ERBIL, Irak : Quatre membres du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK turc, ont été tués jeudi au Kurdistan d'Irak dans une nouvelle frappe de drone turc, a-t-on appris auprès des autorités régionales, quelques heures après une première attaque qui avait fait trois morts dans les rangs de cette organisation. Sept membres du PKK turc, ont donc été tués au total la même journée dans le nord de l'Irak dans deux frappes de drone imputées à Ankara.
«Deux responsables du PKK et deux secouristes du parti ont été tués lors du raid d'un drone de l'armée turque», dans le district de Sidakan, ont indiqué les services antiterroristes du Kurdistan d'Irak. Une première attaque, également imputée à la Turquie, a fait trois morts dans le même district jeudi matin, au moment où le chef de la diplomatie turque était en visite officielle dans cette région septentrionale.
La région autonome du Kurdistan d'Irak, frontalière de la Turquie, est le théâtre depuis début août d'une intensification des raids de drones contre le PKK, qui dispose de bases arrières au Kurdistan d'Irak et est en lutte armée contre l'armée turque depuis 1984.
Jeudi, deux attaques --la première dans la matinée, la seconde en fin d'après-midi-- ont pris pour cible des combattants du PKK, organisation classée «terroriste» par Ankara et plusieurs pays occidentaux.
«Un drone de l'armée turque a ciblé un véhicule du PKK, tuant un responsable et deux combattants», dans le district de Sidakan, non loin de la frontière iranienne, selon les services antiterroristes du Kurdistan d'Irak. Peu après, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a rencontré à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, président de la région autonome, et le Premier ministre du gouvernement régional Masrour Barzani.
«Nous avons réussi à régler cette question (de la lutte contre le PKK, ndlr) une bonne fois pour toutes en Turquie», a déclaré M. Fidan lors d'une conférence de presse conjointe avec Masrour Barzani.
«Aujourd'hui, le PKK se cache en territoire irakien. Nous travaillons avec Bagdad et Erbil pour préserver l'Irak du PKK», a-t-il dit, sans commenter la frappe.
Quelques heures plus tard, une deuxième frappe de drone de l'armée turque sur le district de Sidakan a tué «deux responsables du PKK et deux secouristes du parti», ont ajouté les services antiterroristes, précisant que cette attaque visait «une tente».
- «Organisation terroriste» -
En soirée, le ministre turc a tenu un second entretien avec Nechirvan Barzani, selon la télévision kurde locale Rudaw.
Mardi, au premier jour de sa visite en Irak, le chef de la diplomatie turque a exhorté à Bagdad le gouvernement irakien à «reconnaître le PKK comme organisation terroriste».
L'armée turque ne commente que rarement ses frappes en Irak, mais elle dispose de bases militaires au Kurdistan irakien et mène régulièrement des opérations terrestres et aériennes contre les combattants kurdes turcs.
De longue date, Bagdad et Erbil sont accusées de détourner le regard sur les bombardements turcs pour préserver l'alliance stratégique les unissant à la Turquie, partenaire commercial incontournable. Même si régulièrement des communiqués viennent condamner du bout des lèvres une violation de la souveraineté irakienne et les répercussions pour les civils.
A l'été 2022, des frappes d'artillerie imputées à Ankara contre une aire de loisirs ont tué neuf personnes, principalement des vacanciers venus du sud de l'Irak. La Turquie a nié toute responsabilité et accusé le PKK.
Une visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Irak est prévue dans les prochaines semaines mais la date exacte doit encore être annoncée, selon le gouvernement irakien.