Moins de stars et plus de scandale à la Mostra de Venise

Tapis rouge devant le palais du festival de la Mostra de Venise au Lido.  (Photo Alberto Pizzoli/AFP)
Tapis rouge devant le palais du festival de la Mostra de Venise au Lido. (Photo Alberto Pizzoli/AFP)
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Publié le Dimanche 27 août 2023

Moins de stars et plus de scandale à la Mostra de Venise

  • Le doyen des festivals de cinéma, prisé de Hollywood qui en a fait une rampe de lancement pour ses films avant la saison des prix, est le premier grand rendez-vous du 7e art à faire les frais de la grève historique qui paralyse le cinéma américain
  • La 80e Mostra de Venise, privée des stars des productions américaines, est critiquée pour sa mauvaise parité et sa mise en avant de réalisateurs sulfureux

PARIS  : Privée de vedettes hollywoodiennes en raison de la grève des acteurs, la 80e Mostra de Venise, qui ouvre mercredi, risque de prêter le flanc à la critique après avoir sélectionné des cinéastes polémiques, visés par des accusations d'agression sexuelle, comme Roman Polanski et Woody Allen.

Le doyen des festivals de cinéma, prisé de Hollywood qui en a fait une rampe de lancement pour ses films avant la saison des prix, est le premier grand rendez-vous du 7e art à faire les frais de la grève historique qui paralyse le cinéma américain.

Depuis deux mois, les acteurs ont rejoint les scénaristes dans leur mouvement social, demandant une meilleure rémunération et un encadrement de l'usage de l'intelligence artificielle.

Leur puissant syndicat, le SAG-AFTRA, interdit à tous ses membres, même les plus illustres, de tourner pendant la grève mais aussi de participer à la promotion des films. Sauf surprise, adieu donc au tapis rouge pour les stars des productions américaines sélectionnées, comme Jessica Chastain, Bradley Cooper ou Michael Fassbender.

La Mostra a aussi dû faire une croix sur son film d'ouverture, «Challengers» de Luca Guadagnino, avec Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist, remplacé par une production italienne bien moins glamour.

«Ferrari», de Michael Mann, 80 ans, sera l'un des évènements de la compétition. Ce biopic du fondateur de la marque de bolides, Enzo Ferrari, par l'auteur de «Heat» ou «Collateral», bénéficie d'une dérogation accordée par le syndicat, qui pourrait permettre à ses acteurs, Adam Driver et Penelope Cruz, de participer.

- Polanski ne viendra pas -

Egalement en lice pour le Lion d'Or, remporté l'an dernier par la documentariste Laura Poitras («Toute la beauté et le sang versé»): David Fincher («Seven», Fight Club») ou Sofia Coppola («Lost in Translation», «Virgin suicides»).

La projection hors compétition du dernier film de William Friedkin sera forcément un moment d'émotion, un mois après le décès du réalisateur culte de «L'Exorciste», mais cette sélection se distingue surtout par le retour à l'écran de cinéastes mis en cause dans des affaires d'agressions sexuelles, qu'ils contestent.

Parmi eux, Roman Polanski, 90 ans, vit en Europe à l'abri de la justice américaine qu'il fuit depuis plus de 40 ans après une condamnation pour viol.

Persona non grata à Hollywood, ce grand nom du 7e art («Le Pianiste», «Rosemary's Baby») a vu sa situation basculer en France depuis la polémique autour du César qu'il a obtenu pour la réalisation de «J'accuse».

Il est désormais considéré par une large partie de la profession comme l'un des symboles d'une certaine impunité en ce qui concerne les violences sexuelles et s'est fait très discret.

La Mostra le remet en lumière, grâce à la sélection hors compétition de «The Palace», avec notamment Fanny Ardant et Mickey Rourke, tourné à Gstaad (Suisse). Polanski n'a toutefois pas prévu de venir à Venise, ont indiqué son attachée de presse et le festival.

Les 23 films en lice pour le Lion d'or au festival de Venise

Vingt-trois films sont en lice pour le Lion d'or à la 80e édition du Festival de Venise, qui débute mercredi et dont le palmarès sera dévoilé le 9 septembre. En voici la liste:

BASTARDEN de Nikolaj Arcel avec Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Simon Bennebjerg, Kristine Kujath Thorp, Gustav Lindh (Danemark, 127’)

DOGMAN de Luc Besson avec Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs, Christopher Denham, Clemens Schick, Grace Palma (Francia, 114’)

LA BÊTE de Bertrand Bonello avec Léa Seydoux, George MacKay (France/Canada, 146’)

HORS-SAISON de Stéphane Brizé avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura, Lucette Beudin (France, 115’)

ENEA de Pietro Castellitto avec Pietro Castellitto, Giorgio Quarzo Guarascio, Benedetta Porcaroli, Chiara Noschese, Giorgio Montanini, Adamo Dionisi, Matteo Branciamore, Cesare Castellitto, Sergio Castellitto (Italie, 117’)

MAESTRO de Bradley Cooper avec Carey Mulligan, Bradley Cooper, Matt Bomer, Maya Hawke, Sarah Silverman, Josh Hamilton, Scott Ellis, Gideon Glick, Sam Nivola, Alexa Swinton, Miriam Shor (USA, 129’)

PRISCILLA de Sofia Coppola avec Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Dagmara Dominczyk (USA/Italie, 110’)

FINALMENTE L'ALBA de Saverio Costanzo avec Lily James, Rebecca Antonaci, Joe Keery, Rachel Sennott, Alba Rohrwacher, Willem Dafoe (Italie, 140’)

COMANDANTE de Edoardo De Angelis avec Pierfrancesco Favino, Massimiliano Rossi, Johan Heldenbergh, Silvia D'Amico, Arturo Muselli, Giuseppe Brunetti, Gianluca Di Gennaro, Johannes Wirix, Pietro Angelini, Mario Russo, Cecilia Bertozzi, Paolo Bonacelli (Italie, 120’)

LUBO de Giorgio Diritti avec Franz Rogowski, Christophe Sermet, Valentina Bellè, Noemi Besedes, Cecilia Steiner, Joel Basman (Italie/Suisse, 181’)

ORIGIN de Ava DuVernay avec Aunjanue Ellis-Taylor, Jon Bernthal, Niecy Nash-Betts, Vera Farmiga, Audra McDonald, Nick Offerman, Blair Underwood, Connie Nielsen, Emily Yancy, Jasmine Cephas-Jones, Finn Wittrock, Victoria Pedretti, Isha Blaaker, Myles Frost (USA, 130’)

THE KILLER de David Fincher avec Michael Fassbender, Tilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley, Sophie Charlotte, Sala Baker, Emiliano Pernía, Gabriel Polanco (USA, 118’)

MEMORY de Michel Franco avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Brooke Timber, Merritt Wever, Elsie Fisher, Jessica Harper, Josh Charles (Mexique/USA, 100’)

IO CAPITANO de Matteo Garrone avec Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawagodo, Hichem Yacoubi, Doodou Sagna, Khady Sy, Bamar Kane, Cheick Oumar Diaw (Italie/Belgique, 121’)

AKU WA SONZAI SHINAI (LE MAL N'EXISTE PAS) de Ryusuke Hamaguchi avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ryuji Kosaka, Ayaka Shibutani, Hazuki Kikuchi, Hiroyuki Miura (Japon, 106’)

ZIELONA GRANICA (LA FRONTIERE VERTE) de Agnieszka Holland avec Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Tomasz Włosok, Behi Djanati Atai, Mohamad Al Rashi, Dalia Naous (Pologne/France/République tchèque/Belgique, 147’)

DIE THEORIE VON ALLEM de Timm Kröger avec Jan Bülow, Olivia Ross, Hanns Zischler, Gottfried Breitfuss, David Bennent, Philippe Graber (Allemagne/Autriche/Suisse, 118’)

POOR THINGS de Yorgos Lanthimos avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Ramy Youssef, Christopher Abbott, Suzy Bemba, Jerrod Carmichael, Kathryn Hunter, Vicki Pepperdine, Margaret Qualley, Hanna Schygulla (Royaume-Uni, 141’)

EL CONDE de Pablo Larraín avec Jaime Vadell, Gloria Münchmeyer, Alfredo Castro, Paula Luchsinger (Chili, 110’)

FERRARI de  Michael Mann avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley, Sarah Gadon, Gabriel Leone, Jack O'Connell, Patrick Dempsey (USA, 130’)

ADAGIO de Stefano Sollima avec Pierfrancesco Favino, Toni Servillo, Valerio Mastandrea, Adriano Giannini, Gianmarco Franchini, Francesco Di Leva, Lorenzo Adorni, Silvia Salvatori (Italie, 127’)

KOBIETA Z... de Małgorzata Szumowska et Michał Englert avec Małgorzata Hajewska-Krzysztofik, Joanna Kulig, Bogumila Bajor, Mateusz Wieclawek (Pologne/Suède, 132’)

HOLLY de Fien Troch avec Cathalina Geeraerts, Felix Heremans, Greet Verstraete, Serdi Faki Alici, Els Deceukelier, Maya Louise Sterkendries, Robby Cleiren, Sara De Bosschere (Belgique/Pays-Bas/Luxembourg/France, 103’)

 

- Loin de la parité -

Woody Allen, 87 ans, a vu la quasi-totalité du secteur lui tourner le dos après des accusations d'agression sexuelle de sa fille adoptive, qu'il nie et pour lesquelles aucune des enquêtes menées n'a abouti.

Il présentera son 50e film, «Coup de chance», tourné à Paris en français et qui met en scène Lou de Laâge, Valérie Lemercier, Melvil Poupaud et Niels Schneider.

La Mostra, dont le jury est présidé par le réalisateur Damien Chazelle («La La Land»), verra également le retour en compétition de Luc Besson, avec «Dogman».

Le réalisateur de «Léon» et «Le Cinquième élément», à la carrière en montagnes russes, a vu son horizon judiciaire se dégager fin juin, la Cour de cassation écartant définitivement les accusations de viol portées à son encontre par l'actrice Sand Van Roy.

Alors que les questions de lutte contre les discriminations et les violences sexuelles semblaient progresser ces dernières années dans le milieu du cinéma, dans le sillage du mouvement #MeToo, ces choix symboliques du festival ont suscité la colère de militantes féministes. Le collectif 50/50 dénonce la «visibilité considérable» offerte à ces hommes.

Côté parité, la sélection compte cinq femmes cinéastes pour 19 hommes en lice pour le Lion d'Or décerné le 9 septembre, un trophée qui a été remporté ces trois dernières années par des réalisatrices.


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com