SÃO PAULO: La nouvelle de l’adhésion de six nouveaux membres – dont trois nations arabes et l’Argentine – au groupe des Brics a été accueillie avec joie par les Argentins et les Brésiliens, en particulier par les membres des institutions qui encouragent le commerce avec le monde arabe.
Les deux pays sud-américains entretiennent des liens commerciaux étroits avec les pays arabes et participent à plusieurs projets communs avec certains d’entre eux depuis quelques années. Ils espèrent maintenant que leur participation commune aux Brics permettra d’approfondir leurs relations.
Jeudi, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a annoncé que les Brics, qui ont tenu leur 15e sommet cette semaine à Johannesburg, ont décidé d’inviter six pays à les rejoindre: l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU). L’adhésion à part entière devrait être effective en 2024.
Il s’agit de la première expansion en treize ans du groupe, fondé en 2009 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. L’Afrique du Sud a rejoint l’alliance un an plus tard.
Au cours de la dernière décennie, le bloc a mis en place un certain nombre d’initiatives visant à consolider son importance géopolitique, notamment la Nouvelle Banque de développement et le Fonds de réserve d’urgence des Brics.
Ces actions lui ont donné la réputation d’être non seulement un groupe composé de certaines des économies émergentes les plus importantes, mais aussi une alliance formée des principaux acteurs de ce que l’on appelle les «pays du Sud».
L’inclusion de l’Arabie saoudite et des EAU dans les Brics démontre que les deux pays souhaitent «renforcer leurs relations avec le monde entier», indique à Arab News l’historien Tufy Kairouz, expert des relations entre le Brésil et le monde arabe.
«Cette étape cruciale permettra de rapprocher le Mercosur des pays du Golfe», souligne-t-il, faisant référence au bloc commercial sud-américain créé en 1991. Les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Arabie saoudite ont toujours été importants. En 2022, les importations brésiliennes en provenance d’Arabie saoudite – principalement des produits pétroliers – ont atteint 5,3 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro), et ses exportations vers le Royaume – principalement de la volaille et du bœuf halal, ainsi que d’autres produits de base – se sont élevées à 2,9 milliards de dollars.
Le volume des exportations brésiliennes vers les EAU a également augmenté ces derniers temps, atteignant un niveau record de 3,2 milliards de dollars en 2022. Malgré les difficultés économiques que connaît actuellement l’Égypte, «elle revêt une importance symbolique étant donné son rôle dans le mouvement des non-alignés dans les années 1960 et 1970, et c’est un marché important», explique M. Kairouz. En 2022, les exportations brésiliennes vers l’Égypte se sont élevées à 2,8 milliards de dollars.
«Le fait d’avoir invité ces nations arabes est une initiative majeure des Brics et contribue à améliorer les relations du Brésil avec le monde arabe», déclare à Arab News Ali Saifi, PDG de Cdial Halal, une société de certification halal au Brésil. «Le Brésil est le premier exportateur mondial de produits halal et entretient d’excellentes relations avec la Ligue arabe. Les choses ne peuvent que s’améliorer maintenant que nous serons ensemble dans le même bloc», ajoute-t-il.
M. Saifi souligne que l’Arabie saoudite et les EAU ont des «dirigeants qui ont une vision du développement» et qui s’engagent dans de plus en plus de projets en Amérique du Sud, en particulier dans les domaines de l’énergie verte et des infrastructures. «Le Brésil doit continuer à être un partenaire proche de ces pays», poursuit-il.
Pour l’Argentine, confrontée à des problèmes financiers depuis quelques années, l’adhésion aux Brics n’est pas seulement importante sur le plan géopolitique, mais aussi sur le plan économique, note Mariela Cuadro, experte du Moyen-Orient et des pays du Sud et chercheuse au Conseil national de la recherche scientifique et technique de l’université nationale de San Martín, dans la banlieue de Buenos Aires.
«C’est un bloc qui permet à l’Argentine de nouer des liens avec de nouveaux pays et de consolider son identité en tant que membre des pays du Sud», indique-t-elle à Arab News. Les Brics peuvent également servir de forum où les autorités et les fonctionnaires «pourront se rencontrer face à face et ouvrir de nouvelles possibilités de commerce», ajoute Mme Cuadro.
L’année dernière, les échanges commerciaux entre les EAU et l’Argentine ont atteint 1,8 milliard de dollars. Les exportations argentines vers l’Arabie saoudite se sont élevées à 1,1 milliard de dollars, avec un volume d’importations presque équivalent.
«Les Brics représentent un nouveau paradigme pour la croissance économique et le commerce», explique à Arab News Alfredo Abboud, secrétaire général de la Chambre argentine de commerce et de services pour les EAU.
Il estime que de nouvelles opportunités commerciales seront créées au sein du groupe, «qui rassemble des pays dont le territoire, la population et le produit intérieur brut sont importants et qui sont aussi des producteurs alimentaires de premier plan».
«Je suis très enthousiaste à l’idée d’inclure l’Arabie saoudite, les EAU et l’Égypte. C’est un nouveau scénario mondial et l’Argentine doit en faire partie», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com