graves crises économiques ou sécuritaires.

Au Soudan même, plus de la moitié des 48 millions d'habitants ont besoin d'aide humanitaire pour survivre, et six millions d'entre eux sont au bord de la famine, préviennent les humanitaires.

A Khartoum, les combats entre l'armée et les paramilitaires, concentrés dans des quartiers densément peuplés, "se sont intensifiés" depuis dimanche avec encore plus "d'échange de tirs d'artillerie et de roquettes", affirment des habitants à l'AFP.

"L'armée de l'air a bombardé (des positions des paramilitaires, NDLR) près du palais présidentiel", assurent d'autres habitants, évoquant des colonnes de fumée s'élevant au-dessus du centre-ville.

Pour la première fois depuis le début du conflit, l'armée de l'air cible désormais des bases des FSR installées au beau milieu de quartiers résidentiels, selon des habitants.

Les violences se sont aussi aggravées à Nyala, chef-lieu du Darfour-Sud, dans l'ouest frontalier du Tchad.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.