Dans l'Est du Soudan en guerre, le trafic d'armes prospère

Des combattants montent à bord d'un véhicule faisant partie d'un convoi militaire accompagnant le gouverneur de l'État soudanais du Darfour lors d'une escale dans la ville orientale de Gedaref, en route vers Port-Soudan, le 30 août 2023. (AFP).
Des combattants montent à bord d'un véhicule faisant partie d'un convoi militaire accompagnant le gouverneur de l'État soudanais du Darfour lors d'une escale dans la ville orientale de Gedaref, en route vers Port-Soudan, le 30 août 2023. (AFP).
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Publié le Jeudi 31 août 2023

Dans l'Est du Soudan en guerre, le trafic d'armes prospère

  • Depuis quatre mois, deux généraux se disputent le pouvoir à Khartoum
  • Dans un grand rire, Wad al-Daou, le nom d'emprunt que s'est choisi ce trafiquant de 63 ans, confirme: "on nous réclame tellement d'armes qu'on ne peut plus répondre à toutes les commandes"

AL-BATANA: "Tu veux une Kalash? Un fusil? Un pistolet?": dans l'Est du Soudan, frontalier de l'Ethiopie et de l'Erythrée, les trafiquants d'armes disent ne plus pouvoir faire face à la demande qui a flambé avec la guerre.

Depuis quatre mois, deux généraux se disputent le pouvoir à Khartoum. Et dans ce pays de 48 millions d'habitants, où les arsenaux ont gonflé au fil de décennies de rébellions, guerres et trafics en tout genre, le prix des armes s'est envolé.

Dans un grand rire, Wad al-Daou, le nom d'emprunt que s'est choisi ce trafiquant de 63 ans, confirme à l'AFP: "on nous réclame tellement d'armes qu'on ne peut plus répondre à toutes les commandes".

Les autorités loyales au général Abdel Fattah al-Burhane, qui dirige l'armée, elles aussi, ont constaté le phénomène: régulièrement, elles affirment saisir des armes "sophistiquées".

Le 10 août, l'agence officielle Suna rapportait même des échanges de tirs entre militaires et trafiquants à bord de deux pick-ups chargés d'armes à Kassala, grande ville de l'Est.

Selon Suna, ces armes étaient en route vers Khartoum et les troupes des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, en guerre contre l'armée depuis avril.

4X4 flambant neuf

En quatre mois de guerre, "il y a eu trois saisies importantes: une au sud du port de Souakin sur la mer Rouge, une autre près de Kassala" et celle du 10 août, indique à l'AFP un responsable des services de sécurité, sous couvert d'anonymat. "Sans compter toutes les autres saisies plus modestes".

Si les saisies sont plus nombreuses, c'est parce que les convois le sont aussi, affirme Wad al-Daou.

"Avant, on recevait une cargaison tous les trois mois, maintenant c'est toutes les deux semaines environ", assure-t-il.

Fin 2022, la Commission gouvernementale en charge de la collecte des armes estimait que "cinq millions d'armes étaient aux mains de citoyens, sans compter celles des groupes rebelles du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu", des Etats du Sud et de l'Ouest du pays où les affrontements entre rebelles, civils et militaires sont fréquents.

Aujourd'hui, assure Salah, qui parle lui aussi sous pseudonyme, le marché des armes est "florissant". Et on y voit "plein de nouvelles têtes", assure le trafiquant qui arrive dans un 4X4 flambant neuf.

Car si la guerre a commencé entre les deux généraux, des combattants de tous bords se sont depuis jetés dans la bataille. Des tribus, groupes rebelles ou comités de défense ethniques ou locaux se sont armés.

Russes, américains, israéliens, iraniens

Il y a quelques jours, une tribu de l'Est a ainsi fait poser des centaines de ses membres, mitrailleuses ou Kalashnikovs en main, dans une vidéo où elle affirmait soutenir l'armée.

Mais pour une telle démonstration de force, il faut de l'argent car aujourd'hui, aux confins du Soudan, de l'Ethiopie et de l'Erythrée, "on vend la Kalashnikov à 1.500 dollars", rapporte Salah, "contre 850 avant la guerre".

D'autres modèles sont disponibles: un M-16 américain coûte 8.500 dollars, le modèle israélien 10.000 dollars, détaille-t-il. Il y a aussi "quelques fusils iraniens".

D'où vient sa marchandise? "Les mitrailleuses et les fusils d'assaut, notamment israéliens qui sont les plus demandés, viennent de la mer Rouge", dit-il, sans plus de détails.

Selon le responsable de la sécurité, les armes et la drogue qui arrivent au Soudan viennent de ce bras de mer entre l'Afrique et le Golfe.

"Des trafiquants profitent de la guerre au Yémen et d'autres de la situation en Somalie pour faire passer des armes dans le sud de la mer Rouge", explique-t-il. "Grâce à des réseaux internationaux de trafic, leur capacité d'action est énorme".

Rebelles et groupes armés 

Au Soudan, tout se passe principalement au sud de Toukar, proche de l'Erythrée, assure-t-il.

Là, les trafiquants profitent "d'une faible présence sécuritaire" le long de la frontière avec l'Erythrée, utilisent "de petits ports isolés et bénéficient de la géographie très accidentée" qu'eux seuls peuvent parcourir avec leurs pick-ups neufs, poursuit ce responsable.

En outre, "la zone frontalière a toujours été un carrefour de vente d'armes du fait de la présence de groupes armés éthiopiens et érythréens en guerre contre leur gouvernement", ajoute-t-il.

Une fois au Soudan, les armes convergent vers la région d'al-Batana, peu peuplée, entre l'Atbara, un affluent du Nil, et le Nil Bleu.

C'est là que Wad al-Daou dit vendre ses cargaisons. Mais à qui ?

A des agriculteurs ou des éleveurs d'al-Batana "dans des régions isolées où il y a peu de forces de sécurité et qui veulent se protéger, surtout depuis que la guerre a éclaté", assure-t-il.

Les responsables gouvernementaux assurent que les armes saisies dans l'Est étaient destinées aux FSR.

Un responsable des FSR dément. "Nous sommes une force régulière" --les FSR ont été intégrées à l'Etat soudanais en 2013-- "nos sources d'armement sont connues et nous ne traitons pas avec des trafiquants", dit-il à l'AFP, sous couvert d'anonymat.

Salah, lui, ne s'encombre pas de détails. "On vend nos armes à des gens à al-Batana. On ne leur demande pas ce qu'ils vont en faire après".


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com